Mickaël Le Mer, atout gagnant
On l’avoue humblement, jusqu’à ce mois de janvier on n’avait pas vraiment situé Mickaël Le Mer dans la grande famille du hip hop. En 2010 pourtant, sa compagnie S’ Poar, basée à La Roche-sur-Yon, avait présenté Na Grani à Suresnes cités danses, puis tourné un peu partout avec les pièces suivantes.
Ce sont précisément deux d’entre elles, Rouge et Rock it Daddy , qu’a choisi de programmer Olivier Meyer pour les vingt-cinq ans de Suresnes cités danses.
Rouge © Le Poulpe
Cette heureuse initiative a permis d’applaudir au théâtre Jean Vilar deux spectacles qui, bien que très différents, suscitent le même plaisir communicatif. Plaisir de voir de la danse virtuose interprétée avec talent. Plaisir de sentir un public à l’unisson et qui « en redemande », dans la meilleure tradition de Suresnes.
Plaisir enfin de découvrir un chorégraphe inventif, qui tout en mettant en valeur la performance physique, sait construire un univers stylistique et visuel.
Dans Rouge, ce savoir faire s’exprime dans une écriture ciselée et un découpage rigoureux des séquences composant la pièce. Sans rien céder à la facilité - pas de rouge dans les décors, ni les lumières ou les costumes - Mickaël Le Mer met en scène un collectif de sept danseurs époustouflants qui incarnent successivement tous les états de corps associés à la couleur rouge.
Entre break et danse contemporaine, entre pirouettes au sol et diagonales sur le plateau, Le Mer orchestre la palette des émotions les plus extrêmes. La danse passe d’une agressivité très maîtrisée à une rondeur euphorisante toute en roulades et enveloppements, toujours portée par des interprètes au sommet.
On retrouve deux d’entre eux dans Rock it Daddy, hommage épatant au bon vieux rock d’antan, comme l’indique le titre. Transformés en rejetons des années 50-60, six B-Boys revisitent à un train d’enfer, et avec humour, les standards du répertoire.
Aux déhanchements typiques de la musique et de la gestuelle de l’époque, s’ajoutent des acrobaties hip hop qui déclenchent l’enthousiasme de la salle. Jusqu’au feu d’artifice final, sur le célèbre The Wall des Pink Floyd, où les danseurs ‘donnent tout’ avec une générosité jubilatoire. Impossible de résister à tant de brio et de bonne humeur !
Isabelle Calabre
Dernière représentation de Rock it Daddy le 24 janvier à Suresnes cités danse.
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