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Spectacle de l’École de danse de l’Opéra de Paris

Ce beau programme de l’École de danse, en reprenant D’ores et déjà de Béatrice Massin et Nicolas Paul, et Aunis de Jacques Garnier, et en présentant Soir de fête de Léo Staats, s’inscrit, d’une certaine manière, dans le droit fil de la célébration du tricentenaire de l’École de danse. C’est donc à une nouvelle démonstration de cette « école française » de danse que nous avons pu assiter, avec ses qualités d’élévation, de précision, de noblesse du port qui signent son élégance Symbolisé par un cadre doré, qui a lui seul dit déjà tout, du passage d’une époque à l’autre, et de la passation d’un danseur à l’autre, et du temps qui passe, D’ores et déjà, est une merveille d’équilibre chorégraphique.

Photos "D'Ores et déjà" © David Elofer

Malgré sa simplicité apparente, c’est une pièce extrêmement technique, mais qui demande également à ces dix-huit garçons des trois dernières divisions de l’école, une grande qualité de présence. Et à ce jeu, la plupart excellent. Un regard un peu appuyé, et surtout une tenue du dos altière à souhait, nous font plonger immédiatement dans cette Cour où Louis XIV, au même âge, brillait en tant que meilleur danseur du royaume. Les ensembles avec leurs costumes aux nuances subtiles, du vermillon au rose buvard, mettent en évidence le savant contrepoint de Jean-Philippe Rameau avec brio. La chorégraphie, mêle si habilement le baroque au contemporain, que l’on est bien en peine d’attribuer à l’un ou l’autre style, les pas qui s’enchaînent sur le tempo extrêmement vif à certains moments, qui marque la Belle danse.

Aunis, créé par Jacques Garnier pour lui-même en 1979 alors qu’il était à la tête du théâtre du Silence à la Rochelle avec Brigitte Lefèvre, est devenu un trio l’année suivante. Entré au répertoire du GRCOP en 1981, il est lui aussi une synthèse entre plusieurs styles de danse qui emprunte aux musiques populaires recomposées pour l’accordéon par Maurice Pacher.

"Aunis" © David Elofer

Aunis vrai chef-d’œuvre d’aujourd’hui, demande surtout d’être capable de faire oublier ces différentes techniques pour lui garder justement cet accent de folklore et de naturel qui en fait toute la saveur. Les trois jeunes danseurs, Chuh Wing Lam, Francesco Mura et Andrea Sarri, ont réussi à bien tirer leur épingle de ce jeu compliqué, même si, on a pu sentir qu’ils avaient encore un peu de mal à se laisser vraiment aller.

Enfin, Soir de fête, sorte de feu d’artifice de cette École française qui a fait la gloire de l’Opéra de Paris, était une réussite. Chorégraphié par Léo Staats sur la musique de La Source, ballet, à l’époque, abandonné, Soir de fête est d’une certaine façon, le pendant romancé d’Études, d’Harald Lander. Il s’agit avant tout d’une immense variation sur la beauté du vocabulaire classique dans toute sa complexité, dans tous ces raffinements.

"Soir de Fête" © David Elofer

Le livret n’a aucune importance, c’est de la danse pure, et de ce fait intemporelle, indémodable. Il y a un vrai plaisir à voir danser Soir de fête, avec ces costumes aux couleurs pastel de tons différents, avec la fougue qu’y mettent ces jeunes interprètes.

Celia Drouy est remarquable dans son rôle d’étoile, ainsi que les autres solistes féminines. Les garçons, comme toujours, sont un peu plus fragiles que les filles. Mais à cet âge, c’est presque toujours le cas. Les danseuses faisant montre d’une maturité artistique plutôt précoce, et les danseurs ressemblant à de jeunes daims aux jambes encore un peu graciles.

Variations Don Giovanni de Maurice Béjart sur la musique de Chopin, consacré justement aux seules filles, dénotait un peu dans ce programme. Non pas du fait des interprètes mais de l’intérêt chorégraphique de cette pièce, qui contrairement aux autres, ressemblait plus à un « cas d’école » ou à un ballet à visée pédagogique. Du coup, on a eu plus de mal à s’y attacher, surtout tel qu’il était placé, entre D’Ores et déjà et Aunis.

Variations Don Giovanni © David Elofer

En tout cas, ce spectacle de l’École de danse de l’Opéra de Paris, prouve une fois de plus que les jeunes pousses d’aujourd’hui, ont déjà tout pour être les grands de demain, et surtout, que le style « Opéra de Paris » n’est pas prêt de disparaître.

Agnès Izrine

Du 3 au 8 avril 2015 Opéra Garnier

 

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