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Les adieux de Petter Jacobsson et Thomas Caley au Ballet de Lorraine

Les meilleures choses ont une fin. Ainsi, Petter Jacobsson, directeur du Centre chorégraphique national-Ballet de Lorraine et Thomas Caley, son coordinateur de recherche, quittent fin décembre l’établissement qu’ils avaient brillamment dirigé et animé depuis 2011.

Nous pouvons considérer que Petter Jacobsson a été le digne successeur de Jean-Albert Cartier, fondateur en 1978 du Ballet-théâtre français de Nancy, Patrick Dupond, Pierre Lacotte, Françoise Adret et, plus récemment, de Didier Deschamps, actuellement à la tête du festival de danse de Cannes. Il a poursuivi un travail visant à placer la compagnie nancéenne au même niveau, quasiment, que les ballets de l’Opéra de Lyon (que Yorgos Loukos avait fait rayonner et que dirige aujourd’hui Cédric Andrieux), notamment en matière de choix de chorégraphes pour faire progresser les interprètes du Ballet. Pour atteindre cet objectif, Petter Jacobsson et son équipe ont enrichi le répertoire de la compagnie en faisant pencher la balance en faveur du moderne, du postmoderne et du contemporain. Avec Thomas Caley, Petter Jacobsson a cosigné plusieurs œuvres originales et, également, livré leur version personnelle d’une œuvre d’esprit Dada dont il restait peu de traces : Relâche, créé en 1924 par Francis Picabia et Erik Satie pour les Ballets suédois. Ils se sont entourés de collaborateurs de premier ordre, comme le créateur lumière Éric Wurtz. Jacobbson et Caley se sont aussi montrés excellents programmateurs.

Galerie photo : Laurent Philippe

Car programmer est un art. Le duo a alterné ou associé pièces de référence et créations, de genres divers, formats courts et performances parfois plus longues que la moyenne. Quelques exemples restent gravés dans les mémoires : l’entrée au répertoire de Duo (1996) de William Forsythe ; la commande (et le résultat épatant) de Devoted (2015) co-chorégraphié par François Chaignaud et Cecilia Bengolea [lire notre critique des deux pièces] ; la version courte de Relâche livrée en 2022 au musée d’Orsay accompagnée par un orchestre de chambre ; Twelve Ton Rose (1996) de Trisha Brown recréée cette même année par le BdL ; For Four Walls, d’après la pièce de 1944 de Cage-Cunningham restituée dans l’esprit par Jacobsson-Caley ; Rainforest (1968) le must de Cunningham avec les fameux Silver Clouds inspirés par Salvador Dalí à Andy Warhol ; Sounddance (1975), de Cunningham avec le décor de drapés de Mark Lancaster, remarquablement remonté par Thomas Caley et Meg Harper [notre critique] ; Cela nous concerne tous (2017), performance débridée de Miguel Gutierrez créée par la troupe au complet… Sans parler du divertissant Discofoot (2016) signé par le duo Jacobsson-Caley, créé place Stanislas, découvert par nous l’an dernier au Carreau du Temple.

Galerie photo : Laurent Philippe

Pour marquer le coup et officialiser sa prise de congé, Petter Jacobsson offre au public nancéen deux programmes distincts. Une première soirée prendra la forme de carte blanche au Ballet de l’Opéra Grand Avignon, qui présentera D’un matin de printemps, un opus du chorégraphe Emilio Calcagno, flânerie poétique et musicale rehaussée de compositions de Ravel, Messiaen, Fauré, Boulanger, Debussy arrangées par Aurélien Richard. La seconde soirée reprendra CRWDSPCR (1993) de Merce Cunningham qui vient tout juste d’entrer au répertoire du Ballet de Lorraine, Fugitive Archives (2022) de Latifa Laâbissi et Mesdames et Messieurs (2022) de Petter Jacobsson et Thomas Caley, œuvre chorégraphique et musicale des plus festives qui soient [lire notre critique].
Nicolas Villodre

Soirée 1 : D'un matin de printemps le 29 octobre 2024

Soirée 2 : Fugitive Archive, CRWSQPCR, Mesdames et Messieurs du 6 au 10 novembre 2024

Photo de preview : CRWDSPCR de Merce Cunningham par le Ballet de Lorraine © Laurent Philippe

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