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June Events : Mié Coquempot parle de « Rhythm »

Mié Coquempot vient de créer Rhythm à l’Arsenal de Metz. Porté par une composition originale de Pierre Henry qui signe également la scénographie, ce duo de 70 minutes intègre un film dansé, tourné dans la Vallée de la Mort, en Californie. À voir au festival June Events le 12 juin.

Danser Canal Historique: Vous créez une nouvelle fois avec Pierre Henry. Comment se porte le père de la musique électroacoustique au temps présent?

Mié Coquempot: Pierre Henry va très bien. Malgré ses 87 ans, il arbore une vitalité incroyable. Il a la tête claire et ses journées sont très minutées, pour respecter le rythme de son corps. Il prépare par ailleurs une relecture de la Messe pour le temps présent qu’on verra en janvier à la Philharmonie de Paris.

DCH : Votre création chorégraphique s’appelle Rhythm, ce qui ne semble pas trop coller à l’univers musical de Pierre Henry.

Mié Coquempot: Justement, il s’agit pour nous de traiter du temps, et donc aussi du rythme, à travers des paysages. Les paysages portent en eux les signes du temps. Nous voulions, Jérôme Andrieu et moi, aller vers des paysages où l’homme n’a pas laissé de marques parce qu’il n’a pas d’emprise. C’est dans le Grand Ouest américain que nous en avons trouvé. Nous sommes allés dans la Vallée de la Mort avec son jeu géologique d’érosion et de sédimentation, pour nous trouver nous-mêmes. Nous y avons tourné un film dans lequel nous dansons et nous l’avons remis à Pierre Henry pour qu’il compose une musique à partir de ses impressions. Nous lui avons aussi expliqué notre scénario et nos intentions dramaturgiques. L’idée est d’inverser le processus de création, car je chorégraphie habituellement à partir d’une musique préexistante.

 

DCH: Pierre Henry n’est-il pas plutôt un paysagiste du son?

Mié Coquempot: Il est vrai qu’il est un peintre. Il peint sa musique. Et il a besoin de ressentir les choses, pour  composer à partir d’images, d’émotions. Par exemple, quand il sent qu’on a du plaisir à un endroit, il met ce plaisir en musique, à partir de son extraordinaire banque de sons dont il extrait la palette à utiliser pour une création donnée. Il y a des sons, des vitesses, des textures qui sont plus liés à moi ou à Jérôme en tant que danseur. D’autres univers sont plutôt liés au paysage, celui du lac de sel séchée de Badwater, très aride et apparemment en noir et blanc. C’est la fameuse grande plaine, largement sous le niveau de la mer. Le jour de notre passage il y avait un vent phénoménal. On ne tenait pas debout. En plus, le sol s’y dérobe sous vos pieds. Ca a donné des danses extrêmement syncopées, entre le vent qui nous repoussait et notre désir de tenir debout. Pierre Henry y a réagi avec une bascule musicale incroyable. Pour Rhythm, il a travaillé avec un logiciel qui lui permet de synchroniser le son et l’image à une centième de seconde près.

DCH: Nous voyons donc une chorégraphie issue de la Vallée de la Mort?

Mié Coquempot: Pour nous, il était important de finir le film pour construire le spectacle et imaginer une forme scénique pour cette danse. Le film est effectivement le noyau de Rhythm, sa cellule souche et sera présent sur scène sous forme d’installation. Ce ne sera pas un simple écran de fond.

DCH: C’est donc une pièce sur l’équilibre?  

Mié Coquempot: Dans notre monde il devient de plus en plus difficile d’être soi-même. Le séjour dans un tel paysage aide à se retrouver. Et nous avons trouvé nos mouvements et nos personnages dès le premier jour de tournage. Nous sommes un duo, mais pas un couple. Nous y voyons plutôt deux facettes d’un même personnage et nous essayons de porter l’humain, sans romantisme aucun.

Propos recueillis par Thomas Hahn

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