Hooman Sharifi : Mon projet pour Carte Blanche
Le nouveau directeur artistique de la compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine mène un projet sur la période 2014-2018. Explications.
Carte Blanche, la compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine, arrive à un tournant important, suite à la prise de fonction de directeur artistique par Hooman Sharifi en août dernier. La très belle pièce Not Here / Not Ever, qui combine les qualités des univers de Wayne McGregror avec ceux d’un Jiří Kylián, est à l’affiche au Théâtre national de Chaillot jusqu’au 28 mars, avant d’être donnée au Grand T de Nantes du 20 au 22 novembre.
Commence alors une nouvelle aventure pour Carte Blanche. La première création sous la direction de Sharifi sera donnée à Bergen fin mai et marquera la mutation vers une compagnie engagée sur des questions de société et particulièrement celle des identités sexuées, ces fameuses questions de « genre ». À l’occasion des représentations de Not Here / Not Ever à Chaillot, Sharifi s’explique sur son projet pour Carte Blanche.
Danser Canal Historique : De quelle façon allez-vous changer l’identité de Carte Blanche?
Hooman Sharifi : Carte Blanche restera une compagnie de répertoire qui passe commande à différents chorégraphes. Il faut bien comprendre que j’en suis le directeur artistique, pas le chorégraphe. Cela n’exclue pas que je fasse moi-même une nouvelle création, mais ce sera bien plus tard. En tant que directeur artistique je ne peux pas imposer le contenu des pièces crées par les chorégraphes invités. Mais je peux agir par le choix des chorégraphes. Pour le premier programme sous ma direction, je voulais travailler sur la question du féminisme. J’ai donc choisi des artistes dont j’ai vu le travail récemment et qui m’ont l’air d’avoir des approches intéressantes dans le travail sur des personnages de femmes.
"Not Here/Not Ever" Galerie photo : Laurent Philippe
DCH : Carte Blanche va créer Birthmark le 29 mai 2015 à Bergen en Norvège, où elle est implantée. De quoi s’agit-il?
Hooman Sharifi : Ce sera un triple bill, une soirée faite de trois pièces brèves. La première sera chorégraphiée par Ingeleiv Berstad and Kristin Ryg Helgebostad, deux jeunes chorégraphes d’une belle fraîcheur qui font un travail très physique, très intéressant sur l’animalité et la question à savoir pourquoi nous suivons parfois un mouvement ou une idée qu’on ne comprend que plus tard. Ensuite, Siri Jøntvedt and Snelle Ingrid Hall, qui travaillent ensemble depuis très longtemps sur la question du corps vieillissant. Troisièmement, la metteure en scène libanaise Lina Saneh dont j’aime beaucoup la réflexion sur des questions de société. Nous allons aussi publier avec chaque production une revue consacrée aux questions abordées, où s’exprimeront par exemple avec des chercheurs travaillant sue les questions du « genre ».
"Not Here/Not Ever" Galerie photo : Laurent Philippe
DCH : Les danseurs de Carte Blanche resteront-ils? Amenez-vous ceux de votre propre compagnie, Impure Company? Que devient-elle?
Hooman Sharifi : Les danseurs ont été engagés en raison de leurs capacités physiques et leurs personnalités sur scène. Ils ont des contrats de travail avec la compagnie, sauf deux qui ont un statut de stagiaire. Je mène un projet artistique mais n’interviens pas sur les embauches, et c’est une bonne chose. Il y a là douze solistes de haut niveau qui portent en eux l’histoire de la compagnie et des créations précédentes. Dans Not Here/ Not Ever vous pouvez voir leur haut niveau technique, dans d’autres pièces ils vont se présenter sous des approches radicalement différentes. Quant à Impure Company, elle continue à exister et nous sommes en train de réfléchir sur la forme qu’elle devra prendre. Je pense produire encore des pièces à travers cette structure. Mais tout est trop nouveau pour le moment. Il est possible qu’elle sera en stand-by pendant quelque temps. Mais je reste le chorégraphe d’Impure Company. Pendant ce temps, Carte Blanche continue à tourner avec Shadows remain silent, la pièce que j’ai créée pour elle en janvier 2014 à l’Opéra de Dijon.
Propos recueillis par Thomas Hahn
Les dernières dates pour Not Here / Not Ever :
Du 25 au 28 mars Paris, Théâtre national de Chaillot
Du 20 au 22 novembre 2015 Nantes, Le Grand T
Add new comment