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Pôle-Sud : 2019/20, une saison en fête

Pour les 30 ans du CDCN de Strasbourg, la directrice Joëlle Smadja propose un joli bouquet avec un nouveau rendez-vous - au féminin !

Se dire que cela fait trente ans qu’à Strasbourg un pôle artistique défend la danse la plus actuelle… Se laisser inspirer par cette appellation géographiquement paradoxale pour voyager avec les artistes… Car un Pôle-Sud qui se situe à l’est ne peut qu’être une invitation au dépaysement. Et chaque spectacle de danse fait voyager…

Tous horizons confondus...

On en voit donc de toutes les couleurs, au cours de la nouvelle saison, avec quelques très grands voyageurs de la danse, dont ceraines références incontournables et de nouvelles découvertes. Du Japon vient Hiroaki Umeda avec deux solos, dont le nouveau, Median, qui part à la recherche d’un mouvement chorégraphique reflétant le mouvement des cellules visible au microscope.

On verra l’Irlandaise Oona Doherty avec le meilleur de ses créations à ce jour (Hope Hunt & The Ascension into Lazarus), suivie de Salia Sanou avec son nouvel opus Multiple-s [lire notre critique] et des Espagnols si passionnants de La Veronal, la compagnie fondée par Marcos Morau, avec Pasionaria  [lire notre critique] ou encore le Voetvolk de la Belge Lisbeth Gruwez avec The Sea Within [lire notre critique].

On se rapproche donc des contrées françaises ! C’est à Marseille qu’Olga Mesa a transmis son solo fondateur Esto no es mi cuerpo à la danseuse Natacha Kouznetsova. Et c’est dans la région Grand Est (à Strasbourg, Roubaix, Sélestat, Illzach et Sedan - mais aussi au Bénin) qu’Abdoulaye Trésor Konaté a travaillé sur sa nouvelle création, Sucre « an ice cream for a nice crime » entre danse et théâtre, où il revisite l’histoire coloniale à travers l’or blanc. Le voyage, c’est aussi le thème de la création tout public de Thomas Lebrun, Dans ce monde, où il s’amuse de nos différences et de nos stéréotypes culturels [lire notre critique].

La part des CCN

Pas de saison sans (ex-) directeurs ou directrices des CCN français. Voilà donc Lebrun (Tours) mais aussi Christian Rizzo (Montpellier) avec une maison  [lire notre critique], Maguy Marin avec la nouvelle mouture de Ha ! Ha ! et en tant que sujet du film L’urgence d’agir, réalisé par son fils, le cinéaste, comédien et danseur David Mambouch [lire notre critique].

Sans parler de Mathilde Monnier, qui présente son nouveau duo avec La Ribot, où les deux complices sont mises en scène par le jeune prodige du théâtre qu’est Thiago Rodriguez. Ca s’appelle : Please Please Please. Quant à Ambra Senatore (CCN Nantes) se consacre ici au jeune public. Le duo Petits pas s’inspire du quotidien et débouche sur un atelier avec les jeunes et les interprètes, Lise Fassier et Vincent Blanc, animent aussi des ateliers dans les écoles. Senatore propose ensuite un second événement, un bal qui se prépare en collaboration entre danseurs (Senatore et Marc Lacourt) et le public, spécialement invité à venir en famille.

L’Année commence avec elles… et continue avec Extradanse

Le grand rendez-vous qui orchestre la saison de Pole-Sud est le festival Extradanse en mars/avril. Il se lit en cette saison comme un sommet de personnalités d’exception, avec Marco Berettini, Dominique Boivin, Mathilde Monnier/La Ribot, Maguy Marin, Mark Tompkins. L’invitation va ici à d’anciens compagnons de route, pour fêter les 30 ans avec quelques retrouvailles. C’est aussi une collection d’œuvres qui où la danse rencontre le rire, le chant, l’absurde et le texte, comme avec Jean-Baptiste André qui se saisit de ce grand dialogue qu’est Dans la solitude des champs de coton de Koltès, qu’il rencontre entre danse et cirque.

Et à partir de cette saison, Joëlle Smadja ajoute un nouveau temps fort qu’elle place sous le signe du féminin: L’année commence avec elles a lieu en janvier et se lance avec cinq spectacles. Ce nouveau point d’orgue permet à Pôle-Sud d’atteindre la parité entre autrices et auteurs chorégraphiques sur l’ensemble de la saison.

L’année 2020 commence donc avec elles, et il va de soi qu’elles interrogent fortement le rapport des femmes au monde : Fanny Brouyau et Sophie Guisset pour questionner l’émancipation sur un mode tragi-comique, Caroline Allaire pour une leçon d’anatomie imaginaire et Madeleine Fournier qui décline le rapport au corps à travers le fait de labourer la terre et celui de danser la bourrée. Ce sont de nouvelles voix, comme celle de Flora Détraz, entre tableaux grotesques et chansons triviales. Mais il y a une sorte de meneuse de ce renouvellement: L’incontournable Oona Doherty !

Etienne Rochefort, artiste associé

Après plusieurs saisons en compagnie d’Amala Dianor, Pôle-Sud a désormais un nouvel artiste associé, lui aussi issu des danses urbaines. Ce sera, pour les trois saisons à venir, Étienne Rochefort avec sa Cie 1 des Si, chorégraphe déjà remarqué à Pôle-Sud avec Wormhole [lire notre critique]. Ce fut en 2017 et visiblement, le courant est passé. Rochefort cumules les influences des arts graphiques, du cirque, de la magie et du cinéma.

Au cours de la saison, il présente Vestige #1, #2, #3, une série de brèves rencontres entre un danseur et un musicien. Et il prépare une nouvelle création pour cinq danseurs, où la danse croise les théories de l’évolution, pour établir une nouvelle archéologie des corps, jusque dans ses sphères reptiliennes.

Thomas Hahn

Pole Sud, CDCN - Saison 2019/2020

Image de preview : © Laurent Thurin-Nal / Design : Signelazer

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