Le festival Jet Lag prêt à faire du bruit
Au théâtre parisien Etoile du Nord, la 8e édition de Jet Lag roule tambour.
« La danse, ça fait du bruit », annonce-t-on: La huitième édition du festival Jet Lag à l’Etoile du Nord met en valeur les croisements des disciplines. Des Rendez-vous sonores de Nadia Vadori-Gauthier aux tangos de Cuarteto Silbando, en passant par les percussionnistes et chanteurs de Sébastien Ly, les musiciens seront nombreux sur le plateau de l’Etoile du Nord. Et surtout, ils n’y vont pas pour figurer en toile de fond, mais se placent au centre des démarches de création. Et on comprend donc le pourquoi de la devise de cette édition qui présente cinq spectacles, dont trois créations, à partir du 11 mai.
La danse fait du bruit ? Oui, mais ce n’est pas ce qui la caractérise en premier lieu. Au ballet, on entend surtout le plancher, à la réception d’un saut. La danse contemporaine est sonore, à chaque appui du pied et même lors de mouvements au sol. Mais la musique est là, pour couvrir ces bruits plus ou moins souhaités. Par contre la danse fait du bruit par désir, dans les styles traditionnels où la frappe est un élément important, des danses indiennes au flamenco.
home
Mais Jet Lag ne propose ni ballet, ni zapateado. Par contre, le festival voit un musicien à l’origine d’une création chorégraphique. Voilà qui est rare. Paul Changarnier, compositeur mettant en jeu la batterie et un dispositif électronique, attiré par la danse depuis ses participations aux spectacles de Yuval Pick et Maud Le Pladec, invite Thomas Demay et Julia Moncla à participer à home, trio danse-musique qui pratique le « bégaiement de l’action ».
Comme dans un film de John Arnold, les mouvements sont découpés en micro-séquences qui s’enchaînent en se répétant. C’est une technique déroutante qui peut cacher et libérer beaucoup d’éléments humoristiques et qu’on a pu observer dans les derniers spectacles de Toméo Vergès.
…de Otoño
Le tango serait par ailleurs un registre musical et chorégraphique auquel on pourrait appliquer ce principe avec de beaux résultats. Comme dans home, le couple est ici au centre de la création. Ce spectacle pour quatre musiciens, un chanteur et deux danseurs promet d’aborder l’univers tanguero par le surréalisme de l’écrivain Julio Cortázar, par le rêve et une dimension métaphysique.
L’Enfant phare
La danse peut « faire du bruit » également par le texte et les objets. Dans L’Enfant phare de Marion Uguen un thermos fait office de phare, d’instrument de percussion ou de longue vue et des cartes routières deviennent montagnes. Tout ça fait du bruit, et sans doute aussi les enfants dans la salle s’ils veulent bien venir pour ce récit initiatique dansé-chanté qui détourne les objets du quotidien en paysages sonores et visuels.
Thomas Hahn
Festival Jet Lag, l'Étoile du Nord, jusqu’au 31 mai 2017.
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