Biennale de danse du Val-de-Marne : « Soli.des » de Sébastien Laurent
Un danseur, une pianiste, un piano et un espace pour un splendide opus.
En résidence depuis 2016 à la Briqueterie et à l’atelier de Paris-Carolyn Carlson entre autres, Sébastien Laurent signe une pièce magnifique qu’il interprète avec la pianiste Claudine Simon.
Soli.des est une histoire d’équilibre, de rencontre, de plateau mouvant, d’instrument de musique démantelé et d’un piano d’où sortent des sonorités inaccoutumées.
La pièce débute avec l’apparition de mains qui frappent sur la mécanique et les marteaux d’un piano. Noir. Puis, de l’autre coté du plateau, apparaissent d’autres mains plus féminines posées sur des touches. Noir. Le piano à queue est enfin totalement visible, mais la jeune femme s’est installée sous l’instrument de musique et fait surgir des sons étranges et amplifiés en tapant ou en glissant sur les mécanismes.
Entre noir et lumière, Sébastien Laurent effectue des arrêts sur image sur un sol incliné immaculé blanc. On retrouve ici le photographe qu’il est aussi grâce à des positions très étudiées mettant en exergue sa musculation.
Les sons très originaux se poursuivent et la pianiste Claudine Simon rejoint le danseur pour un duo où elle devient une poupée de chiffon manipulée par les mouvements dansés du chorégraphe. Elle est gracieuse, il est très masculin et l’ensemble est d’une infinie pureté.
Cette fois-ci, c’est debout de l’autre coté du piano, que Claudine s’installe et fait glisser ses mains sur les cordes et tape délicatement sur différentes mécaniques afin d’en extraire une musique céleste et magnifique. S’élèvent un mélange de harpe et de batterie, de grincements et d’accords ingénieux alors que Sébastien extrait une très longue corde installée sous le plateau.
Puis, ils ôtent le pied du piano qui soutient le sol incliné qui se retrouve juste maintenu par son centre. Les deux interprètes se balancent et jouent à chercher un équilibre précaire qu’ils finissent par trouver une fois posés l’un sur l’autre. Bien belle image ! Mais la pièce ne se termine pas si vite car, le sourire aux lèvres, Sébastien se lance dans une sorte de twist qui fait mouvoir le plateau dans tous les sens alors que Claudine monte en douceur la mécanique vue en début du spectacle. Elle arrive ainsi à provoquer la verticalité du plancher alors qu’ils sont tous les deux à des coins opposés. La boucle est bouclée.
Galerie photo © Laurent Philippe
Il est parfois difficile de dépeindre une œuvre tant elle est empreinte de poésie, de sérénité et d’élégance grâce à des images très esthétiques, des expériences pleine de virtuosité, une interprétation absolument parfaite, un rythme et des lumières extrêmement bien étudiés.
Avec sa compagnie Moi Peau, Sébastien Laurent joue avec les mécanismes des objets et provoque des ruptures étonnantes entre le démantèlement du piano, la musique et la danse.
Ce ravissant mariage entre une pianiste et un danseur est un diamant qui scintille de mille feux.
Sophie Lesort
Soli.des : Conception, chorégraphie : Sébastien Laurent
Musique : Claudine Simon, Felix Mendelssohn
Interprétation : Claudine Simon et Sébastien Laurent
Environnement acousmatique : Éric Broitmann
Lumières : Frédéric Hocké, Xavier Libois
Scénographie : Frédéric Hocké , Violaine Decazenove
Costumes : Violaine Decazenove
Collaboration artistique : Pauline Simon
Le 24 mars au théâtre Les Sept Collines, à Tulle
La biennale de danse du Val-de-Marne jusqu’au 1er avril
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