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Les Hivernales fêtent leurs 40 balais !
Avec et autour de Daniel Larrieu, le festival avignonnais se partage cette année entre rétrospective et avenir.
Hiver historique ! Nous avons signalé la belle aventure de Faits d’Hiver, festival parisien qui fête ses vingt ans. Et dès que cette édition se termine, Les Hivernales mettent littéralement les bouchées doubles, en fêtant à Avignon leur 40e anniversaire. Avec une approche bien plus historienne et bien assumée, car après quarante hivers, quarante printemps ou encore quarante « balais », tout le monde atteint la fameuse « crise de la quarantaine ».
Mais les crises sont faites pour mieux rebondir, et Les Hivernales se situent déjà dans l’après-crise. Isabelle Martin-Bridot, la directrice du CDCN et du festival rappelle à juste titre : « Il y a 40 ans, en février 1978, sous l’impulsion d’Amélie Grand naissaient Les Hivernales, une semaine de danse à Avignon. Sa fondatrice allait faire de ce festival un moment incontournable de la danse contemporaine, en menant cette aventure avec une ténacité à toute épreuve. »
La mémoire de la danse
Et de continuer : « Il y a quelque chose de vertigineux à célébrer quatre décennies d’histoire de la danse. » Pour y rajouter un peu, Antoine Le Menestrel arpentera toit et façade de l’Eglise des Célestins, en hommage à Trisha Brown, pour évoquer celle qui, par ses performances sur les toits urbains, détourna l’attention d’Antoine de l’escalade de haut niveau, pour l’intéresser à l’art chorégraphique. Du haut des Célestins, le regard en arrière sera plus troublant encore !
Mais il y a Daniel Larrieu. Et il ne vient pas seulement avec Littéral, pièce par laquelle il ironise sur ses « soixante balais » de vie, mais aussi sur l’histoire de l’écriture chorégraphique. [lire notre critique].
En 1978, quand Amélie Grand créa Les Hivernales, Larrieu n’est pas encore entré dans la danse professionnelle. Mais ce sera pour bientôt. C’est lui qui revient, dans une lecture performative, intitulée Avenir, sur trois décennies de danse contemporaine, sous le prisme de son propre parcours. Et il transmet son solo Emmy, créé en 1993, à un jeune danseur.
La mémoire collective
Pour ne pas imposer à lui seul le poids du temps écoulé, la mémoire est ici l’affaire de tous. Le public a été invité à partager leurs souvenirs du festival et cette mémoire va ressurgir de deux façons. Certains seront inscrits aux murs de la ville, d’autres pourront se dire, lors d’une soirée anniversaire consacrée aux moments clés des Hivernales, soirée animée par la journaliste Rosita Boisseau.
Mais où est donc passée Amélie Grand ? Son regard serait-il trop proche pour témoigner ? Le fait est qu’elle sera présente, pour fêter la sortie d’un double CD de ses chansons, avec ses amis chanteurs et musiciens et Antoine Le Menestrel pour lequel elle a écrit une ballade, La Désescalade. Au-delà de ce titre, de quelle manière évoquera-t-elle la danse dans ses chansons ?
Créations aux Hivernales
Les créations de la 40e édition sont emblématiques de parcours typiques dans le paysage de la danse et sa porosité stylistique actuelle.
Liam Warren, formé à l’école du Ballet National du Canada et aux Pays-Bas, ensuite danseur chez Preljocaj, remarqué pour son solo Absentia aux Hivernales 2017, présente Intersum, une création pour trois danseurs et un grand escalier.
Et Raphaël Smadja, jeune chorégraphe issue du hip hop crée Sheol, un quatuor, dont il partage la paternité avec Cédric Gagneur, formé au Ballet Junior de Genève et auprès de Thomas Hauert.
De leur côté, Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours (Cie Sine Qua Non Art) créent Versus, un duo qui est en fait un solo en recto/verso, pour eux-mêmes en tant qu’interprètes et un important dispositif d’arts plastiques et visuels.
L’actualité chorégraphique
Cette 40e édition propose aussi les dernières créations de Maguy Marin (Deux mille dix-sept, lire notre critique), Jann Gallois (Quintette, lire notre critique), Georges Appaix (What do you think ?, lire notre critique), Eric Oberdorff (Mon Corps palimpseste) et Alexandre Roccoli (Weaver Quintet). Vingt-trois compagnies au total, et aussi les films Mr. Gaga de Tomer Heymann [lire notre interview ] et Opéra de Jean-Stéphane Bron [lire notre critique].
Thomas Hahn
Du 2 février au 3 mars 2018
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