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« Möbius Morphosis » de Rachid Ouramdane et de la compagnie XY

À l’occasion de l’Olympiade culturelle, Rachid Ouramdane, les acrobates de la compagnie XY, les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon et les chanteurs de la Maîtrise de Radio France ont repris Möbius (2019) au temple de la nation.

Cette pièce collective, qui a été présentée à la Maison de la Danse de Lyon, à Montpellier Danse [Lire notre critique], à La Villette, Vaison Danses et Chaillot a réuni pour l’occasion 110 artistes de tous âges, origines, sexes et gabarits pour se métamorphoser, littéralement, en « spectacle monumental alliant la chorégraphie, la musique, le chant et l’acrobatie », comme indiqué dans la feuille de salle. Il convient de rappeler que la nécropole laïque et le Centre des monuments nationaux qui célèbrent depuis plusieurs années les arts vivants, la danse contemporaine, avec, notamment, le mémorable Giotto Solo (2016) de Carolyn Carlson, le jazz et la chanson, lors des funérailles nationales de Joséphine Baker en novembre 2021 [lire notre article], ont grandiosement mis en valeur, avec le soutien de Dance Reflections de Van Cleef & Arpels, l’art choral, chorégraphique, musical et circassien.

Le sol de la nef était recouvert de PVC vierge ; au pendule de Foucault, Stéphane Graillot avait substitué un globe ayant valeur symbolique en même temps que fonctionnelle éclairant à volonté et en variant l’intensité lumineuse la part du rez-de-chaussée de la basilique néoclassique de Jacques-Germain Soufflot réservée aux artistes ; le public était distribué tri-frontalement autour de la bande rectangulaire faisant office de plateau ; à l’heure dite, à dix minutes près, le spectacle pouvait débuter et être capté par Telmondis pour la postérité par une caméra numérique accrochée à une louma ne cessant de gigoter en rasant les têtes des V.I.P. et d’autres, hors champ, posées sur trépieds, côté nord du transept. Sur des notes graves de la B.O. composée par Jean-Benoît Dunckel, cofondateur du groupe électro-pop versaillais Air, les artistes font leur entrée de tous les côtés et recoins de la scène.

S’ensuit, une heure de musique et de danse, de chant a cappella ou sur des airs d’Air, d’acrobaties aériennes, de courses effrénées, de temps faibles mais, surtout, forts. La métaphore ou parabole volatile est filée et mimée avec celle de la chute dont elle ne peut être dissociée depuis au moins le temps d’Icare. La musique passe de l’épique à l’élégiaque, structure l’écoulement, donne sens au remuement et calme, si nécessaire, les ardeurs. La lumière se tamise suivant l’action ou la dramaturgie. L’acoustique de la salle suffit à restituer le chant des enfants du chœur profane, sans recours à son amplification. Compte tenu du peuplement, les croisements de lignes se font avec fluidité, sans heurt. Le noir corbeau sied aux intervenants, les uns étant chargés d’exécuter les figures de l’envol, les autres de les les propulser ou de les soutenir physiquement ou vocalement.

Nous avons été sensible à l’élégance des danseurs et danseuses ; à celle des acrobates qu’il nous était impossible de distinguer de leurs collègues, tant qu’ils restaient sur la terre ferme ; nous avons apprécié l’harmonisation des voix, facilitée, il est vrai, par la direction musicale de Sofi Jeannin ; la poésie phonétique et les mélodies rappelaient tantôt les musiques de films d’Ennio Morricone, tantôt les variétés, le scat et le jazz frenchy, type Swingle Singers. Inutile de dire que les tours humaines à deux, trois et même quatre étages ont fait sensation. Jamais l’audience n’a paru lassée des sauts périlleux, certains doubles et arrière, des empilements, des acrobaties où, les circassiens ont, réellement, risqué sinon leur peau, du moins leurs os.

Nicolas Villodre

Vu le 16 juillet 2024 au Panthéon.

Möbius Morphosis sera diffusé le 23 juillet 2024 à 21h sur la chaîne Culturebox.

 

 

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