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« Agwuas »: Les immersions de Marcela Santander Corvalán

L’imagination et les imaginaires étaient en fête, à la création d’une nouvelle œuvre scénique par Marcela Santander Corvalán, créée en collaboration avec Gérald Kurdian. Pour la chorégraphe d’origine chilienne, voilà une belle manière d’interroger notre rapport à l’eau sous ses formes les plus diverses. Pour le public, une façon de s’immerger dans les immersions, dans un espace partagé avec les performeuses. Bref, une proposition agréablement participative, pour s’élever au-dessus des flux du quotidien.

Dans notre interview précédant la création [notre interview], Marcela Santander Corvalán parle de « chorégraphie imaginaire ». Et on imagine. Avec Gérald Kurdian, elle performe une danse cérémoniale, « leur » danse des pêcheurs des îles chiliennes. Et les rues semblent se remplir d'une foule carnavalesque, face à une côte, un port, qui sait... Entre les gradins qui cernent la piste de danse tels les rivages entourent un plan d'eau, le duo en tenues fluo évoque processions, rythmes et musiques festives d'une communauté, entre folklore et culte.

Galerie photo © Makoto C.Ôkubo

Proches des gradins, trois îlots de sable. Plus tard, tout le monde va se lever pour y déposer des fleurs trouvées sur son siège. Et parfois Santander Corvalán glisse sa main dans un mystérieux liquide qui semble se transformer en poudre de perlimpinpin. Agwuas  est une fiesta sensorielle où l'imagination devient une performeuse à part entière, recevant un formidable soutien de la part des lumières drôlement irréelles, subtiles et poétiques de Leticia Skrycky, jusqu’à plonger l’espace entier dans une ambiance subaquatique.

On entend et on imagine les légendes du Chili et d'Arménie autour du rapport à l'eau, contées par Santander Corvalán et Kurdkian. 
Dans cette ambiance océanique, nous finissons nous aussi, toutes et tous, par nous transformer en pêcheurs en fête, tendance techno cette fois, surfant dans ces eaux imaginaires et sous une bannière soudainement hissée qui proclame l'ambivalence de son slogan: « Mouillons nous ». Sans hésiter un instant, la marée humaine inonde l’aire de jeu. Nos peurs, nous les avions enterrées sous les fleurs qui nous avaient incités à nous lever en plein spectacle. Nous les avions noyées dans les flots hypothétiques, grâce aux superpouvoirs de nos imaginaires individuels qui rencontraient les imaginaires collectifs des légendes : mythes du Chili qui fait face à la montée des océans, mythes de l'Arménie qui subit la sécheresse. Nos corps, eux, continuent à être composés d'eau à 60%, voire plus. Un peu moins, idéalement, après avoir mouillé sa chemise à la fin de Agwuas et surtout après le DJ set de la Mexicaine Pony Sirena Tropical qui prenait la suite, ce soir-là, à La Briqueterie.
 
Thomas Hahn
Festival Excentriques, le 26 septembre 2025

Chorégraphie et interprétation : Marcela Santander Corvalán
créé en collaboration avec et interprété par : Gérald Kurdian
Collaborations artistiques : Carolina Mendonça
Composition musicale : Gérald Arev Kurdian
Lumière et espace : Leticia Skrycky
Instruments à eau : Vica Pacheco
Costumes : Ann Weckx
Régie son : Jean-Louis Waflart
Régie lumière : Antoine Crochemor
Regard extérieur : Luara Raio

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