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« Paquita » par le Ballet de l’Opéra de Paris

De la vraie Paquita, signée Joseph Mazilier (1797-1868), il ne restait rien. Ou presque. Les seules traces sont celles qu’avait importées Marius Petipa (1818-1910) à Saint-Petersbourg. Ce dernier avait de bonnes raisons de connaître ce ballet : son frère aîné, Lucien (1815-1898), avait dansé le rôle de Lucien d’Hervilly dans cette première version en 1846 avec la célèbre Carlotta Grisi  dans le rôle titre.

Le ballet est repris dès 1847 à Saint-Petersbourg puis à Moscou en 1848 par Marius mais, c’est en 1881 que ce dernier en donne une nouvele version au Bolchoï de Saint-Petersbourg avec Ekaterina Vazem et qu’il ajoute à cette occasion un « Grand Pas » qui, seul, va traverser le temps. Et ce grâce à la reprise de Paquita en 1904 à laquelle participent Anna Pavlova (Paquita),  ainsi Lioubov Egorova, Olga Preobrajenska et Tamara Karsavina, futures étoiles des Ballets russes, pour lesquelles on remonte le Pas de trois, restées à l’Ouest après la Révolution de 1917.

Galerie photo : Laurent Philippe

Deuxième chance : Pierre Lacotte, avant d’être le passionné des reconstitutions « vivantes » du répertoire que l’on connaît, est danseur à l’Opéra et  se forme auprès de « Carlotta Zambelli qui fut invitée à danser en 1901 et interpréta Paquita, que le chorégraphe lui fit lui-même travailler » mais suit aussi assidûment à l’extérieur, les cours de Lioubov Egorova,

Troisième heureux hasard : «  J’ai eu la chance de retrouver en Allemagne la mise en scène, la pantomime originale et une variation de Joseph Mazilier, notées et écrites de la main d’un maître de ballet de l’époque » raconte Pierre Lacotte, qui malgré tout, en réinvente une grande partie, car, comme il l’affirme «  Il y a deux manière de reconstituer. Celle de l’archéologue qui laisse en l’état les vestiges qu’il exhume et celle qui consite à redonner vie aux choses retrouvées. J’ai choisi la seconde ».

Galerie photo Laurent Philippe

Les rôles de Paquita, Lucien d’Hervilly et Iñigo étaient tenus respectivement par Hannah O’Neill, Mathias Heymann et Sébastien Bertaud.

On ne s’étendra pas sur Mathias Heymann, juste parfait pour le rôle. Élégant, impeccablement placé quelle que soit la virtuosité des variations, il campe avec justesse un jeune officier amoureux et sentimental. Musical, ses enchaînements sont sûrement conduits, ses tours brillants, ses retombées souples à souhait.

Hannah O’Neill, jeune Sujet de l’Opéra a assumé avec brio ce rôle d’Étoile. Agreste et spirituelle, elle s’amuse manifestement dans son personnage dont elle a la jeunesse et l’ingénuité. Tours filés, bas de jambe éloquent, batterie précise, ses fouettés et ses grands jetés ont soulevé l’enthousiasme, il faut dire qu’il n’y avait pas une once d’hésitation dans sa technique d’acier. Son charme et sa fraîcheur dans les Pas de deux font le reste.

Galerie photo Laurent Philippe

Sébastien Bertaud en gitan rancunier est à la hauteur, même si le rôle laisse un peu sur sa faim, car comportant plus de pantomime que de chorégraphie, après une première variation brillante.

Une petite déception néanmoins sur le Pas de trois, dominé largement par Germain Louvet (face à Juliette Hilaire et Fanny Gorse), que l’on retrouve avec plaisir au deuxième acte dans un pas de deux avec Marc Moreau.

Galerie photo Laurent Philippe (attention le Pas de trois est avec Ida Viikinkoski, Aubane Philbert et Germain Louvet)

Le Grand Pas, du deuxième acte est une parfaite démonstration du style Opéra de Paris, avec un corps de Ballet en grande forme et de jeunes élèves de l’école de danse qui font leurs premiers pas sur scène.

Cerise sur le gâteau, l’enthousiasme des jeunes musiciens de l’orchestre des lauréats du conservatoire, dirigés par Fayçal Karoui, qui ont réussi à faire de cette partition qui s’approche par moments de la musique de cirque, une œuvre pleine d’allant et du coup, assez réjouissante.

Agnès Izrine

6 mai 2015 Opéra Garnier

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Comments

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Représentation chaotique ce soir à Garnier : à la distribution  Alice Renavand et Florian Magnenet. 1er acte sans anicroche. Alice Renavand très piquante dans le rôle de Paquita, nous séduit par son aisance dans les scènes de pantomime. Quant à Florian Magnenet, il se montre totalement transparent. À tel point qu'au cours du 2 ème acte, on ne remarque pas tout de suite qu'il a disparu du paysage, remplacé sans crier gare par un nouveau Lucien d'Hervilly sorti de nulle part ! On met un peu de temps à comprendre ce qui se passe, mais au bout d'un moment il faut bien se rendre à l'évidence qu'il a été remplacé par sa doublure ! Renseignement pris en sortant, il s'agit de Jeremy Loup Quer (choyphee de son état). Il apparaît un peu chancelant au début, puis prend confiance en lui et termine par un manège de tours en l'air tout à fait honorable. Quant à Alice Renavand (perturbée par ce changement de partenaire ?), elle en rate sa descente de fouettés et s'y reprend à 3 fois !

Et c'est d'ailleurs à 3 qu'ils viendront saluer le public à la fin de la représentation. Et oui, même à l'opéra, "the show must go on".
 

Anne Alias

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