Portraits de danseurs
François Mouriès est photographe et aime à viser les danseurs. Pas en scène mais dans son studio, portrait par portrait. Au festival Le temps d’aimer, à Biarritz, il avait installé un studio au sous-sol de la Gare du Midi, salle de prestige biarrote et siège du CCN dirigé par Thierry Malandain. C’est là, dans l’intimité de ce lieu presque secret qu’il a convié les artistes chorégraphiques de l’édition 2013, en séance privée devant son objectif. Certains ont accepté. Le portfolio ci-dessous en témoigne.
Mouriès vient de la presse magazine et ne se définit pas comme un photographe du spectacle : « Mes différentes rencontres avec le monde du spectacle, sont sporadiques. J'ai rencontré la Compania Nacional de Danza au théâtre du Châtelet au temps de Nacho Duato, mais c’était pour faire quelques portraits de danseurs hors scène. Il y déjà quelques années, au "Printemps des Comédiens" à Montpellier, j'ai collaboré avec une troupe indienne, Navrasa, puis avec la troupe américaine "Ain't Misbehavin" au théâtre de la porte Saint Martin. » Mouriès est avant tout voyageur. « J'ai pendant quelques années suivi les musiciens de Jazz à travers des festivals et aux États Unis. »
Fiction et intimité
Et pourtant, il est curieux qu’un photographe comme lui s’intéresse aux danseurs. Le goût de la rencontre et de l’échange n’y sont pas étrangers. Aussi écrit-il dans ce qui pourrait être la note d’intention d’un livre à venir : « Lorsque j’ai commencé à photographier les comédiens et les danseurs, j’ai été attiré par les deux facettes de ces métiers : celle de la magie de la scène, de la mise en lumière, de la fiction et celle de l’intimité, de l’ombre, du quotidien, deux mondes distincts et complémentaires. J’ai toujours été fasciné par ce moment qui précède la mutation précédant l’entrée en scène. Malgré cela, lorsque je travaille en studio, je recrée un environnement artificiel, éclairé d’une certaine manière, sur un fond neutre, sans possibilité de me raccrocher à des éléments graphiques autre que la personne qui me fait face. Je prête une attention particulière à la lumière qui me permettra, parfois, de mieux souligner une silhouette, d’accentuer un regard, mais cela reste aléatoire car rien n’est jamais joué d’avance. »
Une affaire de confiance
A propos de sa méthode : « La révélation des corps, des regards et des attitudes se fait naturellement dans ce face à face, ou ne se fait pas. Les comédiens et les danseurs savent se mettre en représentation, et j’essaie de les diriger le moins possible, mais sur toute la durée d’une prise de vue apparaissent parfois des intervalles ou la pose se relâche, on peut alors observer une certaine vulnérabilité, une faille dans le contrôle de l’apparence. De la même façon que l’on passe des coulisses à la scène, l’image que l’on doit donner de soi requiert une certaine attention, un miroir mental nous renvoie ce que l’on croit être la meilleure image, exercice quotidien pour un comédien ou un danseur professionnel. Cette concentration exige des pauses, des parenthèses pendant la prise de vue. Apparaît alors une forme de complicité et de confiance entre l’acteur et le photographe. »
Loin du star système
Mais elle est bien curieuse, cette rencontre sur le fil du rasoir, ce jeu avec la mise en scène en studio qui est censée révéler ce qui se cache derrière l’image donnée en scène. « J’ai eu envie de réaliser cette série de portraits, loin du star système, mais plus proche de la passion qui anime celles et ceux qui nous font rêver le temps d’une représentation, sans oublier le travail et l’opiniâtreté que cela implique au quotidien. Je ne cherche pas à reproduire une quelconque ressemblance fidèle à leurs « véritables » apparences, mais à essayer de traduire l’espace qu’il y a eu entre eux et moi et à en restituer une trace dans ce qu’ils ont bien voulu me donner. C’est souvent au vu du résultat final que la rencontre prend tout son sens, en mettant à jour ce qui n’était que des pressentiments. »
Thomas Hahn
François MOURIES
1951 Montréal (Canada)
• 1970/1974 : Agence maritime Flétamar, Buenos Aires (Argentine).Séjourne au Pérou, Paraguay, Bolivie, Guyane.
• 1974 : Stages de photographie en Arles. Stage de techniques expérimentales de tirage N&B chez Claudine et Jean Pierre Sudre à Lacoste.
• 1976 : Voyage aux Etats Unis : photographe à la WRAL TV 5 à Raleigh (Caroline du Nord). Assistant studio photo publicitaire Studio R.Binette à Montréal (Canada)
• 1978 : Entreprend un travail photographique sur les musiciens de Jazz,
• 1980 : Reportages pour le groupe Marie Claire, le Figaro Madame, Muséart, Maison & Jardin, Jardin des Modes, en tant que journaliste et photographe indépendant.
• 1981 : Photographe de plateau, production Bay Vista. Studios de la Victorine, Nice.
Service de Presse France Télévision. Paris.
• 1984 : Résidence artistique pour la Scène Nationale du Sud Aquitain. Directeur artistique de la Galerie Espace Image à Bayonne. Collaboration avec les agences de publicité Sprint, Lintas, Gibraltar, Paris.
• 1995 : Elle Décoration, Elle à Table, Grazia.
• 1996 : « Un Paseo :La Habana, Vinales » (editions Bay Vista).
• 1998 : Exposition Universelle de Lisbonne, Pavillon français « Routes Océanes » . Parution « Routes Océanes » (éditions En Vues).
• 2000 : « Eskualdunak » (éditions Bay Vista).
Série de portraits sur les comédiens à Paris (Look at Me).
• 2003 : Série sur les populations du littoral de la Mer Noire ; Turquie, Roumanie, Bulgarie
• 2005 : Exposition « Look at Me » galerie Chopard. Nice.
• 2008 : Exposition « Look at Me » galerie St Jacques. Toulouse
Collaboration MSO magazine. Toulouse.
• 2011/2012 : Série de portraits sur les Roms. Série « Tres Pueblos » sur les villages du sud de la Navarre (Espagne).
• Avril 2013 : Exposition « Tres Pueblos » Institut Cervantes dans le cadre du Festival « Itinéraire des Photographes Voyageurs » Bordeaux.
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