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« Camping 2018 » : Cap sur l’Asie !

Mathilde Monnier ouvre le CN D aux écoles, danseurs, étudiants et chorégraphes pour un Camping qui met l’Asie à l’honneur.

L’ascension de l’Asie dans les rapports de force en ce monde commence à devenir palpable, même dans la danse. Les coopérations entre l’Europe le lointain Orient se renforcent, dans un donnant-donnant, où l’Europe apporte sa maturité artistique et structurelle et l’Asie mise sur sa volonté d’intégrer les réseaux internationaux et apporte ses ressources financières. Il y a deux ans, Danse élargie avait organisé un volet de son concours à Séoul. Aujourd’hui, Camping lance sa quatrième édition autour d’un focus asiatique, et plus précisément taïwanais, en préparant une édition à Taipeh qui aura lieu l’année prochaine : Ce sera Camping Asia, en partenariat avec le Taipei Performing Arts Center.

Aller-retours Asie-Europe

C’est donc un artiste taïwanais, River Lin, qui mène le bal, avec 20 Minutes for the 20th Century, but Asian, un solo où il revisite un solo de Tino Sehgal de 2000, basé sur des  pas de danse iconiques du XXe siècle. En transposant le principe vers la danse asiatique, River Lin éclaire la façon dont l’Occident a influé sur l’élaboration du vocabulaire moderne en Asie. Ce solo est interprété par un autre Taïwanais, le danseur Wen-Chung Lin, formé à la fois aux danses folkloriques chinoises et au ballet classique.

De la Corée du Sud vient Jeong Seyoung avec Leap, Hop, Jump, Land qui aborde dans ce trio notre rapport à la gravité, dans la dérision d’une situation spectaculaire avec sauts, portés, chutes et atterrissages. La version initiale a été créée en 2013 dans le cadre de Exerce, au Centre chorégraphique national de Montpellier.


Le Japonais Michikazu Matsune se penche dans Dance, if you want to enter my country! sur le cas d’Abdur Rahim Jackson, danseur afro-américain de la compagnie d’Alvin Ailey. Jackson fut contraint, en 2008, de démontrer sa profession à l’aéroport de Tel-Aviv pour être autorisé à entrer sur le territoire israélien. La performance de Matsune réunit danse, théâtre d’objets, vidéo, photographies et éléments narratifs.

Avec River Lin qui vit à Paris, la pièce de Jeong Seyoung produite à la fois par ICI-CCN Centre chorégraphique national Montpellier - Occitanie et la Korea National Contemporary Dance Company, et Matsune qui vit en Autriche, la danse montre sa capacité à lier les deux hémisphères et à développer un point de vue transcontinental sur nos identités culturelles. Et on en débattra, dans une série de rencontres autour de la post-colonisation, des pratiques queer, des indigènes, de l’interdisciplinarité et beaucoup d’autres.

Workshops et rencontres d’écoles

Camping, lancé il y a quatre ans par Mathilde Monnier, juste après sa nomination à la direction du CN D, n’est cependant pas une vitrine pour les chorégraphes et leurs créations. Camping se définit avant tout comme une rencontre entre différentes écoles, d’art, de danse du monde entier, et comme un vivier de workshops. Ceux de Camping 2018 ne suivent pas une orientation géographique, mais offrent un programme haut de gamme d’intervenants internationaux représentant des recherches les plus diverses. Les danseurs peuvent travailler avec Elsa Wolliaston autant qu’avec François Verret, avec Kettly Noël et Trajal Harrel,  avec La Ribot, Jennifer Lacey, avec Myriam Gourfink, Damien Jalet, Benoît Lachambre, Salia Sanou et beaucoup d’autres.

Bousculer les esthétiques

La programmation danse prévoit quelques créations historiques et iconiques de la danse contemporaine. Xavier Le Roy  reprend son fameux Self Unfinished, et Erna Ómarsdóttir son IBM 1401 - A User’s Manual de 2002, ici revisité avec un ajout au titre: (in memoriam).

Et on retrouve Good Boy d’Alain Buffard, interprété par Matthieu Doze [lire notre critique], ainsi que le Brésilien Wagner Schwartz, fameux interprète, en 2009, dans Des Témoins ordinaires de Rachid Ouramdane. Schwartz présente sa dernière création, La Bête, un solo interactif et participatif.

Avec Savušun de Sorour Darabi, également présenté à Montpellier Danse, avec Your teacher, please d’Ana Rita Teodoro, avec #Punk de Nora Chipaumire et beaucoup d’autres, les spectacles programmés dans Camping confronte ces moments historiques de la danse contemporaine au travail de chorégraphes qui sont en train de bousculer les esthétiques aujourd’hui. Buffard, Le Roy ou Ómarsdóttir ont su le faire il y a une, voire deux décennies. Camping 2018  interroge le potentiel de nouveaux chamboulements.

Thomas Hahn

Camping : programmation

Du 18 au 29 juin 2018

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