Suresnes Cités danse 2026
La 34e édition de Suresnes Cités danse aura lieu du 9 janvier au 8 février 2026 et présentera dix-neuf pièces chorégraphiques, des ateliers consacrés au waacking, au hip-hop et à la danse électro et une soirée de clôture qui, d’ores et déjà, s’annonce réjouissante avec un grand bal animé par un DJ qui, en suivant les codes du battle, alternera danses urbaines, classiques, contemporaines, swing, flamenco et tuti quanti.
Le thème de la mémoire est d’emblée abordé avec le triptyque chorégraphique de Virgile Dagneaux, PlieR / DéplieR / PeuplieR (le 9 janvier à 19h30 au foyer Aéroplane). Il y sera question de parcours personnel, de « l’empreinte du temps sur son corps », à l’abord de la quarantaine, d’inventaire gestuel mais aussi d’évolution stylistique. Un corps qui sera mis en lumière par un « tapis aux reflets changeants » à l’aide d’une batterie de néons blancs. Le solo virera au duo avec l’entrée en scène de Zelda Bourquin, comédienne, dramaturge et artiste associée au Théâtre de Suresnes Jean Vilar.

La mémoire du corps est aussi au programme de Ces choses qui restent de Lise Dusuel (les 17 janvier à 18h et le 18 à 15h, salle Aéroplane) en faisant appel aux souvenirs qui continuent de vivre en chacun de nous. Aux souvenirs et aux rencontres rendus tangibles par un trio d’interprètes. Lesquels se croisent, se heurtent et s’inspirent mutuellement dans des mouvements issus du hip-hop et de la danse contemporaine.

De la rencontre à la fusion, il n’y a qu’un pas. C’est ce pas qu’ont souhaité franchir Noé Chapsal, Loraine Dambermont et Viola Chiarini dans le cadre du projet FURieuseMent vÔtRe (le 17 janvier à 20h30 et le 18 à 17h, salle Jean Vilar) un plateau partagé on ne peut plus contrasté, faisant se succéder trois chorégraphes aux écritures singulières et débridées qui cherchent à explorer les dynamiques relationnelles. Trois univers, trois énergies, mais une même intensité, nous annonce le site de Suresnes Cité Danse. Dans le cas du solo de Loraine Dambermont Toujours de trois quart face ! inspiré de la vie du karatéka belge Johnny Cadillac (notre critique), cela ne fait aucun doute. Viscum de Noé Chapsal (notre critique) se présente comme un « duo viscéral », fulgurant et félin, tandis que Furiosa de Viola Chiarini, inspiré par la légende de Médée, est un travail de groupe à base de waacking.

On retrouvera, à n’en pas douter, l’énergie déployée par ces trois chorégraphes au cours de la soirée festive SuResNes Danse, dont le titre mélange aussi avec coquetterie minuscules et majuscules. Dans Blister, Tanguy Crémoux et ses trois interprètes nous promettent une danse « survitaminée et libératoire, d’intensité pop ». Avec Aequilibrium, Camille Dewaele ses situe à la croisée du contemporain, du hip-hop, du krump et du… flamenco.

Jann Gallois, quant à elle, cherche à transcender la violence urbaine dans ImmiNentes (les 9 et 10 janvier à 20h30, salle Jean Vilar)(notre article), avec six femmes dans les rôles de sorcières, déesses, nymphes. Sa pièce se veut une alternative au « désastre du présent ». La chorégraphie emprunte au rituel, tire avantage de la douceur, de la force et de la lenteur.

Autre habitué de Cité danses, Mickaël Le Mer, avec ENso – BoléRo (le 7 février à 20h30 et le 8 à 15h, salle Jean Vilar) (notre critique), un travail de groupe pour huit danseurs, retourne aux sources du hip-hop : au cercle ancestral, symbole universel de mouvement, figure géométrique qu’on retrouve aussi bien dans les danses aborigènes que dans celles qualifiées d’urbaines, dans les prouesses circassiennes ainsi que dans des cultes de possession comme le candomblé. Bien sûr aussi dans le Boléro qu’Ida Rubinstein commanda à Maurice Ravel et qu’elle dansa en solo sur un support en forme de table d’auberge espagnole, ronde, comme il se doit.

L’enfance, l’enfance de l’art, le jeu d’enfants, l’enfance tout court, sont des sujets diversement illustrés dans cette édition. Hi-Fu-Mi d’Anthony Égéa (le 9 février à 10h et 14h30, le 10 aux mêmes horaires, salle Aéroplane) emprunte aux jeux de mains et aux défis de cour de récré pour associer ces mouvements répétés ad libitum à la gestuelle hip-hop – Hi-Fu-Mi rimant avec chifoumi, l’équivalent japonais de notre « 1, 2, 3 soleil » ou du jeu de marins antique « pierre-feuille-ciseaux ». Égéa a voulu tirer profit des rythmes élémentaires et de l’univers ludique de l’enfance pour donner naissance à « une chorégraphie vive et espiègle ».

Plus sérieusement, au cours de leur soirée en trois parties intitulée 1+1 = iNfi Ni (le 24 janvier à 18h et le 25 à 17h, salle Aéroplane), à base d’électro, de hip-hop et aussi de parcours de vie commune, Laura Defretin et Brandon Masele posent la question de la maternité.

Des artistes comme Marina Gomes, dans sa Trilogie qui comprend ’AsManti, La CueNta et Bach NoRd (les 23 et 24 janvier à 20h30, salle Jean Vilar) (notre critique), remettent en question, par la danse même, les clichés relatifs aux « cités ». Ils ne composent pas ou plus seulement avec la danse mais aussi en recourant à diverses formes de récit. Gomes propose une fresque chorégraphique inspirée de faits réels et d’une recherche documentaire effectuée par elle à Medellín, en Colombie. La parole est donnée aux victimes du narcotrafic. La musique de Bach essaie, tant bien que mal, d’adoucir les mœurs et de réhumaniser la représentation des quartiers de Marseille.

Balkis Moutashar, dans Nous n’arrivons pas les mains vides (le 31 janvier à 20h30 et le 1er février à 17h, salle Jean Vilar), interroge douze jeunes interprètes pour composer avec eux « une mosaïque vivante où les corps et la voix racontent leur histoire ». À travers la pièce de Tanguy Crémoux, Blister et celle de Camille Dewaele, Æquilibrium, du plateau partagé Au-delà des appaRences (le 31 janvier à 18h et le 1er février à 15h, salle Aéroplane), deux écritures chorégraphiques différentes cherchent à dévoiler l’humain.
Nicolas Villodre
Photo de preview : "Blister" © Emmanuelle Stauble
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