« D’amour » création de Thomas Lebrun
Une œuvre sensible, délicate, émouvante et pleine d’humour qui s’étend sur 100 ans de chansons tout en évoquant habilement l’actualité.
Par un après-midi pluvieux, une foule de tout âge attend pour accéder au CCN de Tours. On imagine difficilement que chacun puisse entrer, mais presque par magie, c’est devant une salle comble où les enfants en bas âge furent placés dans les premiers rangs, que D’amour, la création de Thomas Lebrun a débuté.
En fond de plateau, un rideau de fils pailletés est orné en son centre d’un immense cœur rouge. Eh oui, il s’agit de parler d’amour comme l’indique le titre de la pièce. Mais, comme à son habitude, Thomas Lebrun arrive une nouvelle fois à nous surprendre en évoquant au fil des chansons et de sa chorégraphie, une pléiade de situations complexes, dramatiques, hilarantes et romantiques. De Charles Trenet à Zaho de Sagazan, de l’amour fou au chagrin d’amour, de la joie à la profonde tristesse qui s’en dégagent, à la vérité cruelle de l’actualité, cette création si originale de Thomas Lebrun est un pur divertissement.
Grâce à ce foisonnement d’histoires qui se déploient sur une centaine d’années, les quatre danseurs (deux femmes et deux hommes) narrent la vie présentée comme au music-hall par Radio Love commenté par la voix de Nicolas Martel qui annonce chaque romance et son ou ses interprètes.
Le grand amour avec le puissant duo de Piaf et Théo Sarapo À quoi ça sert l’amour. L’inoubliable Tonight, air de Maria et Tony composé par Leonard Bernstein pour West Side Story(inspiré de Roméo et Juliette),où l’amour fou et dramatique des deux jeunes est ponctué à la fin d’une sacrée note d’humour puisque Maria est remplacée subrepticement par un danseur aux cheveux longs. Et rires avec Patrick mon chéri et la vision du coté un peu « nunuche » de Sheila…
Galerie photo © Frédéric Iovino
Dans la grande majorité de ses pièces, Thomas n’a jamais abordé un thème sans l’ouvrir vers l’engagement, des vérités dérangeantes, des faits actuels… Il ose toujours tout ! La preuve dans D’amour où le patchwork des rengaines insufflel’importance et la valeur des différences sociales et culturelles… l’évocation du harcèlement scolaire, du consentement…. Ceci toujours par le biais de tubes anciens et récents plus connus par les jeunes.
Fort bien sonorisés les play-back des danseurs sont époustouflants tant ils et elles nous bluffent. Quant à la chorégraphie, elle oscille et évolue avec perfection au fil des années. Le rock, le slow, le disco, le contemporain… agrémentés de costumes chatoyants, d’une boule à facettes, de paillettes et toujours ce cœur rouge qui scintille. Les excellents interprètes, Sylvain Cassou, Élodie Cottet, Lucie Gemon et Paul Grassin émerveillent le public tant ils sont vrais, sincères, joyeux et émouvants en dansant et jouant chaque romance avec une remarquable aisance.
De ces multiples fusions naît une progression dramaturgique fort bien étudiée par le chorégraphe. Cet hymne à l’amour et à la tolérance engendre de la joie, de l’émotion, du délire hilarant et une délicieuse poésie. En sortant, une spectatrice a dit « J’en ai plein la tête, plein les yeux, plein le ventre et surtout, plein le cœur ». Elle résume à merveille ce que toute la salle, petits et grands on ressenti.
Un voyage limpide entre danse et musique, sensible, drôle et éblouissant d’authenticité qui émerveille et touche l’âme, dont le leitmotiv est l’empreinte sur la liberté de penser et de vivre. Un hymne à la tolérance !
Sophie Lesort
Spectacle vu le 22 janvier 2025 à Tours
D’amour
Conception et chorégraphie : Thomas Lebrun
En connivence avec les interprètes : Sylvain Cassou, Élodie Cottet, Lucie Gemon, Paul Grassin
Création lumières : Jean-Philippe Filleul
Création son : Clément Hubert
Création costumes : Kite Vollard, Thomas Lebrun
Assistantes à la création : Anne-Emmanuelle Deroo, VeroniqueTeindas
Voix : Nicolas Martel
Musiques : Charles Trenet, Lucie Dolene, Edith Piaf, Theo Sarapo, Leonard Bernstein, Ane Brun, Sheila, Lionel Richie, Elli&Jacno, Lady Blackbird, Richard Sanderson, Safia Nolin, Shy’m, Maëlle reprise par Seb Martel et Cindy Pooch, Zaho de Sagazan.
En tournée :
6 et 07|02 Théâtre d’Angoulême, (4 représentations). 14 au 16|03 Chaillot,Paris (5 représentations). 10 au 12|04 La Ferme du Buisson, Noisiel (4 représentations)
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