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Le temps d’Aimer 28e édition
A Biarritz, Thierry Malandain présente un programme fait de grands ballets et de découvertes, dominé par le duo Carlson/Gillot. Du 7 au 16 septembre.
S’il fallait ouvrir sur un véritable point d’orgue, on ne saurait mieux trouver: Une soirée où deux époques de l’histoire de l’Opéra de Paris se retrouvent en dialogue et sur un plateau ! L’idée de réunir Carolyn Carlson et Marie-Agnès Gillot pour un événement inédit rebondit sur leur rencontre historique en 2004, quand Gillot fut nommée danseuse étoile, suite à son exploit dans Signes de, mais bien sûr : Carolyn Carlson !
Depuis ses adieux à la scène de l’Opéra de Paris il y a six mois [lire notre compte-rendu], voici La Gillot dans sa première création, et c’est Carlson en personne qui lui crée un solo, sur des airs de la Callas. Elle lui transmet, en plus, un extrait de son solo consacré au peintre Mark Rothko. Au cours de cette soirée très rythmée, Gillot dansera également en duo avec l’acteur et danseur Luc Bruyère et improvisera avec Carlson. Pour le lancement de cette 28e édition du Temps d’Aimer, le spectacle est donc assuré.
La bande-annonce du festival :
Deux grandes compagnies de ballet
Chaque édition à Biarritz permet de retrouver et de découvrir des compagnies classiques d’envergure. Aussi verra-t-on cette année le Ballet du Capitole, de Toulouse évidemment, avec la Giselle signée Kader Belarbi, qui résonne particulièrement avec le Pays Basque puisqu’elle accentue le rapport à la terre. Et, on le sait bien, au Pays Basque la danse passe par la terre, plus que par la mer...
Mais la surprise du chef (Malandain en a toujours une, au minimum) vient cette fois du Colorado. La compagnie américaine Aspen Santa Fe Ballet déploie ses activités (création et enseignement) entre Aspen (Colorado) et Santa Fe (Nouveau Mexique). Et elle est dirigée par un enfant du Pays Basque, né à Biarritz: Jean-Philippe Malaty. Les trois pièces présentées sont des œuvres du Finlandais Jorma Elo, du Madrilène Alejandro Cerrudo et du Barcelonais Cayetano Soto. Soirée mouvementée en vue, interrogeant l’amour, la musique classique et la force des femmes dans la vie...
Tradition, aventures et modernité du Pays Basque
Une autre raison d’aller à Biarritz est qu’on y trouve les compagnies basques qui ne sont pratiquement pas diffusées en France, alors qu’elles le mériteraient bien. Juan Antonio Urbeltz configure une fresque burlesque pour 80 danseurs venus des quatre coins du Pays Basque, s’emparant d’un roman aussi guerrier que philosophique, emblématique et rocambolesque: Le récit des aventures de Martin Zalakain, devient ici un spectacle entre danse et théâtre dans la tradition des Pastorales de la région de Soule.
La compagnie Elirale de Pantxika Telleria, une fidèle du Temps d’Aimer, créera Artha, pièce pour cinq danseurs et inspirée de l’espace-digue de la baie de Saint-Jean-de-Luz, interrogeant le désir de partir et le droit dont dispose tout être humain à quitter son pays, comme les Basques l’ont souvent fait. Tel un Jean-Philippe Malaty, par exemple... Et si la danse au Pays Basque avait tout de même un lien avec la mer ? Quant à la jeune garde contemporaine biarrote, elle investira les espaces publics de la ville, avec des propositions pointues et inspirées.
Les (ex-) CCN français
Les grandes compagnies contemporaines françaises sont représentées par Claude Brumachon et Benjamin Lamarche (Cie Sous la Peau) et Yuval Pick. Les deux ex-directeurs du CCN de Nantes présentent leur dernière création, Further - L’Ailleurs, ce travail sur la marche évoquant ce que doivent endurer les migrant durant leurs périples et l’énergie qui leur permet de dépasser les frontières [lire notre critique].
Yuval Pick (CCN Rillieux-la-Pape) présente son très beau programme de pièces courtes [lire notre critique] et Thierry Malandain invite le public à participer à une déambulation face à la Grande Plage et même au bal, pour fêter les vingt ans d’existence du CCN de Biarritz. Tout le monde pourra alors s’initier à la gestuelle typique du Malandain Ballet Biarritz, avec l’aide des danseurs de la compagnie.
Carrasco et Cherkaoui, et le rire
A découvrir absolument et même à revoir: Quelques grandes œuvres de chorégraphes internationaux comme Nacida sombra de Rafaela Carrasco [lire notre critique] et Fractus V de Sidi Larbi Cherkaoui [lire notre critique], complétés par la désormais incontournable Oona Doherty [lire notre portrait].
Et l’humour bien sa place, au Temps d’Aimer, avec Alessandro Bernardeschi/Mauro Paccagnella et leur Happy hour [lire notre critique] et le désormais fameux We love Arabs de l’Israélien Hillel Kogan [lire notre critique].
Thomas Hahn
Festival Le Temps d’Aimer
Biarritz, du 7 au 16 septembre 2018
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