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Nîmes, cité flamenca
Trente années d’émotion ! Trente années de spectacles, de concerts, de moments rares partagés avec les artistes invités, les Nîmois et tous ceux qui, venus des quatre coins de France et au-delà, se rendent chaque année dans la Cité des Antonins pour découvrir, voir, et entendre les stars du flamenco.
Le temps de la maturité, comme le qualifie François Noël, directeur de la manifestation, n’est pas pour autant celui de la tranquillité. Il est même fort à parier que pendant dix jours, Nîmes sera plus que jamais l’épicentre d’un véritable bouillonnement artistique, avec ses éclats de génie, ses rencontres aussi chaleureuses qu’improvisées et ce puissant souffle de vie qu’apporte, partout où il s’épanouit, l’art du duende.
Pour souffler ses trente bougies, le festival a commencé par pousser les murs. Outre le théâtre Bernadette Lafont, de nombreux lieux dans la ville s’associent à la fête : la façade de la Maison Carrée sera illuminée chaque nuit par une projection de « Flamenco en images » ; le musée des Cultures Taurines Henriette et Claude Viallat accueillera l’exposition « El Encuentro - José Lamarca », consacrée au photographe argentin dont les clichés ornent les pochettes des disques de Camaron et de Paco de Lucia ; le cinéma Le Sémaphore projettera La Trilogie Flamenca (Noces de sang, Carmen, L’Amour Sorcier) de Carlos Saura ; et le bar du Théâtre Bernadette Lafont sera le cadre de conférences avec des spécialistes comme d’entretiens avec des artistes, tandis que son hall présentera les gouaches du peintre Alain Clément.
Un menu savoureux
La programmation, elle, rassemble dans une célébration joyeuse toutes les familles flamenca. Valeurs sûres et surprises goûteuses, fidèles et nouveaux talents, anciens et contemporains sont au rendez-vous, de quoi satisfaire toutes les envies et combler toutes les attentes. Le ton est donné dès l’ouverture avec un double concert : en première partie la jeune Mariola Membrives donne une nouvelle voix au répertoire jadis enregistré par le poète Federico Lorca avec la Argentina, puis le grand David Lagos, qui a notamment accompagné Cristina Hoyos ou Israel Galvan, réinterprète en quatuor électro-jazz des chants anciens.
Le lendemain, on pourra découvrir une des œuvres les plus attendues de cette édition, la création par les danseurs-chorégraphes Rafael Estevez et Valeriano Panos (conjointement Prix National de la danse 2019) de El Sombrero, sur la partition du ballet de Manuel de Falla Le Tricorne créé en 1919 par Les Ballets Russes.
L’occasion de creuser les liens unissant le flamenco à cette avant-garde du siècle dernier, comme les deux complices le démontreront dans la Conférence Dansée qu’ils donneront le samedi 11 janvier.
Autres rendez-vous à ne pas manquer, le solo d’Eduardo Guerrero dans Sombra Efimera II (dimanche 12), et la pièce Distopia de Patricia Guerrero (aucun rapport de famille avec le précédent) le 14 janvier. Côté musique, on n’oublie pas entre autres le récital le 16 janvier du « meilleur guitariste du monde » Vicente Amigo (Memoria de los Sentidos), ni celui de la chanteuse catalane Mayté Martin (Mémento) le 17.
La semaine se clôt en majesté avec les deux stars incontestées du genre : Rocio Molina dialoguera avec le guitariste Rafael Riqueni les 17 et 18 janvier (Impulso) et Israel Galvan clôturera le bal avec El amor brujo (lire notre critique), où accompagné de Eduarda de los Reyes, il revisitera la pièce mythique de Manuel de Falla (les samedi et dimanche 18 et 19 janvier).
Un somptueux bouquet final !
Isabelle Calabre
Festival Flamenco, Théâtre de Nîmes, du 9 au 19 janvier 2020. 04 66 36 65 00.
www.theatredenimes.com
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