« On descend à la rue Princesse » de Massidi Adiatou
Pour leur 41e édition, les Zébrures d’automne ont donné en primeur à l’Opéra limougeaud On descend à la rue Princesse de Massidi Adiatou et de la compagnie N’Soleh. Ainsi s’est ouverte une manifestation placée sous le signe des Francophonies.
Avant de prendre la rue Princesse, les membres de N’Soleh et nombre de danseurs amateurs autochtones par eux affranchis auparavant, ont emprunté dans l’après-midi celles conduisant de la place de la Motte à celle de la République. Ce dans une joyeuse déambulation, tout d’abord au rythme du tambourinaire Élysé Song puis, par la suite, sur la musique électro d’un sound system fabriqué par les techniciens du festival embarqué sur un triporteur jaune citron conduit par un gilet jaune.
Galerie photo © Christophe Pean
D’emblée était donné le ton. Les danseurs de Massidi Adiatou ont offert au public devant les Halles centrales de la ville une démo de danses urbaines revisitées, des sauts périlleux en veux-tu en voilà avec prise de risque insensée, une série impressionnante de roulades et de chutes sur le dos à même le pavé détrempé. Le public a suivi, accompagné et soutenu de la voix et du geste la manif protégée par un service d’ordre civil, restreint, veillant au grain.
Autant dire que les danseurs de la compagnie sont rompus – dans tous les sens du terme – à l’animation de groupe et de foule et aux « projets » (mot récurrent dans la bouche d’Adiatou) dits participatifs. Lui et sa troupe ont ainsi orchestré de grandes cérémonies comme l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations de football en 2012 au stade de Bata en Guinée équatoriale.
Galerie photo © Christophe Pean
Le soir, on est passé aux choses sérieuses. Autrement dit, à la rigolade. Avec un show grand public rétablissant le quatrième mur sur le plateau du Grand théâtre de la rue Jean-Jaurès. Un spectacle de cabaret mettant en scène et en abyme un maquis (une gargote) de type futuriste comme ceux qui avec les bars et les établissements nocturnes de la rue Princesse d’Abidjan, une des fréquentées du continent africain.
L’action est censée se passer en 2030, ce qui est proche et lointain à la fois. Les mœurs sont libérées – le thème de l’homosexualité est abordé de façon plaisante –, l’ambiance est détendue, les danses sont de plus en plus dynamiques aussi bien celles à plusieurs que les solos, les costumes ont l’extravagance des zazous des années quarante, la musique électro du DJ renforcée par la batterie tradi du musicien virtuose qu’est Élysé Song sont tels que l’on ne s’ennuie pas une seconde.
Galerie photo © Christophe Pean
Certes, la structure de la pièce peut encore être abonnie ; il serait possible de faire alterner temps forts et temps faibles – ceux-ci, paradoxalement, nous manquent – ; on devrait pouvoir aiguiser l’éclairage ; la vidéo, très efficace à l’entame avec les gros plans de masques africains, cesse d’être utilisée par la suite… Au final, le public est appelé à rejoindre les danseurs sur les planches. Ceux-ci sont à juste titre rappelés par le reste de la salle. Tout Limoges a le sourire.
Nicolas Villodre
Vu le 25 septembre 2024 au Grand théâtre de Limoges.
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