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Le nouveau Fait Maison est arrivé !

Fait Maison est le troisième festival organisé par Micadanses. Moins en vue que Faits d’Hiver, et pourtant très dans l'air du temps. 

Il était trois festivals à Micadanses et Fait Maison qui se déroule du 11 au 13 juin en est le moins connu. Car la Mission Capitale Danses (c'est la véritable explication de ce nom en définitive bien étrange) sise rue Geoffroy L'Asnier, dans le Marais parisien, s'est, au fil du temps dotée de trois temps forts, distincts et aux ambitions bien différentes. Le festival Faits d'Hiver s'est imposé comme la vitrine parisienne de la danse d'auteur, une manière de must et qui appartient à la catégorie réservée des manifestations qui font l'opinion. Moins sérieux, si l'on peut dire, le festival Bien Fait tient de la plateforme d'expérimentation voire du crash-test où des artistes plus ou moins émergents essaient auprès d'un public bienveillant ce qu'ils n'oseraient pas tenter ailleurs. Et le troisième est, à l'origine, à peine un festival, plutôt un moment de rencontre où tout ce qui se fait en pédagogie à Micadanses se montre et fait la fête. Christophe Martin, directeur de Micadanses et des trois festivals en question justifie la création de Fait Maison par la nécessité de montrer « des projets pédagogiques de bon niveau avec des danseurs itou ». Un genre de gala mais en beaucoup plus intéressant et même pour ceux qui n'ont rien à voir avec les danseurs sur le plateau ! Que l'on ne se méprenne pas, il n'y a là aucun mépris pour les galas de fin d'année : celui du Mariinsky, en 1905, donnait Acis et Galatée de Fokine entre autres pour Nijinski. Et c'est pour un spectacle de fin d'année, en 1935,  que Balanchine créa Sérénade, l'un de ses plus immarcescible chef-d'œuvre. Cela fait quelques modèles qui dissuaderaient quiconque oserait formuler quelque mépris.

Mais l'édition 2022 de Fait Maison n'ambitionne pas tant et se bornera volontiers, à défaut de changer l'histoire de la danse, à faire passer un agréable moment d'enthousiasme partagé à tout amateur d'art saltatoire qui se risquerait à l'ombre de l'église Saint-Gervais Saint-Protais. Après deux années d’interruption, Fait Maison revient en effet quoique pour la première fois « sous ce format resserré qui fait plus festival » comme l'explique encore Christophe Martin. Lors de la dernière édition (2019), le festival s'étendait sur plus de deux semaines avec des propositions beaucoup plus nombreuses. Cette fois, chaque participant a dû présenter un dossier et c'est parmi plus de vingt dossiers qu'ont été choisis pas moins de sept spectacles. Donc une relative profusion concentrée en trois soirées, trois plateaux partagés pour découvrir la diversité des pratiques amateurs à Micadanses qui n'accueille pas que des professionnels, loin s'en faut ! Plateforme de formation et de création en danse, Micadanses héberge plus de 400 projets de danse par an dans ses cinq studios ouverts 7 jours sur 7.

Entre résidences, ateliers, stages, festivals et rencontres autour de l’édition en danse, ce sont près de 200 000 usagers qui fréquentent les lieux dont, naturellement une grande majorité d'amateurs. Fait Maison témoigne de cette activité qui procède de la rencontre entre ceux qui ont fait de la danse un métier et ceux qui la pratiquent pour le plaisir. Expériences sur le rapport aux sons avec Angela Sofia Sterzer pour Klingeltanz, voyage vers la danse tzigane avec Sophie Menissier pour Tous les paysages qui viennent à nous... Mais encore exploration de la Grande Histoire de la danse (Martha Graham revisitée par Rafael Molina), du répertoire avec le projet Tragédie Extended que Sandra Savin, qui a dansé la version originale de cette pièce d'Olivier Dubois (2012), revisite avec des amateurs, ou la composition à l'honneur avec Souvenirs Souvenirs  pour lequel Christine Gérard, qui enseigne à Micadanses, a proposé à ses élèves de travailler sur l'intime.

Et l'on croise encore Herman Diephuis pour l'école ACTS, Laurence Bertagnol et Jean-Christophe Bleton, avec à chaque fois ce mélange entre des chorégraphes et des professionnels tout ce qu'il y a de plus intéressant et des étudiants et amateurs totalement impliqués. Pour Failles et chemin de lumière que propose ces deux derniers artistes, la production est de la compagnie Les Orpailleurs, soit une production parfaitement pro, mais pour un groupe intergénérationnel d'amateurs de recherche chorégraphique qui existe depuis sept ans et s'allie pour l'occasion avec les élèves en horaires aménagés du collège Politzer de Bagnolet…

Exactement cet assemblage de participatif et de professionnel, de pratique et de recherche que les instances culturelles prônent et encensent sans jamais en montrer les réussites. Et tout est gratuit quoique sur réservation (et il y a de la pression). 

Philippe  Verrièle

Festival Fait maison du 11 au 13 juin 2022

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