« Anonimo » de David Coria
Il a dansé pour les plus grands : Antonio Gadès, Andrès Marin, Rocio Molina, Rafaela Carrasco, ainsi qu’au sein du Ballet Flamenco d’Andalousie. A trente-six ans, David Coria joue désormais sa propre partition, au fil de créations de plus en plus personnelles. En témoignait cet Anonimo récompensé du prix du public au festival de Jerez et présenté durant le week-end d’ouverture du festival Le Temps d’Aimer la danse à Biarritz.
Avec ses complices Florienca Oz et Rafael Ramirez, le Sévillan met en scène une heure quinze durant trois corps dansant sur plusieurs combinaisons successives de figures et de situations. Trios à l’unisson, duos passionnés, solos sensuels et vigoureux : tout est possible et tout est montré librement, dans une sincérité et un engagement convaincants. A l’exact mi chemin entre la tradition flamenca, zapateado puissant inclus, et les audaces contemporaines, David Coria trace un chemin libre et créatif dont le corps est la boussole.
C’est la virtuosité de la gestuelle, la présence physique des interprètes et leur capacité à passer d’une apparence à l’autre qui fait d’Anonimo un spectacle captivant. Son titre, d’ailleurs, définit son propos. Il n’est pas question ici d’un soliste, aussi talentueux soit-il, entouré de deux faire - valoir, mais d’une œuvre collective où les identités se fondent, anonymes, dans un matériau commun d’os, de peau et de chair pour « laisser libre cours à leur corporalité ».
Cet effacement de l’individuel va jusqu’au genre : comme leur partenaire féminine, les hommes endossent un long jupon blanc façon tutu, et de son côté, la danseuse s’habille d’un costume noir masculin. Pas de revendication appuyée mais une transgression heureuse, où seul compte le plaisir de danser.
A la force du trio répondent la puissance vocale de la chanteuse Gema Caballero, et l’inventivité de la musique créée et interprétée par le trio guitare percussion violoncelle. Traversé d’élans sensuels et de défis techniques, de douceur et de force, de rythme effréné et de respirations apaisés, Anonimo a offert au public de la Gare du Midi à Biarritz une belle découverte.
Isabelle Calabre
Vu le dimanche 8 septembre 2019 à la Gare du Midi, Biarritz, Le Temps d’Aimer la danse.
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