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« Avanti tutta » de Claudia Triozzi
« Avec Gianna Serra, les rencontres sont brévissimes ou bien elles durent trois jours et on se retrouve ensemble en Alaska », lit-on à son propos dans la Giannasphère italienne. Quand l'actrice et Miss Italia de 1963 rencontre sur le plateau Claudia Triozzi pour un talkshow « comme à la télé », l’interview-fleuve pourrait en effet durer trois jours, et il le fera probablement car programmé trois jours de suite, toujours aussi spontané qu’authentique car réalisé dans les conditions « du direct ».
Comme à la télé, sauf que... De manière un brin surréaliste, le retour sur une carrière de Cinéstar est traversé par la présence de l'imperturbable Antonio Lamonica, un faiseur de nœuds demi-marin, demi-circassien au regard menaçant et imperturbable.
De temps à autre, Triozzi se lève pour chanter un duo avec la soprano Elise Chauvin sur la musique du compositeur Michel Guillet. La petite pause musicale ne dément pas le principe médiatique, qui ne dément en rien l'univers des vedettes des écrans.
Troisième surprise de la cheffe: Dans une apparition aussi furtive que captivante, le mannequin Violetta Sanchez apporte une belle part de mystère, comme seule une danseuse étoile pourrait l'amener. Chacun(e) existe sur le plateau grâce à sa personnalité et à son métier, grâce à la parole, au silence, au mouvement ou au regard…
Dans « Avanti tutta… », Triozzi poursuit sur sa lancée du spectacle-collage où chaque personne apporte sa pierre à une composition libre dans laquelle se croisent des corps de métier et des corps humains à travers leurs prolongements que sont la voix, la vidéo ou l’aura.
Est-ce déjà la réinvention de la baraque foraine, dans une version performative et constructivist ? Si le titre complet, Avanti tutta / 30 ans dans un an et tant pis pour ceux qui sont fatigués n’a rien à envier aux aphorismes qui font titre chez Robyn Orlin, la danse est cette fois absente.
Mais comme Avanti tutta fait corps avec les performances précédentes, on est encore tout traversé par des présences chorégraphiques des récents modules de cette série comme Pour une thèse vivante, marqué par la présence d’un boucher et d’un tailleur de pierre ou Boomerang ou le retour à soi (http://dansercanalhistorique.com/2014/11/19/claudia-triozzi-boomerang-ou...).
Claudia Triozzi est parfaitement à l’aise dans cette série de performances artisanales dans tous les sens du terme, et personne n’y boude son plaisir, ni sur scène ni dans la salle. Ces mélanges et rencontres sont parfaitement divertissants et comme le feuilleton est engagé, et semble désormais porter le titre Pour une thèse vivante tel un générique, nous attendons la suite avec impatience.
Les Inaccoutumés 2014 se sont donc achevés comme il se doit, avec un spectacle qui porte profondément cet esprit de la découverte permanente.
Thomas Hahn
Ménagerie de Verre, Les Inaccoutumés, du 11 au 13 décembre 2014
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