Le Ballet du Grand Théâtre de Genève au Châtelet

Aujourd’hui dirigé par Sidi Larbi Cherkaoui, le Ballet du Grand Théâtre de Genève, fait la part belle aux œuvres de son chorégraphe-directeur, avec deux pièces majeures.
La première qui s’intitule Ihsane est à la fois un mot et un prénom et signifie « Celui qui recherche la perfection » . C’est aussi et surtout un idéal, difficile à traduire en français et qui caractérise bien les aspirations des danseurs… Avec Ihsane, Sidi Larbi Cherkaoui s’inscrit à la croisée des chemins entre l’Europe et l’Afrique. Cette fois-ci, le rapport père-fils, la culture du Maroc et la ville de Tanger sont au cœur de sa démarche qui s’intéresse également aux mathématiques, à la calligraphie et à la musique.Les interprètes évoluent dans un labyrinthe abstrait à la recherche d’une réponse : comment peut-on être là, les uns pour les autres, en toute humanité.

La seconde (mais dans le programme 2) n’est autre que Boléro, créé en 2016 à l’Opéra de Paris. Grâce aux projections et au sombre miroir qui constitue le dispositif scénique de Marina Abramović, les lumières somptueuses d’Urs Schönenbaum, et les costumes de Riccardo Tisci, ce Boléro est une œuvre globale qui nous projette dans une galaxie gazeuse où tournent des corps humains plutôt que célestes.[lire notre critique].

Dans ce même deuxième programme, les danseurs sont sollicités physiquement, parfois jusqu’à l’épuisement, que ce soit dans STRONG de la chorégraphe Sharon Eyal, dont on connaît le goût pour la prouesse technique des corps poussés dans leurs derniers retranchements, ou Busk d’Aszure Barton une chorégraphe canadienne qui explore les confins des énergies corporelles.

Encore peu connue en France, mais demandée par les plus grands ballets du monde, elle a créé pour Mikhaïl Baryshnikov, ou pour des établissements de formation renommés, dont l’Université Harvard, la Juilliard School. Parmi ses autres travaux, citons la chorégraphie pour la reprise de la production de L’Opéra de quat’sous à Broadway, mise en scène par Scott Elliott, des projets de films et d’installations. Elle a été proclamée ambassadrice officielle de la chorégraphie contemporaine au Canada.
Agnès Izrine
Ballet du Grand Théâtre au Châtelet du 30 mars au 13 avril.