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I-Fang Lin & Frànçois Marry : « En Chinoiseries »

La Taïwanaise rebondit sur la Chinoiserie de Mathilde Monnier, duo créé en 1991 avec Louis Sclavis. Un cas de palimpseste chorégraphique.

I-Fang Lin, interprète phare de la compagnie de Mathilde Monnier, passe à la chorégraphie. Mais elle conserve ses attaches, puisqu’elle place ce duo, sa première chorégraphie, sous le regard extérieur de l’actuelle directrice du Centre National de la Danse. Pour ne rien faire qui pourrait ressembler à l’original.

Ce n’est pas avec Louis Sclavis, mais en partageant le plateau avec Frànçois Marry, ici sans son groupe The Atlas Mountains, qu’elle aborde cette réécriture. Ce qui était, chez Monnier, un solo avec musicien, devient un véritable duo où Marry participe largement à la chorégraphie. Les deux prennent donc toutes leurs libertés, jusqu’à inverser les rôles habituels de porteur et voltigeur. Car c’est elle qui porte l’homme, augmenté de sa guitare. Sur le dos de Lin, Marry continue de jouer, aussi bien qu’il sait chanter en rampant au sol, sur son propre dos. Il est souple…

Ensemble, ils explorent les étendues de l’espace, le sol, les instruments de musique et la Chine. Des vidéos (comme celle du chanteur de variété chinoise avec ses danseuses, en silence) et l’hymne national taïwanais (accompagné de quelque parodie de cérémonie militaire) renvoient aux origines d’I-Fang Lin et ponctuent le pas de deux de chinoiseries véritables, comme pour un autoportrait à la taïwanaise. Chez Monnier, la chinoiserie résidait plutôt dans une écriture articulée, précise et calligraphique du corps. En Chinoiseries efface tout pour réécrire à partir de la même matière, comme sur un palimpseste, invitation à creuser pour trouver des traces de l’écriture précédente.

Entre I-Fang Lin et Frànçois Marry, les rounds de danse s’articulent à la manière d’un album dansé, où chaque titre est une composition originale, où la variété des styles musicaux (rock, chanson, électro-acoustique) rencontre la pleine diversité des énergies chorégraphiques. Au début, Lin jette ses bras dans des trajectoires féminines et rebelles, comme si elle sortait tout droit des élans fondateurs d’Anne Teresa De Keersmaeker.

Galerie photo © Vincent Cavaroc

A partir de là, les rencontres, ludiques et enjouées, se renouvellent sans cesse. Lutteurs ou complices, fauves ou amoureux, en unisson ou en affrontement, la géante et le lutin nous baladent à travers la richesse d’un échange à deux, comme si nous traversions une collection de contes et de légendes. A deux, par corps, visages, voix et sons, en couple infini et caresseurs d’imaginaires, ils partagent envies et bonheurs, entre eux et avec le public.

Cette première création d’I-Fang Lin est prometteuse en termes d’humanité et d’ouverture. Reste à voir si elle pourra préserver ou même digérer la liberté chorégraphique dont elle fait preuve, sans fard et toute En Chinoiseries. Mais Lin s’appuie ici sur trois piliers importants, à savoir « sa » chorégraphe, un concept pré-existant et Frànçois Marry, qu’elle connaît bien pour avoir orchestré le travail corporel de Frànçois and the Atlas Mountains en 2012. Voilà qui aide à franchir le cap pour assumer une chorégraphie en duo. Nous serons attentifs à la suite…

Thomas Hahn

Vu le 17 novembre à Paris

Créé le 8 novembre 2016 au Théâtre de Poitiers , Centre Pompidou

En tournée : 1er mars 2017 : Montpellier, Théâtre de la Vignette http://www.montpellierdanse.com/spectacle/en-chinoiseries
3 mars : Brest, DañsFabrik 17 mai: Théâtre d’Aurillac

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