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Les Hivernales #45 : L’esprit d’ouverture

Le CDCN Les Hivernales lance l’édition 2023 de son festival autour du nouvel artiste associé : Massimo Fusco. 

Comme chaque année, Les Hivernales commencent par Les HiverÔmomes, série de représentations s’adressant aux scolaires qui sortent en salles comme les grands et voient cette année des tas de propositions qu’on n‘identifierait pas d’emblée comme spectacles pour les mômes. Prenez ZAK Rythmik  d'Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, version allégée du très dynamique Akzak  [lire notre critique]. Ou bien la conférence et le solo de Carole Bordes autour de Matt Mattox, généralement proposés dans les programmations pour le public adulte. 

Quant au Wonderland  de Sylvain Huc, qui entend poser « une réflexion sur la jeunesse et sa capacité à résister aux injonctions », il faut dire que tout ce qui gravite autour d’Alice et son lapin blanc, que ce soit en danse, théâtre ou comédie musicale, s’adresse généralement à tous les âges. Et si Une échappée de Julie Nioche peut être vue dès trois ans, un atelier reprenant des éléments du spectacle implique enfants et parents. Reste La Chambre d’eaux de Marie Barbottin, histoire lue, dansée et signée en LSF poétisant une volonté d’émancipation précoce autour d’une baignoire. Serait-ce vraiment réservé aux enfants ?

 

Les corps sonores de Massimo Fusco

Tout est esprit d’ouverture aux Hivernales, comme le souligne Isabelle Martin-Bridot, directrice du CDCN. Notamment chez Massimo Fusco, mais aussi dans l’acte d’accueillir ce jeune chorégraphe qui navigue entre les disciplines artistiques. Avec sa compagnie Corps Magnétiques, il a essentiellement accompli une œuvre, entre danse et installation participative. Corps sonores est selon Fusco une « expérience immersive entre création chorégraphique et pratiques somatiques », où on s’installe sur des coussins galets et se laisse baigner par des « pastilles sonores » et les interventions du danseur somatique. 

Pour présenter au mieux le nouvel accompagnateur du CDCN, Martin-Bridot lui propose une carte blanche sous forme d’exposition, constituée d’installations vidéo, sonore ou performative, réalisées par des artistes proches travaillant avec lui au sein de Corps Magnétiques. Si Fusco établit son QG au Grenier à sel, son univers s’étend aussi à la Collection Lambert et au Cinéma Utopia, où Marine Chesnais nous amène à la suivre sa rencontre très maritime avec les profondeurs marines et la baleine à bosse. 

Nature et mouvement

Exploratrice maritime, Chesnais a développé un univers chorégraphique de la fluidité, de l’apesanteur et de sensualité aquatique qu’elle décline en un duo féminin, plongeant le public dans l’ambiance du grand bleu, Habiter le Seuil, ensemble. De cette sorte d’aventures en fusion avec la nature et les convives, cette 45édition prévoit toute une série. Le magnifique travail, aussi ciselé que mystérieux, de Christos Papadopoulos dans Larsen C, pièce de groupe inspirée des paysages de la banquise, crée une ambiance hypnotique. Mais les ambiances intimistes du chorégraphe grec sont aussi empreintes des phénomènes de bancs de poissons et essaims d’oiseaux qu’il observait pendant sa jeunesse. 

Un ballet d’oiseaux, c’est aussi ce qu’on peut voir dans Möbius, fresque aérienne et circassienne de Rachid Ouramdane, sa dernière création réalisée avant qu’il ne prenne les rênes du Théâtre National de la Danse, à Chaillot. Il y met en scène la vingtaine de circassiens de la Compagnie XY qui s’envolent, se regroupent ou s’abandonnent, ouvrant sur des sensations refoulées. La même idée, mais à petite échelle est à rencontrer dans La lévitation réelle  de Camille Boitel, un quatuor chorégraphique et circassien pour l’espace public autour du vertige de ne plus pouvoir toucher terre. 

Musiques et gestes

Avec counting stars with you (musiques femmes)  de Maud Le Pladec [lire notre critique], Magnifiques - Une éphémère éternité  de Michel Kelemenis (un hymne à la jeunesse sur le Magnificat de Bach) ou le Karaodance  du Collectif ÈS, au moins trois pièces construisent leurs propos sur des œuvres musicales et Empire of a Faun Imaginary  de Simone Mousset intègre à son tour un travail vocal, sur le  mode du surréel.  D’autres, comme l‘étonnant The Gyre de la compagnie Tumbleweed [lire notre critique], le solo Blast ! de Ruth Childs [lire notre critiqueSweat Baby Sweat  de Jan Martens et quelques autres creusent le pouvoir du geste et l’intimité de la relation à l’autre. 

Revenons aux artistes associés. Massimo Fusco succède dans ce rôle à Nach, qui est accueillie avec sa toute nouvelle création Elles disent, sa première pièce de groupe, un quatuor féminin qui fait tomber les frontières entre sensualité, désir et force chez la femme [lire notre critique]. Dans l’ensemble de cette 45édition qu’il est ici impossible d’évoquer dans son intégralité, 25 équipes artistiques assureront 39 représentations sur 19 jours, du 31 janvier au 18 février. 

Thomas Hahn

45édition des Hivernales  : Du 31 janvier au 18 février 2023

Image de preview : Massimo Fusco - Corps sonores ©  Smarin

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