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« Un endroit partout » de Nach à la Biennale de Lyon

Seule en scène, la krumpeuse transculturelle analyse son parcours et sa danse : Il y a un endroit pour elle, absolument partout ! 

Aux Usines Fagor, à la Biennale de la Danse, tous les formats ont droit de cité. Rien de surréel à se rendre du solo intimiste de Nach au monumental Liberté Cathédrale de Boris Charmatz [lire notre critique]. C’est même dans l’immense hall d’accueil que Nach a investi le plateau installé en trifrontal, pour s’adresser directement à son audience, alors que ce second opus conférencier explore, plus encore que le précédent, des facettes intimes.  

Nach parle. Elle a des choses à dire, beaucoup même. Et quand elle monte sur scène pour faire le récit de son parcours et de sa vie, le krump devient non un langage, mais un idiome polyglotte. « J’aimerais être partout », dit-elle, pour commencer. Et en quelque sorte, elle l’est. Un endroit partout, c’est le titre de son deuxième seul en scène autobiographique après Nulle part est un endroit [lire notre critique] : récit et réflexion. En 2021 elle nous narrait son parcours et ses découvertes, ses origines et sa passion. En 2023 elle nous parle de ses propres créations. Et elle analyse son être et sa danse, en parlant autant que par le geste. 

Nach parle, mais au commencement fut le geste. Elle danse ici avec un sourire radieux et fait du krump une danse romantique, ensoleillée, douce, parfois proche du mime. Elle pourrait être une bailaora andalouse ou une apsara indienne, tout en intégrant les gestes du krump, prouvant par la danse-même, sans la moindre parole qu’il y a une place pour cette danse, sa danse, partout. En rock’n’roll, au flamenco, au jazz et même quand c’est la Callas qui chante. Aucun territoire musical ne saura résister aux offensives de charme de cette danse qui peut aller, avec Nach, jusqu’à l’autodérision. Et jusqu’à Nina Hagen. 

« Je pourrais vous parler de mes inspirations et de mes doutes, mais je vais lasser parler mes spectacles », dit-elle alors que ses mots font spectacle. Elle parle de son amour de la photographie, de l’immeuble de son enfance à Bobigny qu’elle voulait retrouver et qui avait été démoli quinze jours plus tôt. Mais surtout, elle parle de ses créations, de Cellule [lire notre critique]. , de Beloved Shadows [notre critique] et Elles disent [notre critique]. 

Elle parle de son corps en trois versions : Le corps violent et furieux, le corps qui se libère et le corps érotisé, traduisant le terme par une recherche d’harmonie. Par ces trois visions d’elle-même, Nach retrace son évolution et esquisse en creux une définition sensible du krump, se souvenant de la danse comme moyen de se réapproprier l’espace de vie et l’espace de soi-même. Le processus n’est pas toujours facile à vivre. Elles disent, sa première pièce de groupe : « Un essorage ! » Juste avant, Beloved Shadows: « Faire le vide, créer un nouveau rapport à mon corps ». Par son humanité et son intelligence, Nach nous montre comment elle s’approprie le monde par la danse et grâce à ses rencontres. Bref, comment elle est chez elle partout, dans toutes les cultures. De plus en plus. 

Thomas Hahn

Un endroit partout de et avec Nach

Biennale de la Danse de Lyon, Usines Fagor, le 21 septembre 2023

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