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Tours d’Horizons 2023

Cette 12e édition du festival se déroule du 1er au 17 juin dans plusieurs lieux de la ville de Tours. 

Avec plus de dix compagnies invitées, le programme de Tours d’Horizons, destiné à tous les publics, est une invitation à découvrir différentes facettes de la danse dans de nombreux lieux splendides de Tours. Cette affiche riche en évènements est composée de représentations, d’ateliers pour amateurs, de la projection d’un documentaire d’Olivia Grandville, d’une conférence et d’une rencontre avec la militante Muxe Felina Santiago Valdivieso. Sans oublier une création de Thomas Lebrun et une festive soirée de clôture en musique. 

Fouad Boussouf ouvre le festival avec Näss (les gens) (lire notre critique) Sa pièce fédératrice, puissante et généreuse convoque sept danseurs pour un cérémonial qui conjugue ses origines marocaines avec les cultures urbaines. Un spectacle explosif et sensuel sur la fraternité.

Native de Buenos Aires et installée à Bruxelles, la chorégraphe Ayelen Parolin évoque Summertime de Merce Cunningham dans Simple où trois interprètes déploient avec humour un exercice passionnant et loufoque de construction et de déconstruction de la danse contemporaine.

Le merveilleux Prieuré Saint-Cosme est habité par Vincent Dupont et Bernardo Montet qui embarquent les spectateurs dans un monde farfelu et jubilatoire. J’y pense souvent est un duo de choc dans lequel leurs corps se figent, absorbent ce qui vient de l’extérieur, puis tentent dans un dernier soubresaut d’investir l’espace qui s’ouvre devant eux. Cette rencontre artistique du troisième type est précédée par une performance de Raphaël Dupin, fidèle danseur des deux artistes.

Du 5 au 8 juin, Thomas Lebrun présente sa nouvelle création Sous Les fleurs au théâtre Olympia. Entre réalisme et onirisme, la pièce examine la féminité chez l’homme d’ici et d’ailleurs, sans la noyer, comme souvent, dans un rapport à la sexualité. Interprété par cinq danseurs, ce voyage s’inscrit entre territoires intimes et lointains, entre apparences et transparences, aux couleurs discrètes d’ici et chatoyantes de là-bas. 

Le 13 juin, en écho à Sous les fleurs, Thomas Lebrun invite la militante Muxe Felina Santiago Valdivieso, rencontrée lors d’une résidence de travail à Juchitán. C’est ’occasion d’entendre celle qui fut l’une des pionnières du travestissement Muxe.

Jouer avec les mots et les gestes des sociétés contemporaines est le leitmotiv de la chorégraphe Valeria Giuga et de l’autrice Anne-James Chaton dans Coaching.  En partant d’une partition notée en cinétographie Laban par Dorothée Günther qui révélait toutes les ambiguïtés du monde d’aujourd’hui face à notre quête d’un corps harmonieux, quatre interprètes proposent une séance physique très dynamique pour gommer la distance qui sépare corps et esprit. 

Quant à Olivia Grandville, nouvelle directrice du CCN de La Rochelle, elle interroge à travers  Coaching (Lire notre critique) la dimension sociale, militante et mystique des danses amérindiennes face à notre rapport à la spiritualité et à notre nécessité de danser. Comme un battement du cœur, vibrations, secousses et pow-wow, irriguent cette folle chorégraphie -hommage aux peuples natifs.

Une transe s’empare des cinq danseuses et finit par gagner le spectateur happé par cette cérémonie. La représentation est suivie par la projection de Sauver les grandes eaux réalisé par Olivia Grandville et Stéphane Pauvret.

C’est à l’église Saint-Florentin (Amboise) que Christian et François Ben Aïm signent et dansent Arise (Lire notre critique). Une délicieuse performance poétique interprétée par les deux frères et Félix Héaulme autour des notions de solitude, d’élévation et de sacré qui dévoile ce qu’il y a de plus vivant en chacun de nous. 

Les autres spectacles

Voir ou revoir Fantasia, la première pièce de Ruth Childs (Lire notre critique). Dans ce solo, elle plonge dans les couches intimes de ses souvenirs physiques et émotionnels déclenchés par les musiques qu’elle écoutait enfant. De Beethoven à Tchaïkovski, en passant par les danses slaves de Dvořák, la chorégraphe et danseuse se remémore des impulsions inexpliquées, des danses instinctives.

Et si on évoquait les abdominaux ? C’est justement l’objectif de Clémentine Maubon et Bastien Lefèvre dans Abdomen qu’ils signent et interprètent. Un parti pris pour parler du ventre, ce lieu de transformation, siège et reflet de nos émotions dans une danse parfois drôle et démonstrative, parfois plus profonde et viscérale.

Le saut dans toutes ses nuances dans Mascarades de Betty Tchomanga. Dans son solo le saut est effectivement au cœur de la partition gestuelle de cette pièce qui s’attache à la figure de Mami Wata, une déesse des eaux du culte vaudou. Imprégnée de pouvoir et de sexualité, cette déesse est animée par une pulsation irrépressible, elle saute sans s’arrêter pour faire surgir une multiplicité de présences aussi désirables qu’inquiétantes.

Et aussi Filipe Lourenço qui propose dans Gouäl de s’immerger avec six interprètes dans l’intensité originelle de la danse du Maghreb. Cette danse de guerre initialement réservée aux hommes s’ouvre ici à la mixité. En solo, duo ou trio, les danseurs enchaînent des combinaisons tantôt de manière synchronisée, tantôt de manière coordonnée. Au son des voix et des frappes sur le sol, cette communauté prend corps dans un rythme totalement hypnotique

Pour les amateurs

Comme chaque année, le CCNT propose aux danseurs de tous âges amateurs passionnés, de participer à un projet artistique afin de vivre une expérience exigeante et riche. Au sein du programme “Danse en amateurs et répertoire“ élaboré par le Centre National de la Danse, le collectif de danse contemporaine pour seniors La Mécanique du bonheur s’immerge pour sa part dans un extrait de la pièce Rites (1967) de Jacqueline Robinson, transmis par Marie-Odile Langlère et Stéphanie Roussel, danseuses dans la pièce en 1986. 

En corrélation avec cette expérience, Mélanie Papin propose une conférence ayant pour titre Une artisane de la danse afin de raconter le parcours de Jacqueline Robinson, une grande figure de la danse moderne qui a joué un rôle considérable en matière d’enseignement de la danse. 

Artiste associé au CNNT, Emmanuel Eggermont  propose une recréation de Πόλις (PÓLIS) avec un groupe d’étudiants et d’interprètes amateurs. Une aventure unique afin d’explorer l’idée du construire ensemble en questionnant la formation et l’organisation de la cité. Ce projet plastique et chorégraphique est une plongée archéologique vers les profondeurs de notre sociabilité et de notre aptitude à vivre ensemble.

Enfin, une incroyable soirée de clôture comme sait si bien les tisser Thomas Lebrun. Au programme : un défilé des créations de Kite Vollard, un apéritif dînatoire dans le cadre d’une délirante soirée What You Want ? et la présence de DJ Moulinex qui enflammera le dancefloor.

Accompagné par de nombreuses scènes de Tours et du territoire, le festival Tours d’Horizons est l'occasion de voyager et de découvrir l’étendue de la richesse de l’art chorégraphique d'aujourd'hui. Un évènement incontournable concocté par Thomas Lebrun, directeur du CCN,  qui séduit par sa diversité et son originalité. 

Sophie Lesort

Tours d’Horizons du 1erau 17 juin 2023

 

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