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« J’ai pris la Contre-Allée » de Lili Catharsis 

Reprise d’un duo chorégraphique perturbateur, en marge de la danse mais au croisement des disciplines.

Thierry Malandain a le mérite de présenter au Temps d’Aimer, à Biarritz, des styles très variés et donc aussi des œuvres qui cherchent un rapport plus métaphorique au mouvement et au geste. J’ai pris la Contre-Allée de la compagnie toulousaine Lili Catharsis prend le contre-pied des soirées de ballet du festival.

Comment transformer une série de photos en spectacle chorégraphique ? En passant par le poème et la création musicale ! J’ai pris la contre-allée est une œuvre transdisciplinaire à quatorze mains : Celles de la photographe et vidéaste Lise Lacombe, celles du compositeur Christophe Ruetsch, celles de l’écrivain Didier Goupil, celles du plasticien scénographe Bertrand Trocmé et bien sûr celles des deux artistes chorégraphiques, Chaterine Vergne et Pierre Charles Durouchoux, sans oublier les lumières Karine Neuille.

La Tierce des Paumés

Voilà donc une série de photos intitulée La Tierce des Paumés, qui évoque des lieux en marge comme des cabanes en bois à la campagne ou des friches, des lieux où une vie alternative se crée ses niches, des photos de leurs créateurs et habitants. Le long poème de Didier Goupil semble répondre à cette série : « …je m’appelle Joël, Rouky ou Diourka/…/Je suis un chemin qui marche/Je suis un squat, une bicoque, une cabane zadiste/…/Nous avons sauté par-dessus la barrière/Nous avons pris la Contre-Allée… »

La question est donc posée : Comment s’extraire au monde commercialisé et contrôlé, balisé et bétonné ? Comment retrouver une vie authentique qu’on choisit soi-même ? Chaterine Vergne et Pierre Charles Durouchoux dansent cet état de quête en rentrant dans des états de transe consciente. Il y a la solitude du froid humide dans une forêt, comme chez certains personnages de Gisèle Vienne. Il y a le tableau clubbing, la volonté de s’évader et de s‘élever mais aussi le sol qui aimante les corps, dans l’unisson de leurs roulades douloureuses.

Romantisme contemporain

J’ai pris la Contre-Allée est une pièce sur la recherche de soi-même, où la danse se lie à la poésie-action, aux projections sur un écran ondulé tel un miroir déformant pouvant se transformer en transat, le tout plongé dans un univers sonore très paysager, crée en live par Christophe Ruetsch. Tout ii nous parle d’un désir d’ailleurs (et d’autrement), version contemporaine du romantisme du XIXe siècle, de Heine à Nerval, de Schubert à Rousseau.

Comme son nom l’indique, cette pièce prend effectivement une contre-allée chorégraphique où chacun.e doit se frayer son chemin à travers le croisement d’ondes visuelles, sonores et gestuelles. On sait qu’il n’est jamais simple de prendre « un chemin qui marche… ailleurs… », et cette pièce en particulier demande qu’on prenne un peu de temps en aval pour laisser mijoter, à feu lent, ce que Lili Catharsis et leurs amis ont placé sur le plateau. Mais ils nous parlent bien d’un monde « loin des grandes surfaces, des assurances vie et des pompes à fric », où la vitesse n’est plus aux commandes. Sans prétendre cette voie soit simple.

Thomas Hahn

Spectacle vu le 10 septembre 2017, Biarritz, Le Colisée, festival Le Temps d’Aimer

Chorégraphes et danseurs : Catherine Vergnes et Pierre Charles Durouchoux
Photographies et vidéos : Lise Lacombe
Création textuelle : Didier Goupil
Création sonore : Christophe Ruetsch
Technicien Vidéaste : Pierre Marie Soupault
Création Lumières : Karine Neuillé
Décor : Bertrand

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