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Le Festival de Danse de Cannes Côte d’Azur-France
Un nouveau nom, un périmètre élargi dans le temps et l’espace, telle est la nouvelle version du Festival de Danse de Cannes Côte d’Azur – France dirigé par Brigitte Lefèvre.
La manifestation se redéploie sur une durée ambitieuse de 17 jours, du 29 novembre au 15 décembre. C’est aussi la première décentralisation du Festival de Danse de Cannes en Région, la première fois qu’il s’ouvre à des partenariats avec des lieux et des personnes, qui tous, ont le désir de montrer la danse dans ses différents aspects et de s’investir au côté de ce festival. Il s’agit d’Anthéa à Antibes, du Forum Jacques Prévert à Carros, du Théâtre de Grasse, de la Scène 55 à Mougins, du Théâtre National de Nice et Théâtres en Dracénie à Draguignan.
« C’est avant tout, précise Brigitte Lefèvre, une réunion de professionnels qui s’estiment et ont envie de travailler ensemble ».Toute la programmation est pensée dans cette perspective d’échange et de partage avec les directeurs des structures environnantes.
Comme à chaque édition, le Festival de Danse Cannes Côte d’Azur, se veut foisonnement de styles et d’écritures, pour témoigner de la richesse de la danse d’aujourd’hui, de Giselle, chef-d’œuvre du ballet romantique dansé par le Ballet Stanislavsky aujourd’hui dirigé par Laurent Hilaire, à l’écriture hip hop raffinée de Mickaël Le Mer et la création de son Butterfly ou la gestuelle singulière et originale de la Compagnie Yeah Yellow et son Dos au mur..
À l’intérieur de cet arc tendu entre deux époques, Brigitte Lefèvre a pensé des correspondances secrètes : Giselle peut ainsi s’associer aux pièces de Noé Soulier, ou à Falling Stardust d’Amala Dianor (lire notre critique), qui tous deux réinterrogent la danse classique. Mais elle peut aussi s’apparenter au surprenant ballet de James Sewell, qui explore, en compagnie de Frederick Wiseman, l’univers de la folie.
Ou encore rejoindre la relecture du Lac des cygnes par le Ballet du Rhin, qui retient l’épure des actes blancs (lire notre critique). Sans oublier le joli hommage rendu par Raphaël Cottin à son maître, Jean Guizerix, ou le Palimpseste, d’Eric Oberdorff !
Entretemps, le public pourra (re)découvrir le spectacle emblématique de Sasha Waltz, Körper, et deux œuvres singulières qui questionnent, à partir de notre regard d’aujourd’hui un héritage chorégraphique ancien : pulsations des peuples premiers du Canada pour Olivia Granville avec A l’Ouest, quadrille guadeloupéen pour Chantal Loïal avec Cercle égal demi cercle au carré (lire notre critique) et un regard singulier sur la chorégraphie brésilienne grâce à la São Paulo Companhia de Dança.
On retrouvera aussi La Finale de Josette Baïz (lire notre critique) et SOMETHING IS WRONG, le deuxième volet du diptyque de Kublilaï Khan, qui s’intéresseaux différentes transformations qui agissent sur notre présent (lire notre critique du premier volet).
Mais il ne faudrait pas oublier le Béjart Ballet Lausanne qui ouvre cette édition avec Béjart fête Maurice, une soirée qui rassemble les meilleurs moments issus d’une dizaine de ballets, et une création de Gil RomanTous les hommes presque toujours s’imaginent, titre emprunté à l’écrivain suisse Ludwig Hohl,est entièrement chorégraphiée sur les musiques de John Zorn.
Les créations
Radicalité et extravagance créatrice seront à l’œuvre dans Magma. Cette commande du Festival de Danse de Cannes Côte d’Azur sur une idée de Brigitte Lefèvre, est l’une des créations très attendue de cette 22e édition. Elle réunit trois monstres sacrés : Marie Agnès Gillot et Andrés Marin, dans l’univers de Christian Rizzo, autour d’un thème qui pourrait être : par quels fantômes sommes nous hantés ?
En tant qu’artistes de premier plan, chacun d’entre eux est bien sûr traversé par d’autres corps, qu’il s’agisse de leurs illustres prédécesseurs, de leurs fantasmes, ou par la façon dont une pratique modèle un physique. Sorte de définition archaïque du Duende, ce fantôme est le territoire en creux de leur quotidien « où le poétique dialogue avec la tension et l’élasticité du vide qui fédèrent les corps »nous explique Christian Rizzo.
Les Contes de ma mère l’Oye, qui rassemblent autour de la magnifique partition de Maurice Ravel, l’orchestre de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur, dirigé par Benjamin Lévy, et la création chorégraphique de sa sœur, Marion Levy (artiste associée au théâtre de Grasse) avec l’École de danse de Cannes Rosella Hightower, est l’autre événement de cette édition. Mobilisant huit danseurs du PNSMD2 et tous les musiciens de l’orchestre, il s’agit, pour Marion Levy de travailler sur le double, le trouble, le réel, la fiction et les liens ambigus qui relient un monde à l’autre.
La chorégraphe sera sur scène avec une danseuse (Natacha Riedel) qui lui ressemble, et l’entraînera dans son univers fantastique qui n’est autre que l’orchestre lui-même.
Bousculant les pupitres et les habitudes, il s’agira de mettre en danse différents langages, de jouer sur les ruptures en s’autorisant toutes les fantaisies.
Le Cannes Jeune Ballet, dirigé par Paola Cantalupo, a confié des créations à Emilie Lalande, Filipe Portugal, Arthur Perole et la reprise d’une pièce d’Emanuel Gat, intitulée COUZ.
Arthur Perole crée un triple solo, sorte de portrait chinois explorant les attentes et les rêves, les souvenirs et les affres de ces trois jeunes danseurs à l’aube de leur carrière. Travaillant comme un réalisateur, le chorégraphe joue sur les comparaisons, le contrepoint, la saturation, l’augmentation que provoque ce « détriplement » de témoignages. On pourra aussi retrouver l’excellent BALLROOM (lire notre critique) du même auteur au cœur de ce festival.
Emilie Lalande, dans Idôle(s) s’inspire des émotions que peuvent vivre les stars et leurs fans. Mouvements de foule, manipulation de l’Idôle, joie intense et déchirements, c’est l’occasion pour la jeune chorégraphe de travailler avec seize étudiants du PNSMD 2 dans une ambiance musicale rétro vintage, avec clins d’œil à Elvis, Bardot et bien sûr, la légendaire montée des marches du Palais des Festivals de Cannes. Enfin, Filipe Portugal, étoile du Ballet de Zurich, nous livrera sa création à partir du vocabulaire classique, sur le thème de La Rencontre. Avec l’ensemble du Cannes Jeune Ballet, soit cinq garçons et sept filles (sur pointes), il en explorera tous les aspects. De l’intensité du premier rendez-vous aux métamorphoses ou évolutions que celle-ci peut provoquer.
Les plus du festival !
Une programmation de films et de documentaires sur la danse aura lieu pendant la durée du festival, un événement CN D en partenariat avec la Cinémathèque de la Danse et Cannes cinéma. Outre des films documentaires autour de figures majeures de la danse, comme Maurice Béjart, Sasha Waltz, Christian Rizzo, Brigitte Lefèvre, elle s’attachera à cerner les processus de création d’un ballet, par exemple en montrant Titicut Follies, documentaire de Frederick Wiseman, à l’origine du ballet éponyme.
"Titicut Follies" Galerie photo © D.R
La Plateforme du Réseau Europeen de Danse, Studiotrade se renouvelle. Avec ses membres fondateurs originaires des quatre coins de l’Europe (Lituanie, Islande, Finlande, Portugal, Allemagne) et même du Canada, la plateforme encourage la découverte et la diversité en offrant une place aux chorégraphes émergents. Au-delà des showcases et la projection de court-métrages, présentés depuis les deux dernières éditions, le public pourra assister à des master classes menées par ces jeunes chorégraphes émergents de la scène chorégraphique européenne.
S’entre-tenir : Faire parler les savoirs du corps, est le titre du Colloque thématique de cette édition 2019. Une recherche passionnante entre oralité et corporéité. En partenariat avec le CN D Centre national de la danse et le Festival de Danse de Cannes – Côte d’Azur France, et avec le soutien de l’ACD qui se déroulera du 5 au 7 décembre.
Agnès Izrine
Festival de Danse de Cannes, du 29 novembre au 15 décembre 2019
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