L.A. Dance Project 3 au Châtelet
Le LADP (Los Angeles Dance Project), troupe américaine de Benjamin Millepied, revenait pour la troisième fois au Châtelet avec, au programme, une création mondiale de Sidi Larbi Cherkaoui Harbor Me. Une fois de plus Charlie Hodges, sublime danseur et égérie de la compagnie a brillé de tous ses feux. Le programme présentait trois courtes pièces, un format très américain, plutôt rare sous notre latitude, mais très efficace.
« En regardant les danseurs dans le studio, raconte Sidi Larbi, je me suis imaginé que chacun d’entre eux personnifiait un élément – l’eau, l’air, le feu – et que la scène représentait la terre sous leurs pieds. » Dansé par Aaron Carr, Charlie Hodges, et Morgan Lugo, Harbor Me est avant tout une chorégraphie organique.
Pris dans une une sorte d’équilibre obtenu sur une espèce de porte-à-faux, les danseurs s’entremêlent, roulent, s’étirent infiniment. Les bustes se dilatent et se déploient, dans toute la largeur de leur envergure. Les bras se tendent, s’avancent, contenant déjà toute l’action qui va s’accomplir. Il y a une sorte de mysticisme des effondrements, au milieu d’un murmure continuel qui descend dans un monde où l’obscurité prévaut. Les corps s’ajustent comme pour le sommeil, leurs gestes s’alentissent tandis qu’une lumière dorée nimbe quelque détail, accentue un muscle, fait surgir un membre de l’ombre.
Galerie photo : Marie-Noëlle Robert/ Théâtre du Châtelet
Une architecture de courbes et de volutes creuse l’espace, invente une sensualité masculine, à travers des perspectives qui ne se découvrent que dans le mouvement continuel des trois interprètes. La musique du compositeur coréen Woo Jae Park en s’inspirant vaguement de la chanson Would you Harbor me de Dr Ysaye M. Barnwell crée une ambiance éthérée et poreuse qui convient bien à l’alchimie subtile de la chorégraphie.
"II Acts for the Blind de Roy Assaf", photos Laurent Philippe
Le programme se poursuivait avec l’intelligent II Acts for the Blind, la création de Roy Assaf. Son idée de re-présenter une même chorégraphie, la première fois nue, la deuxième fois habillée d’un texte et d’un contexte est lumineuse et pertinente. (Lire notre critique)
"Hearts & Arrows" photos Shayna Batya pour Yatzer.
Enfin, Hearts & Arrows de Benjamin Millepied, dont la dynamique et la complexité technique, voire même les costumes, ne sont pas sans rappeler le chef-d’œuvre de Twyla Tharp In the Upper Room, est une pièce bien enlevée, qui démontre surtout que Benjamin Millepied sait à merveille se servir du vocabulaire classique pour l’amener ailleurs. (Lire notre critique)
"Hearts & Arrows" photos Laurent Philippe
Acclamé par le public du théâtre du Châtelet, Benjamin Millepied est venu saluer en jean, baskets, et large chemise à carreau aux manches retroussées. Un détail vestimentaire qui nous informe que nous avions bien devant nous le directeur et chorégraphe du L.A. Dance Project. Ou, dit autrement, qu’il faut savoir ne pas se tromper de casquette pour être à l’aise dans ses baskets !
Agnès Izrine
Du 8 au 11 avril 2015 Théâtre du Châtelet, Paris.
En tournée :
14/04/2015 - Chartres, Théâtre de Chartres
17/04/2015 - 18/04/2015 - Vérone (Italie), Théâtre Ristori
22/04/2015 - Creil, La Faïencerie Théatre
20/05/2015 - 21/05/2015 Brest, Le Quartz
28/05/2015 - 29/05/2015 - Rouen, Opéra de Rouen
02/06/2015 )- Colombes, L'Avant Seine, Théâtre de Colombes
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