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June Events ouvre ses portes au public

Huit propositions à partir du 19 mai, pour faire du début du déconfinement un événement. 

Le coronavirus crée des situations que personne n’aurait su imaginer. Par exemple, un festival qui commence en condition de confinement et doit réserver une première partie de sa programmation au public professionnel, pour ensuite profiter d’un début de déconfinement, annoncé à l’improviste par le gouvernement, pour  ouvrir une seconde partie au public. On imagine à quel point une telle situation est compliquée à gérer. 

Dans le cas de June Events 2021, la situation est plus complexe encore, puisqu’en raison d’impératifs logistiques, le festival se déroule, pour la première fois, essentiellement en mai, et doit de surcroît accueillir un certain nombre de spectacles qui étaient prévus pour l’édition 2020, annulée en raison de la pandémie. C’est donc contre vents et marées qu’Anne Sauvage, directrice du CDCN Atelier de Paris, présente huit spectacles à un public qui reste certes restreint en nombre, mais sans limitation catégorielle. 

La partie publique du festival commence donc le 19 mais par OVTR (On va tout rendre) de Gaëlle Bourges, un sextuor consacré aux Cariatides de l'Erechthéion, et surtout au scandale du pillage de la troisième d’entre elles. Enlevée à titre personnel par l’ambassadeur britannique à Constantinople il y a deux siècles, elle repose aujourd’hui encore au British Museum de Londres qui refuse toute idée de restitution. Cela inspire à la chorégraphe, toujours aussi passionnée par l’histoire de l’art, une cérémonie pour six Cariatides en chair et en os (avec une distribution ouverte à la gent masculine) autour d’une riche et précise documentation de ce pillage éhonté, déguisé en acquisition. Le titre évoque le fait que l’Europe a ainsi enlevé les œuvres d’art un peu partout dans le monde et suggère qu’il serait temps pour la restitution de ces trésors. Tous. Pas juste l’un ou l’autre, par ci par là. On connaît le talent de Gaëlle Bourges pour lier une analyse détaillée à un ton ironique et pinçant, ce qui lui donne sa capacité à tout rendre… éclairant et amusant. 

Suivent Katarina Andreou avec Zeppelin Bend   [lire notre critique] et Pierre Pontvianne avec Percut   [lire notre critique]. Ensuite, on revient aux sujets de la polis avec Joanne Leighton et sa création People United, inspirée de photographies de manifestations et autres rassemblements où une foule galvanisée puise courage, exaltation et jubilation dans le fait d’être réunie dans un même but. Se battre contre l’oppression, fêter un carnaval ou teufer – chaque fois, on partage des gestes qui soudent le collectif. Et ces gestes se répondent, se ressemblent et se superposent. Neuf interprètes enchaînent les tableaux vivants dans une composition très graphique qui rend hommage à l’action commune et, dans le même temps, à la photographie. 

C’est toute une série de représentations au Théâtre de l’Aquarium, voisin de l’Atelier de Paris sur le site de la Cartoucherie, qui s’achève avec Wax de Tidiani N’Diaye et Didę de Marcel Gbeffa, présentés dans le cadre de la Saison Africa2020. Wax  est un duo masculin qui rappelle que les fameux tissus, aujourd’hui identifiés à la culture et au mode de vie de l’Afrique de l’ouest, sont en vérité (et comme leur nom l’indique) un produit et donc un symbole du colonialisme, mais aujourd’hui aussi de l’émancipation. Les deux danseurs évoluent dans une scénographie de wax, cela va sans dire. 

Le chorégraphe Marcel Gbeffa et la metteure en scène Sarah Trouche travaillent sur une autre forme de décolonisation, celle des corps par rapport aux rapports de pouvoir entre les genres biologiques. Tradition, cérémonies, pouvoirs mystiques de femmes et les corps de cinq interprètes sont les ingrédients d’une pièce qui lie l’intime au politique.

Ensuite, June Events franchit le périphérique et s’invite au Carreau du Temple pour deux propositions autour de l’identité créole. La Guyanaise Gladys Demba signe un solo exprimant avec sobriété et émotion son regard sur le monde actuel, laissant advenir sa recherche sur les diverses influences qui composent son identité. Dans cette création conçue sous le regard de Thomas Lebrun, elle exprime sa relation au monde actuel dans une danse très attachante, à l’écoute de toutes les strates temporelles et culturelles auxquelles elle est liée. Après Mes Horizons, la soirée continue avec le quatuor Entropie  de Léo Lérus. Interprète dans les compagnies de Ohad Naharin, Sharon Eyal et Wayne McGregor, il développe son univers chorégraphique autour de la culture de son île natale, la Guadeloupe et le Léwòz, langage musical marié à la danse Gwo-Ka. 

Thomas Hahn

June Events 2021, du 19 mai au 5 juin 2021

Image de previex : wax - Tidiani N’Diaye ©  Pierre Planchenault

 

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