Olivier Dubois à Roubaix : Un projet d’ouverture
Après plus d’un an à la direction du Ballet du Nord, Olivier Dubois tire un premier bilan : Ce qui est fait, ce qui reste à faire.
Après une première année passée à la tête du CCN de Roubaix sans création, Olivier Dubois relance la machine. Après Mon Elue noire, son solo pour Germaine Acogny, il annonce pour le mois de juin Les Mémoires d'un seigneur ou l'Homme disparu, un solo pour Sébastien Perrault, l'un des interprètes de Tragédie, et quarante amateurs masculins. La pièce sera créée dans le cadre de Made in RBX, un "événement ouvert sur la ville".
Ouverture sur la ville ! C'est sous ce terme qu'on peut résumer la révolution que Dubois s'efforce à apporter au Ballet du Nord. Cela passe par une analyse du contexte sociétal: " Roubaix compte parmi les populations les plus jeunes de France, mais c'est aussi une des villes les plus pauvres. Mais on y trouve aussi l'un des quartiers avec le plus de personnes redevables de l'ISF." Ces contrastes sociaux obligent à choisir. À qui s'adresse-t-on ? Dubois mise sur sa personnalité pour entrer en contact avec des pans de la population qui a priori ne s'identifieraient pas avec un Ballet, fut-il "du Nord". Mais Dubois n'est pas timide: "Je suis allé dans un bar à chicha, je leur ai fait une démo de danse, suite à quoi certains sont venus au Colisée, pour la première fois."
Ouverture des portes: "On voit maintenant des danseurs amateurs s'exercer au Colisée. Avant, il y avait un service de sécurité. Les gens de la rue de l'Epeule (où se trouve Le Colisée, NDLR) ne le fréquentaient pas." Ouverture des studios: "Le CCN dispose de plusieurs studios. Ils seront mis à la disposition de vingt à trente compagnies par an, 319 jours sur 365." Au programme, des résidences d'un mois, voire de trois mois, ces dernières étant réservées aux artistes de la région. Ouverture au-delà du Colisée: "Nous allons programmer plus d'événements dans les petites salles, à commencer par la Condition Publique." Des temps forts comme Jouvence ou Shake... Shake... Shake, un concours ouvert à tous, ont montré comment Dubois réaménage le territoire chorégraphique local.
Ouverture sur l'Afrique : Cela fait un certain temps que les chemins de Dubois croisent ceux de Germaine Acogny à l'Ecole des Sables au sud de Dakar et de Karima Mansour au Cairo Contemporary Dance Center (CCDC). Souls, sa création avec la compagnie Jant-bi d'Acogny fut sa dernière avant sa prise de fonctions à Roubaix. Elle sera en tournée le 25 avril à l’Institut français de Dakar et le 30 avril à l’Institut français de Cotonou. Mon Elue noire sera à l’affiche du festival La Bâtie de Genève, les 30 et 31 août 2015.
Son naturel aventurier n'empêche pas qu'il connaît les règles qui s'appliquent à la gestion d'un CCN, d'autant plus que Dubois est le vice-président de l'Association des Centres Chorégraphiques Nationaux. "La première mission d'un CCN est de produire, pas de programmer. Mais je ne veux pas m'autoproduire à outrance. La limite légale est de trente pourcent du budget." En même temps il lui faut redéfinir un projet pour l'école de danse: "Un CCN à vocation contemporaine avec une école de danse est un cas unique. Il me faut repenser le projet, artistiquement et économiquement, alors que je ne suis pas pédagogue. »
Le prochain rendez-vous avec Dubois est donc du 19 au 21 juin, pour Made in RBX, avec la création de Mémoires d'un seigneur ou l'Homme disparu.
Thomas Hahn
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