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Pedro Pauwels et la Biennale de Photographies de Danse

C’est sous le titre de Mouvement (capturé) que Pedro Pauwels vient d’organiser avec succès la troisième édition de la Biennale Nationale de Photographies de Danse, à Brive-La-Gaillarde, en collaboration avec le festival Danse en mai de la Scène conventionnée Les Treizes Arches de Brive-la-Gaillarde. Il explique ici le projet et dessine les grandes lignes pour la quatrième édition, en 2019.

Danser Canal Historique : Pourquoi une biennale nationale de la photographie de danse ?

Pedro Pauwels : La Biennale est née en 2013, mais il s’agit d’un projet que j’avais en tête depuis à peu près une dizaine d’années. L’envie est née d’un cliché d’une de mes pièces, réalisé par le photographe de danse Jean Gros-Abadie. C’est une photo où je suis en train de sauter, un mouvement très bref. Et je me suis demandé comment il avait réussi à le fixer sur la photo, avec une telle netteté. Pour y arriver, faut-il être danseur ? Faut-il avoir une empathie particulière avec le mouvement? Réussit-il à anticiper ce que je vais faire, alors qu’il voit la pièce pour la première fois ? A mon sens, il y a peu de photographes de danse qui arrivent à maintenir le mouvement dans une image mobile.

DCH : Vous êtes chorégraphe, et pourtant vous organisez une manifestation qui n’est ni un spectacle de danse, ni un festival de danse.

Pedro Pauwels : Ma compagnie a été parisienne et soutenue par la DRAC Île-de-France jusqu’en 2009. Ensuite nous nous sommes installés à Limoges où j’ai pu obtenir des moyens qui nous ont permis de lancer des projets au-delà de la création de spectacles. C’est ce que je revendique aujourd’hui: Une compagnie de danse peut créer des projets de nature différente, être force de proposition sur d’autres terrains que la création chorégraphique. N’attendons pas toujours d’être programmés dans un lieu pour exister ! C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui la diffusion des spectacles est en souffrance. Porter les photos de danse dans la rue, c’est un cri !

DCH : On ne connaît pas Brive-la-Gaillarde comme un haut lieu de l’activité chorégraphique. Qu’est-ce qui a motivé le choix de cette ville?

Pedro Pauwels : Les deux premières éditons ont eu lieu à Limoges. Mais avec la création de la région Nouvelle Aquitaine qui s’étend de Biarritz à Poitiers, nous avons saisi l’occasion d’éviter le piège d’attacher à une seule ville cette biennale que nous voulons nationale. Nous voulons aller à la rencontre d’autres publics dans d’autres villes. J’ai vraiment l’envie que cette biennale devienne nomade. Et l’exposition de l’édition 2017 va tourner dans d’autres régions, entre autres en Île-de-France, avec le soutien du CDC La Briqueterie.

DCH : Mais une exposition de photos de danse semble s’adresser à un public plutôt averti ?

Pedro Pauwels : Alors, détrompez-vous ! Cette biennale a un aspect d’action et d’éducation artistique. Par ailleurs nous organisons cette année une table ronde autour de la question à savoir si une exposition sur la danse peut être un vecteur de l’éducation culturelle. Nous sommes commanditaires de l’exposition principale, une commande aux photographes Olivier Houeix et Nathalie Sternalski sur la danse des hommes, placée sous le titre Viril mais correct, est présentée au sein d’un magasin de livres et de disques. J’avais pas mal de craintes. Etions-nous toujours dans l’éthique de notre Biennale ? Et finalement, je n’aurais pas dû penser une chose pareille. Les gens viennent en nombre, autant pour leurs achats que pour l’exposition. Aussi, les conférences et tables rondes ont rassemblé les aficionados, alors que les animations dans la ville ont interpellé le public : exposition d’œuvres des photographes invités chez Cultura, les amateurs bénéficiant pour leur part d’une mise en valeur dans le parcours du visiteur du Musée Labenche, animations dansées des vitrines de commerçants du centre-ville etc. Nous avons recensé plus de 1.500 visiteurs pour l’exposition Viril mais correct et la venue d’une cinquantaine de professionnels.

DCH : Qu’est-ce qui a motivé les choix de l’exposition principale de cette édition ?

Pedro Pauwels : Je voulais créer un dialogue et c’est pourquoi j’ai invité deux photographes, une femme et un homme, pour confronter leurs regards sur la danse des hommes. Au cours des tables rondes des deux premières éditions, je me suis rendu compte que le dialogue n’existe pas vraiment entre les artiste chorégraphiques et les photographes. Mais même les photographes ont du mal à communiquer entre eux.

DCH : Quelles sont vos pistes de réflexion pour l’édition 2019 ?

Pedro Pauwels : Nous travaillons d’ores et déjà sur l’édition 2019 qui aura pour thème central l’Europe. C’est pourquoi nous serons peut-être sur un dialogue entre plusieurs photographes. Et il y aura deux nouveautés, des speed-dating photographiques, et donc l’opportunité de rencontrer en tête à tête les photographes invités, ainsi qu’une une nouvelle proposition d’exposition intitulée Suite, qui sera le résultat de rencontres d’artistes réalisées durant les éditions précédentes. Et puis, suite au succès rencontré cette année par la conférence de Philippe Verrièle, nous poursuivrons dans ce sens en amplifiant ce volet de la biennale.

Propos recueillis par Thomas Hahn

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