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Soirée William Forsythe à la Scala de Milan

C’est avec une soirée entièrement dédiée à William Forsythe que se termine la Saison de ballet 2024/2025 du Théâtre alla Scala (la nouvelle Saison démarre traditionnellement le 7 décembre, jour de la Sant’Ambrogio, protecteur de Milan).

Un programme créé deux ans auparavant réunissant trois pièces,- Prologue, Blake Works I, The Barre Project -, sur la musique du compositeur anglais James Blake, repris aujourd’hui avec presque tous les danseurs de la création, et pour lequel Manuel Legris, alors directeur du Ballet, avait laissé toute latitude au chorégraphe. Celui-ci avait pu travailler avec les danseurs pendant plus d’un mois dans un climat de grande complicité et de liberté, exaltant leur désir de se surpasser.

Prologue, créé pour et avec les danseurs du Théâtre de la Scala, a mis en valeur leurs qualités spécifiques car le chorégraphe s’est souvenu que « les Italiens savent tourner, c’est pourquoi j’ai utilisé cette qualité dans la nouvelle pièce ». Les sept danseurs, pris dans un cône de lumière verticale au milieu de l’obscurité ambiante, revêtus d’un simple maillot noir, dansent sur les silences et les phrases musicales fragmentées de Lindisfarne I, le premier album de Blake. Les tours s’enchaînent, se diversifient et finissent avec des ports de bras au maximum de l’extension. Les pas, apparemment simples, exigent concentration et vélocité. Le ton général est désinvolte, plutôt joyeux. Tandis que la musique fragmentée de Blake continue, les danseurs sortent de scène et une séquence filmée de mains caressant une barre vient introduire la pièce suivante.

Crédit photo © Teatro alla Scala

The Barre Project, né et filmé durant la pandémie, a été réalisé par Forsythe depuis sa maison du Vermont via zoom avec le NYCB comme un hommage « aux légions de danseurs qui, s’appuyant sur n’importe quel meuble domestique, ont cherché à maintenir leur capacité professionnelle par des exercices à la barre exécutés à la maison »

Il se souvient du plaisir qu’il éprouvait alors à travailler sans échéance, sans calendrier à respecter : «Tout était très tranquille, on prenait son temps ». En revanche, les pas, eux, sont exécutés à une vitesse sidérale et la chorégraphie, où la notion d’épaulement devient centrale, s’apparente à une rigoureuse démonstration de la logique cinétique du ballet classique. Une première soliste entre en scène, effleure lentement la barre avant de se lancer dans une série de tours vertigineux accompagnés de ports de bras fluides. Elle est rejointe par d’autres danseurs qui, de solo en duo, de trio en quatuor, dialoguent tous avec la barre, intégrant des mouvements de voguing et de salsa dans une suite continue de tensions et de relâchements jusqu’au crescendo final ajouté spécialement pour cette version à la Scala.

Blake Works I, conçu pour le Ballet de l’Opéra de Paris en 2016 et qui clôture la soirée, prend une couleur légèrement différente quand les danseurs de la Scala s’en emparent. Il y a une complicité espiègle mêlée à la virtuosité enjouée qui rend tout naturel et laisse une impression de simplicité alors que les difficultés techniques abondent, notamment les jeux de jambes particulièrement complexes avec des changements de direction incessants.

Crédit Photo © Teatro alla Scala

Les séquences, parsemées de citations tirées du grand répertoire, – on peut y reconnaître la variation de L’Oiseau bleu de Marius Petipa ou encore Serenade de George Balanchine –, s’enchaînent dans une harmonieuse synchronie. Le vocabulaire de Forsythe s’enrichit aussi de pas appartenant au patinage artistique. Parmi les interprètes, même s’ils manifestent tous le pur plaisir de danser dans une dépense énergétique, qui atteint le public, il faut noter le soliste Navrin Turnbull et l’étoile Alicia Mariani, particulièrement « forsythiens » Toujours à partir de la tradition, Forsythe construit, modifie, amplifie et porte un regard neuf sur les mouvements conventionnels. Il nous restitue la merveilleuse ordonnance mathématique du ballet classique.

Sonia Schoonejans
Vu le 11 Novembre au Théâtre de la Scala - Milan

SERATA WILLIAM FORSYTHE
 / THE BLAKE WORKS

Prologue
Chorégraphie, scénographie et costumes  William Forsythe
Supervision chorégraphique Stefanie Arndt
Musique James Blake
Danseurs : Maria Celeste Losa, Martina Valentini, Domenico di Cristo, Navrin Turbull, Edward Cooper, Francesco Mascia, Said Ramos Ponce.
 
The Barre Project
Chorégraphie, scénographie et costumes William Forsythe
Supervision chorégraphique Stefanie Arndt
Musique James Blake
Danseurs : Nicoletta Manni, Maria Celeste Losa, Camilla Cerulli, Linda Giubelli, Marco Agostino, Christian Faggetti, Francesco Mascia, Gioacchino Starace
 
Blake Works I

Chorégraphie, scénographie et costumes  William Forsythe
Supervision chorégraphique  Stefanie Arndt
Musique James Blake
Danseurs : Martina Arduino, Alice Mariani, Linda Giubelli, Benedetta Montefiore, Martina Valentini, Timofej Andrijashenko, Christian Fagetti, Navrin Turnbull, Edward Cooper, Andrea Crescenzi, Eugenio Lepera, Francesco Mascia, Alessandro Paoloni, Said Ramos Ponce et le corps de ballet du Théâtre alla Scala.

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