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« La Nuée » de Nacera Belaza

Nacera Belaza poursuit son exploration sur le rythme et le cercle. A voir le 4 avril au Théâtre de l'Agora d'Evry dans le cadre de la Biennale de Danse du Val-de-Marne.

Cette pièce aurait pu s’appeler : Le rythme et le cercle. Réunir les deux, était ici le défi, après avoir travaillé soit sur le cercle (dans L’Onde, entre autres) et une sensation d’élévation, soit sur le rythme et une idée de transe, même si, en l’occurrence, le titre de la pièce était : Le Cercle. Ou bien : Sur le fil. « Le cercle est une force centrifuge et le rythme appelle le sol et la verticalité », analyse Nacera Belaza. Que les deux puissent se contenir l’un l’autre lui est apparu en assistant à un pow-wow, à Minneapolis, aux Etats-Unis. Dans le cercle dansant des Amérindiens, chacun peut suivre son propre rythme. La nuée de laquelle il est question dans le titre se situe peut-être là, dans la communion des individus, des plus jeunes aux plus âgés.

Le corps comme illusion d’optique

Plus que jamais chez Belaza, le lien avec des sphères se situant ailleurs et dans un autre temps se transmettent au public. Le cercle dansé s’inscrit dans un carré de gradins, juste ce qu’il faut pour créer le lien. Un cercle autour du cercle aurait été redondant, voire démagogique. Tout cercle qui se respecte n’a-t-il pas sa quadrature ? La ligne, le cercle et le rythme dialoguent et s’étreignent dans la pénombre, moins radicale que l’obscurité totale annoncée. Ici, ni totalitarisme, ni obscurantisme ! L’une après l’autre les danseuses tournoient, changeant de direction sur des arrêts si furtifs qu’ils sont impossibles à saisir par l’œil, autant qu’il est impossible de se projeter dans le changement de côte sur le ruban de Möbius.

Parfois, quand les corps font augmenter la densité cinétique, non en bougeant plus, mais en accentuant le rythme, l’espace même semble se mettre à vaciller. Ce qui n’est pas un autre effet d’illusion d’optique mais une sorte de vérité venant du pow-wow ou des profondeurs en soi et dans l’univers. De ce cercle il y aurait une ligne à tirer jusqu’au CERN*, vers une accélération des particules, depuis une danse où beaucoup d’images peuvent surgir de la non-image, cette image potentielle qui propose avant tout de vivre une expérience où l’on voit les corps des interprètes se délester de leur poids et se détacher d’un monde écrasé par sa soif d’images et de vitesse. Une évocation finale des oiseaux est la seule idée de nuée, la seule image éventuelle de cet écho lointain du pow-wow. Et c’est parfait.

Thomas Hahn
Spectacles vus les 11 mai 2024, Bruxelles, Kunsten Festival des arts.

A voir vendredi 4 avril à 20h au  Théâtre de l’Agora-Scène nationale de l’Essone dans le cadre de la Biennale de Danse du Val-de-Marne

*Le CERN est le plus grand centre de physique des particules du monde. Situé à Genève, il accueille chaque année plus de 300 000 visiteurs.

 

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