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Concours de promotion de l'Opéra (suite)

Le Concours de promotion interne du Ballet de l’Opéra national de Paris vient de se terminer pour les hommes. Avec moins de surprises, d’une certaine façon que pour les femmes.

Evidemment le jury était le même que l’avant veille (voir ici). Comme pour leurs homologues féminines, les variations imposées étaient très difficiles quel que soit le niveau, notamment avec deux variations de Noureev pour Noureev au menu, ce qui corse singulièrement la chose, car il adorait déjouer des pièges techniques ingrats pour le spectateur et gratifiants pour le danseur. Toutes les classes étaient de très haut niveau chez les hommes, mais il faut bien dire qu’ils étaient fort peu nombreux à se présenter 13 Quadrilles, mais seulement 6 Coryphées et 5 Sujets, alors qu’il y avait 3 postes de Sujet et 2 de Premier danseur à pourvoir ! (Alors qu’il y avait 10 Coryphées pour 3 postes et 8 Sujets pour 1 poste chez les femmes).

Les Quadrilles avaient donc hérité de la Première variation du Pas-de-six d’August Bournonville en imposée. C’est une variation qui demande de la batterie et une facilité pour les tours attitudes sans élan. Les promus, Antonio Conforti (1er classé) et surtout Nikolaus Tudorin (classé 2e) s’en sont sortis brillamment, avec de jolis épaulements pour le second. Guillaume Diop, (classé 3e) a également fait une forte impression, avec de très jolis tours et une belle musicalité, tout comme Chang-Wing Lam (classé 4e) sans doute un peu desservi par le fait d’être le premier de la journée. On a aussi bien aimé Alexandre Boccara (classé 6e) très dansant. Dans les variations libres, se sont imposés, sans surprise, les promus déjà cités. La Première variation du danseur en brun de Dances at a Gathering de Jerome Robbins choisie par Nikolaus Tudorin s’est révélée un très bon choix, avec une interprétation très précise… et très silencieuse ! Quant à Antonio Conforti, le rôle de Don José a servi ses qualités physiques. On a aussi remarqué Nathan Bisson qui a osé une (épuisante) deuxième variation du Prince Désiré de l’Acte II de La Belle au Bois dormant très musicale et élégante, ce qui ne manquait vraiment pas d’audace et aurait mérité d’être classé. Guillaume Diop a brillé dans la variation de Lucien d’Hervilly de Paquita, Jack Gasztowtt dans celle d’Esmeralda, même s’il est encore un peu fragile techniquement, ainsi que le Roméo d’Alexandre Boccara (classé 6e) et le Tchaïkovsky Pas de deux d’Aurélien Gay (classé 5e).

Au niveau des Coryphées, Florent Mélac (promu, 1er nommé) a dominé sa classe en dansant non pas une, mais deux variations de Noureev, la variation de l’Acte III de Basilio dans Don Quichotte (imposée et volontairement compliquée) et la  (très ardue) variation lente du Prince dans l’Acte I du Lac des cygnes dans laquelle il a excellé, notamment par son lyrisme et une technique impeccable. Simon Le Borgne (promu, 2e nommé), a réussi  avec panache son Basilio, et  a donné une variation d’In The Middle Somewhat Elevated assez incisive de William Forsythe. Thomas Docquir (promu, 3e nommé) a donné une interprétation très honorable de Basilio et une Première variation du danseur en brun de Dances at a Gathering très équilibrée qui méritait cette 3e place. Andrea Sarri (4e) était très bien dans AREPO de Maurice Béjart, variation qui demande hélas plus de personnalité que de technique, Mathieu Contat (5e) a donné un Tchaïkovski-Pas de deux de George Balanchine de belle facture, et Hugo Vigliotti (6e)  était en-deça de ses possibilités et c’est dommage, car c’est un danseur que l’on remarque à chaque fois qu’il apparaît sur scène, pour son tranchant et sa personnalité.

Enfin, les Sujets ont tous été superbes, même si Francesco Mura a soulevé l’enthousiasme dans la variation  imposée du grand pas de deux à l’Acte II de Casse-Noisette, encore une imposée signée Noureev pour sa diabolique complexité technique et plus encore dans Solor de La Bayadère (toujours de Noureev !). De l’audace, du ballon, de la personnalité, et une joie de danser communicative, tels sont les atouts de ce danseur que l’on n’avait, jusqu’ici, pas spécialement remarqué. Le voici donc Premier danseur (1er nommé) en compagnie de Pablo Legasa (2e nommé). Ce dernier a fait également un très beau concours, très expressif dans Première variation du danseur en brun de Dances at a Gathering, et une interprétation très équilibrée et très maîtrisée de Casse-Noisette. Par ailleurs, Jeremy-Loup Quer (classé 4e) a proposé une belle Mazurka de Suite en Blanc, et une imposée réussie mais un peu fragile, Antoine Kirscher était un peu en dessous de ses performances habituelles, malgré un Tchaïkovski-Pas de deux très virevoltant (classé 5e), et Axel Magliano a fait un sans faute techniquement (classé 3e).

Agnès Izrine

Le 8 novembre 2019 Palais Garnier

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