Montpellier Danse 2021 – le bilan
Retour sur une édition presque comme avant la pandémie, avec des spectacles au plus près de nos inquiétudes actuelles.
Le 41e festival Montpellier Danse, était – inévitablement – une édition très particulière, mais entièrement réussie dans les conditions adverses de la pandémie. Surtout, l’horizon parait dégagé grâce à l’attention du nouveau maire de Montpellier, Michaël Delafosse (PS) qui s’intéresse au festival jusqu’à venir assister à un grand nombre de spectacles. « C’est presque comme au temps de Georges Frêche », se réjouit Jean-Paul Montanari qui a présenté les chiffres clé et son bilan artistique personnel.
La valse des chiffres
Le nombre de spectateurs a évidemment baissé par rapport à l’édition 2019 (qui était la 39e, la 40e ayant dû être annulée et remplacée par une 40bis), puisqu’il fallait réduire la jauge à 60%. Le taux de fréquentation, lui, reste cependant à 95%, tout comme le nombre de créations ou premières en France (13). Si les recettes en billetterie baissent pour le festival (de 450.000 € à 220.000 €), elles augmentent sur le reste de la saison (de 322.000 € à 349.000 €), suite aux aléas des divers (re-)confinements.
Mais moins de spectacles, c’est aussi moins de dépenses, et donc une baisse du budget artistique pour le festival par rapport à 2019 (de 970.000 € à 550.000 €). Mais là aussi, les chiffres augmentent pour le reste de la saison, de 300.000 € à 400.000 €. Tout cela est certes (corona-)conjoncturel. Mais la tendance générale va dans le même sens. Montanari souligne que depuis quelques années, la part du festival dans le budget global de Montpellier Danse a tendance à baisser, puisque les propositions sur l’année se développent de plus en plus et que le festival s’inscrit désormais dans une activité plus continuelle que saisonnière.
Côté financements publics, c’est surtout la baisse de la subvention allouée par le Conseil Général Occitanie qu’on remarque (de 523.000 € à 470.000 €). Sans que cela pousse Montanari à lancer une alerte. Au contraire, le soutien cumulé (Montpellier Métropole, Conseil régional, DRAC pour la saison et le festival) dépasse toujours les 2.3 millions d’euros (pour un budget total de plus de trois millions d’euros). La sérénité est de mise. Et Montanari d’expliquer qu’il continue d’être émerveillé et étonné « tous les matins en arrivant à l’Agora » de voir une telle structure pour la danse s’inscrire dans la ville.
Des spectacles toujours plus divers
Aussi est-il sans doute en ce moment plus serein que les artistes. Car le Directeur de Montpellier Danse relève que dans cette édition, « la mort était présente dans presque tous les spectacles. » Les artistes, on le sait, sont des sismographes sensibles et les temps qui courent peuvent effrayer, perturber, révolter. D’autre part, la nature des propositions se diversifie. Montanari souligne une ouverture du festival avec deux spectacles sans « danse » au sens commun du terme [lire notre article], et en plus un nombre croissant de propositions utilisant la parole (y compris chantée), ce qui n'est, selon lui, « pas si fréquent dans l’histoire du festival ».
Et on sait d’ores et déjà que l’année prochaine, le chant aura encore son mot à dire. Et comment ! Car le bilan de l’édition qui est en train de s’achever est toujours l’occasion de donner quelques pépites de la programmation de l’édition suivante, déjà presque complète. Mais tout n’a pas été révélé. Juste quelques points forts… Dont le spectacle d’ouverture, qui fera en même temps la clôture du festival lyrique car il s’agit d’une création du chorégraphe Pontus Lidberg. Le Suédois créera une version chorégraphique des Sept péchés capitaux de Kurt Weill, œuvre qui ne cesse d’attirer les chorégraphes, dont, après Pina Bausch, une certaine Laura Scozzi à l’Opéra de Paris en 2001, là-même où Lidberg créait en 2019 sa vision des Noces de Stravinsky. Cette ouverture partagée donnera le coup d’envoi le 18 juin 2022, ce qui avance le début du festival de quelques jours.
Ensuite, l’heureux élu pour une création au Corum est : Emanuel Gat ! Il y présentera une pièce inspirée des jeux de lumière créés par le soleil au Studio Cunningham, espace qu’il reconstituera sur la plus grande scène de Montpellier. La démarche peut rappeler celle de Lucinda Childs dans Available Light (à vérifier dans un an). La venue de la Batsheva, compromise en cette année par la Covid-19, est de nouveau promise, et on croise les doigts. Deux autres propositions ont aussi été révélées, à savoir Necesito de Dominique Bagouet, remonté pour les 30 ans de la mort du premier directeur de Montpellier Danse et une première française de Wayne McGregor ainsi qu’un projet itinérant, dans 30 villes du département.
Thomas Hahn
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