Concours DIALOGUES J-13
Dans cette série d’interviews, nous présentons les cinq compagnies sélectionnées pour participer à la première édition du concours DIALOGUES, initié par Mourad Merzouki, avec le mécénat de la Caisse des Dépôts et en partenariat avec Pôle en Scènes.
Marina Gomes a fondé la compagnie Hylel en 2018 et présente Asmanti, une pièce qui parle de la vie des jeunes dans les cités. Cette création pour quatre danseurs et un comédien reçoit le soutien de plusieurs structures marseillaises (dont KLAP-Maison pour la danse et le CCN Ballet National de Marseille), mais aussi celui de la Briqueterie-CDCN du Val-de-Marne.
Danser Canal Historique : Qu’est-ce qui vous a lancé dans la création chorégraphique ?
Marina Gomes : J’étais d’abord interprète dans la compagnie Massala de Fouad Boussouf qui m’a confié, à partir de 2015, les chorégraphies des projets jeunes danseurs de la compagnie. Le souhait de chorégraphier a émergé à ce moment, même s’il m’a encore fallu du temps pour prendre confiance. En 2018 je me suis rendue en Colombie pour donner une master class et j’ai commencé un projet de création avec une chorégraphe locale, Ingrid Londoño. Quand j’ai vu l’énergie incroyable avec laquelle Ingrid menait son travail dans des conditions très dures, je me disais que je pouvais y arriver aussi !
DCH : Comment définissez-vous votre univers artistique ?
Marina Gomes : Nous sommes moins une compagnie « de danse urbaine » que de danse nourrie par la culture urbaine. Nous essayons de ne pas nous fixer de limites et de mener un travail engagé au sens politique et citoyen. Mon esthétique est peut-être nourrie d’influences cinématographiques plus que chorégraphiques, ce qui reflète le fait que je viens plutôt d’un milieu populaire. Nous travaillons sur ce que peut être la vie des jeunes dans les quartiers populaires. Cette vie est à la fois riche et agréable et soumise à des empêchements et parfois à la violence. Je veux donner une vision non manichéenne et inviter à nous regarder avec un peu de bienveillance.
DCH : Que représente l’idée d’inter/pluridisciplinarité (qui est mise en avant pour ce concours) dans votre travail ?
Marina Gomes : Nous n’avons pas abordé cette création en nous disant d’emblée que nous allions croiser danse et théâtre pour être interdisciplinaires. C’est au fil des répétitions qu’est venue l’envie d’utiliser les mots et d’autres manières de communiquer qui sont spécifiques aux cités comme certains sons, les sifflements, les rires. Le jeu d’acteur a donc naturellement pris une place grandissante. Pour aller plus loin dans le jeu théâtral et trouver une plus grande justesse, nous avons intégré Jordan Rezgui, un comédien formé au conservatoire national.
DCH : Que représente le spectacle que vous présentez au concours dans votre parcours artistique ?
Marina Gomes : Asmanti, qui veut dire « mon ciment » en arabe, constitue un diptyque avec Nido – Le nid, la pièce que nous devions créer à Bogotá, avant que la Covid-19 n’interrompe le processus. Asmanti n’est donc pas vraiment ma première création, mais se réalise en premier. J’y travaille avec plusieurs danseurs rencontrés au sein de la compagnie Masala et la compagnie est née avec le projet de ce diptyque. Le but est de parler des cités et aussi de nous y implanter. Je vis dans le IIIème arrondissement de Marseille où nous créons en parallèle des actions de terrain avec des jeunes que j’invite à s’exprimer par la danse, même s’ils n’ont jamais fait de danse avant. Je veux aussi travailler sur une version d’Asmanti pour la rue, pour m’adresser aux gens qui ne fréquentent pas les théâtres.
Propos recueillis par Thomas Hahn
Cie Hylel est l’une des cinq compagnies sélectionnées pour participer à la 1ère édition du concours DIALOGUES initié par Mourad Merzouki.
Samedi 23 janvier 2021 à 19h30 à Bron, Pôle en scènes
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Dialogues-Concours Chorégraphique
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