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Transdanses à Chalon-sur-Saône

A l’Espace des Arts, trois créations et un bouquet de spectacles qui sonnent tel un appel à faire la fête.

Célébration !  Le titre de la création d’Aïcha M’barek et Hafiz Dhaou, le jour d’ouverture du festival, fait programme. Car pour la nouvelle édition de Transdanses, c’est un cocktail de danse et cirque très vivace que Nicolas Royer, directeur de l’Espace des Arts, présente du 16 au 26 novembre. Neuf spectacles, un film et une after électro vont ponctuer les onze jours. Dont deux créations phares, par deux couples chorégraphiques dont on apprécie le travail depuis fort longtemps. 

Célébration donc, en ouverture et en réponse à la pièce précédente de la compagnie Chatha de M’barek et Dhaou, nouvelle pièce de groupe qui fait suite à Ces gens-là, pièce festive avec DJ sur scène [lire notre critique]. Lors d’une représentation avant le confinement, un incident fort s’est produit, quand des spectateurs ont spontanément envahi le plateau. Ensuite, tout s’est arrêté. Et aujourd’hui ? Célébration  est une pièce post-confinement qui renoue avec le plaisir de la rencontre et de l’étreinte, sous les bonnes auspices de Roland Barthes et ses Fragments d’un discours amoureux. Et comme dans Ces gens-là, la musique est jouée sur le plateau. 

L’amour est une lame de fond de cette édition de Transdanses. Le jour de la clôture, Omar Rajeh répond à Roland Barthes avec Rûmi : « Le cœur a cent mille façons de parler. » Mroué et Mia Habis ont créé ensemble la compagnie Maquamat, installée à Beyrouth jusqu’en 2019 [lire notre interview]. Aujourd’hui ils entendent lancer, en créant Cent mille façons de parler, un message d’amour pour contrer les campagnes de haine qui font les choux gras des soi-disant « média sociaux ». Une pièce donc, où il sera question d’amour, de passion et de désir, dans une gestuelle qui s’inspire de certaines miniatures persanes, où les corps se nouent délicatement ou s’étreignent avec force.

Trois jours avant ce bouquet final amoureux, le public aura vu une autre pièce de M’Barek et Dhaou : L’Amour sorcier, évidemment [lire notre critique]. Là aussi, les musiciens sont sur le plateau, et même placés au centre, pendant que les danseurs vivent en les entourant, cette « gitanerie musicale » de Manuel de Falla. Dix musiciens de l’orchestre Danzas dirigé par Manuel Machado, une chanteuse (Karine Serafin) et cinq danseurs pour plonger dans l’univers de l’amour de de l’Andalousie. El Amor brujo était en effet une commande faite au compositeur par Pastora Imperio, une des plus grandes danseuses flamencas du début du XXe siècle.

La fête est aussi le thème de deux autres spectacles majeurs ici présentés. Queen Blood d’Ousmane Sy pour sept danseuses championnes de battles est un déferlement d’énergie joyeuse et émancipatrice [lire notre article]. Pas de break dance, mais surtout dancehall, locking, popping ou krump pour célébrer la féminité, dans une légèreté entraînante. Le poids lourd de Transdanse 2021 est cependant, sans conteste, la teuf lancée par (La)Horde et les danseurs du Ballet National de Marseille dans Room with a view. [lire notre critique]. Sur la musique de Rone, la rave party bat son plein dans une carrière abandonnée, quand d’étranges signes tombant du ciel apportent leur lot d’étrangeté et font basculer l’ambiance. Quête d’amour de transe et de passion, états de choc…

Les ambiances sont plus intimistes dans Notre Forêt de et avec Justine Berthillot, un solo chorégraphique intégrant une performance circassienne et une installation plastique et sonore, un manifeste sensoriel qui transporte son public vers la forêt amazonienne. Chez d’autres, c’est le dialogue avec la musique qui intrigue. Quand Jane Fournier et Cédric Froin (Collectif La Méandre / Cie Fernweh), défient la Sévillane, forme particulière du flamenco, marquée par des poses régulières des danseurs, par une rencontre avec la musique électronique. Et Nosfell, figure de proue du rock français, fait une nouvelle apparition avec Le Corps des songes, dans un paysage mouvant et verdâtre, entouré d’animaux étranges ou en devenant lui-même un de ces convives tout en chantant dans une langue inventée, qu’il se plaît à appeler le klokobetz. Un « concert dansé envoûtant » selon Agnès Izrine [lire notre article].

Dans le bouquet de clôture on trouvera aussi la création de Prequels d’Etienne Rochefort spectacle-parcours comme on les aime depuis longtemps, à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône. Cinq solos dans des espaces différents pour cinq interprètes, femmes et hommes. On y rencontre, éventuellement, les personnages d’une future pièce de groupe, où les corps commencent à bugger à travers des styles divers, du krump au popping, en passant par des expérimentations plutôt indéfinissables.

En écho à quoi on est tout aussi curieux de découvrir Haut et fort, le film de Nabil Ayouch qui relate, entre fiction et documentaire l’histoire de jeunes aficionados de la culture hip hop qui défient les traditions, dans un quartier populaire de Casablanca. 

Thomas Hahn

Festival Transdanses, Espace des Art de Chalon-sur-Saône, du 16 au 26 novembre 

 

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