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Biennale du Val-de-Marne : Les spectacles d’avril
Le printemps s’empare de la Biennale de Danse du Val-de-Marne, et inversement. Chronique des réchauffements en perspective, du Dancewalk à Spring forward.
Deux créations très attendues, des parcours en extérieur, les vingt spectacles d’Aerowaves et un bouquet de chorégraphes très confirmés assurent la suite de la 20e édition du plus grand rendez-vous chorégraphique en région parisienne qui se déploie entre le département du Val-de-Marne et Paris. Où, avec les températures qui augmentent, les rendez-vous en extérieur se multiplient.
La marche du printemps
En avril, la Biennale du Val-de-Marne s’offre donc un brin de nature et d’air frais. Deux heures de Dancewalk avec Foofwa d’Imobilité sur la Coulée verte de Villecresnes le 13 avril, et le 14, un après-midi avec Satchie Noro et Silvain Ohl au Domaine national de Saint-Cloud (chaque fois accessible aux Parisiens par une navette du festival). Donc, le samedi, on marche, et le dimanche on regarde, tout en déambulant, trois heures durant, d’une proposition à l’autre:
Un trio de danse-escalade dans une installation instable où chaque mouvement est source d’effondrement (Mind the Gap), des installations plastiques qui deviennent agrès entre les murs d’une bâtisse (Nuage) - d’où ici le partenariat avec Monuments en Mouvement. Et en finale, le formidable dialogue entre Noro et un authentique container industriel qui se met en mouvement et change de forme, défiant sa passagère-habitante (Origami). [ Lire notre interview ]
Spring forward
Mais le défi principal a lieu les 5 et 7 avril quand les vingt spectacles de la promotion 2019 de la plateforme Aerowaves débarquent à Vitry, Ivry et Choisy-le-Roi. Ce réseau de 42 structures chorégraphiques en 33 pays dans l’Union Européenne et au-delà fait tourner chaque année une vingtaine de spectacles censés représenter le renouveau et l’excellence chorégraphiques. Pour l’édition 2019, 790 dossiers ont été reçus. Et chaque année, une structure partenaire accueille, dans le cadre d’une manifestation intitulée Spring forward, les compagnies et les 200 professionnels en quête de sensations fortes pour leur programmation.
Eveil printanier
Six danseurs, dix musiciens et une chanteuse sont réunis sous la direction musicale du chef d’orchestre Jean-Marie Machado et la direction chorégraphique et scénique de Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek pour L’Amour Sorcier autour des Cantos del amor brujo de Manuel de Falla, écrits - aux yeux du chorégraphe - « à une époque où les gens savaient vivre ensemble ». Un spectacle autour d’une histoire d’amour et gitane qui sera créé « pour unir les gens et croire en un avenir meilleur », selon la volonté de Dhaou qui fera évoluer les danseurs autour des musiciens qui occuperont le centre du plateau. Un vrai message pascal en quelque sorte, après deux pièces sur l’individu et la diffraction. « L’optimisme nous revient » confirme-t-il.
Cette montée de sève porte aussi la seconde création, Lady Magma d’Oona Doherty. Où il n’est pas (seulement) question d’amour, mais du corps. Féminin. Où cinq femmes se retrouvent sur un tapis d’épaisses fourrures, dans une ambiance musicale très funky des années 1970, ressuscitant les promesses de volupté et de libération ayant marqué cette époque.
Fabrice Lambert, Joanne Leighton, Alessandro Sciarroni....
D’autres repères de cette édition anniversaire seront les spectacles en tournée, présentés en collaboration avec les théâtres d’accueil: Aujourd’hui sauvage de Fabrice Lambert [ Lire notre critique ], Augusto d’Alessandro Sciarroni [ Lire notre critique ], Näss (Les gens) de Fouad Boussouf [ Lire notre critique ], We were the future de Meytal Blanaru et Blueprint on Memory d’Ann Van den Broek, œuvre ténébreuse et mystérieuse autour de la disparition de la mémoire.
A La Briqueterie, un festival peut en cacher d’autres
Après avoir fait escale un peu partout en Val-de-Marne mais aussi à Paris, par exemple au Regard du Cygne, nouveau partenaire du festival, et au CDCN Atelier de Paris, la Biennale réaffirme que son fief reste La Briqueterie à Vitry-sur-Seine. On y trouve une soirée vidéo-danse en partenariat avec le Festival International de Vidéo-Danse de Bourgogne, la création de Joanne Leighton avec l’écrivaine Camille Laurens, en partenariat avec le festival Concordan(s)e [ Lire notre avant-première ], et la nouvelle création de Christian Ubl, Langues de feu & Lames de fond, deux solos sur les mots de la dramaturge Lucie Depauw, l’un interprété par l’extraordinaire Sandrine Maisonneuve, l’autre par Christian Ubl himself. Les deux ont pour sujet les migrants, dans leur détermination et leur fragilité.
Après quoi, il ne reste plus qu’à se positionner par rapport au printemps révolutionnaire. Pas celui des pays arabes, mais l’autre, espéré, quand les gens chantaient ensemble: El Pueblo Unido Jamas sera Vencido. Tel est le titre, et le questionnement de la dernière création d’Alessandro Bernardeschi & Mauro Pacagnella. Sommes-nous encore capables de nous unir ? On en fera l’expérience sur place, puisque ce spectacle de clôture sera suivi d’une fête avec toute l’équipe de la Briqueterie, sur quelques des DJ sets, bien évidemment.
Thomas Hahn
20e Biennale de danse du Val-de-Marne, du 21 mars au 19 avril 2019
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