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Arkadi Zaides : Land Research
Après Quiet vu en octobre dans ce même Théâtre national de Chaillot (lire ci-dessous) , Arkadi Zaides poursuit son exploration intime et engagée du contexte israélien dans son dernier spectacle Land Research. Dans cette approche, chacun des interprètes exprime dans des solos juxtaposés son rapport à son territoire réel ou imaginé et comment cela affecte les corps dans une société où la question reste béante en permanence.
Sur la scène, les corps se disloquent, se distordent, les membres se déboîtent… et les mots proférés par les danseurs n’arrivent plus à recomposer un espace où insérer les lieux de leur mémoire. Les images projetées de paysage semblent aussi incertaines que la gestuelle qui peine à soutenir ces corps qui se délitent, ou chutent, ou tentent vainement de se relever. Le mouvement cherche à échapper à cette assignation intérieure, enfermés qu’ils sont dans un pays mental. Avec un vocabulaire chorégraphique extraordinairement articulé, très abstrait, Arkadi Zaides arrive à évoquer toute l’ampleur d’une territorialisation des individus, ici et maintenant mais aussi comme figure culturelle ancienne, de celle même qui a présidé à la création de cet État d’Israël par et pour des apatrides et des sans terre. Land Research soutient la dimension philosophique du propos.
Agnès Izrine
Festival Sur les frontières - 16 au 28 avril 2013 Théâtre National de Chaillot
Concept, chorégraphie et mise en scène Arkadi Zaides
Recherche documentaire, conseil et collaboration artistique Anat Cederbaum
Photographie Yuval Tebol
Vidéo Daniel Landau
Musique Tom Tlalim et Chen Wagner
Dramaturgie Joanna Lesnierowska
Lumières Bruno Pocheron
Conseil artistique Felix Ritter
Costumes Nadav Svetlov
Direction de production Yael Bechor
Directeur technique Ofer Laufer
Régie son Asaf Ashkenazy
Avec Yuli Kovbasnyan, Ofir Yudilevitch, Raida Adon, Sva Li-Levi, Assaf Aharonson/Yuval Goldstein
Quiet Arkadi Zaides
Quiet d’Arkadi Zaides est une pièce oppressante, agressive, offensive. Ce quatuor essentiellement masculin réunit deux danseurs juif et deux arabes tous quatre israéliens puisque ces deux communautés vivent dans l’État Hébreux. Leurs rapports s’embrasent au fil d’étreintes qui sont des contraintes, de baisers qui sont des morsures, de gestes qui deviennent menaçants à peine ébauchés, de duos à bras-le-corps qui ramènent inexorablement à la guerre, à la torture, à la domination ou à l’asservissement. Les quatre interprètes ne se retrouvent jamais que deux à deux comme pour souligner que la rencontre ne peut être qu’antagonisme. Leurs mains s’évitent et les contacts, quand ils se font sont d’une violence rare comme dans cette scène où l’un attaque l’autre en lui tirant la tête en arrière et s'abouche à sa tête comme pour le soumettre définitivement à son emprise physique et verbale. Des têtes de canards (de fausses colombes ? des faucons contrefaits ?) viennent s’immiscer dans la pièce. Il paraît que c’est la reproduction exacte de tags qui figurent sur le mur de séparation entre Israël et l’État Palestinien. Remarquablement chorégraphié, intense, jouant sur l’épuisement, Quiet , avec son titre en forme d’antiphrase, s’ingénie à mettre mal à l’aise le spectateur, à le laisser intranquille justement.
Quiet est une sorte de manifeste, âpre et courageux qui ne laisse personne indemne.
Agnès Izrine
1è au 26 octobre 2012 - Théâtre National de Chaillot
Chorégraphie, mise en scène Arkadi Zaides
Collaboration artistique Joanna Lesnierowska
Musique Tom Tlalim
Musique additionnelle Ziv Jacob, Domenico Ferrari, Ran Slavin
Décor Klone
Lumières Firas Roby
Costumes Salim Schada
Avec Muhemmed Mugrabi, Ofir Yudilevitch, Yuval Goldstein, Arkadi Zaides
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