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« Pulse » au festival Kalypso : Interview de François Lamargot

Une course en avant, pour être le premier à tout prix : Pulse distille la société à venir. 

La nouvelle création de François Lamargot et sa Cie du Poisson/Buffle mêle hip hop, krump, danse-théâtre et danse contemporaine, ce qui est à l’image de ce jeune chorégraphe qui est passé par moult univers de la scène. Dans Pulse, une jeune génération exprime sa vision du monde. 

Danser Canal Historique : Fondateur de la Cie du Poisson/Buffle, vous semblez aimer les animaux… 

François Lamargot : C’est plutôt une question d’étoiles. Ma compagnie a existé depuis 2006 sous le nom de La XXe Tribu et a été rebaptisée en 2018 à l’occasion de la création de mon solo Reflets qui était assez particulier, entre danse-théâtre, hip hop, contemporain et vidéo. Le nouveau nom, Poisson/Buffle se compose tout simplement de mes signes astrologiques, occidental et oriental. Par ailleurs, mon père est astrologue. 

DCH : Quelle constellation est donc à l’origine de votre nouvelle pièce, Pulse 

François Lamargot : Pulse a vu le jour à Paris en 2020, sur commande par Nicole Chirpaz, fondatrice de l’Académie Internationale de la Danse, pour le Jeune Ballet Européen. J’ai été formé, entre autres, dans son école il y a vingt ans, en danse classique et hip hop. A l’origine, cette école était très portée sur la comédie musicale, mais elle forme aujourd’hui aussi plus de danseurs pour travailler dans les compagnies de danse. Elle a ouvert ce jeune ballet en 2012 et fait appel à des chorégraphes de tous styles pour des créations. Je sais par exemple que Claude Brumachon y a fait une reprise de pièce. Ceci pour dire que j’y ai donc travaillé avec de très jeunes interprètes, encore en formation. C’était une pièce très courte et le succès m’a donné envie de créer une version longue, mais avec moins de danseurs que les dix-huit du Jeune Ballet Européen. De cette distribution, j’ai retenu quatre interprètes et j’ai ajouté trois danseurs plus confirmés. Ils viennent d’horizons très divers, avec une prédominance hip hop et des ouvertures importantes vers le jeu théâtral ou la danse contemporaine. L’une des danseuses est par ailleurs aussi chanteuse et comédienne. 

DCH : Vous annoncez Pulse  comme une pièce portant un regard critique sur notre société, de plus en plus compétitive. De quelle manière ? 

François Lamargot : Quand Nicole Chirpaz m’a fait la commande d’une pièce, j’avais une semaine pour la créer, et je me suis tout de suite demandé comment j’allais pouvoir rentrer dans une thématique adéquate pour cette génération et qui résonnerait avec ce qu’ils vivent en tant que jeunes danseurs. Ils sont très tributaires d’une société basée sur la concurrence et la compétition. Et c’est encore plus vrai pour de jeunes danseurs. Je suis parti avec eux sur des exercices d’improvisation simples où par exemple quelqu’un passe devant l’autre, et quand ça s’accélère, ça crée forcément des situations de compétitions et d’urgence. Les interprètes se sont appropriés ces situations avec tellement de naturel que j’ai constaté que quelque chose y résonnait en eux. Nous sommes partis sur une pulse qui s’accélère où les corps deviennent de plus en plus frénétiques et j’ai gardé ce terme pour le titre de la pièce. 

DCH : Comment s’est déroulé la recherche pour la version que vous créez dans le cadre du Festival Kalypso ? 

François Lamargot : Je travaille beaucoup à partir d’improvisations, dansées ou jouées. Pour Pulse, nous avons aussi improvisé sur des débats, où on se coupe la parole et où tout le monde parle de plus en plus fort, de la même façon que les corps tentent de se départager par la force ou la ruse. J’ai invité la metteure en scène Maryse Poulhe que je connais depuis longtemps et pour laquelle j’ai joué dans la pièce Il est où Kader. Elle a animé des ateliers de théâtre pour les danseurs. Nous avons travaillé sur les profils psychologiques des personnages très variés, de l’humoristique à la violence. Et nous avons travaillé sur les gestuelles. L’un des danseurs est par exemple krumpeur, d’autres sont breakeurs. Un autre est plus contemporain. On passe donc par des énergies très différentes, en partant des identités chorégraphiques de chacun. Une création c’est toujours un 50:50 entre ce qu’apporte le chorégraphe et ce qu’apportent les danseurs. Nous avons aussi travaillé sur la pression du groupe et des corps qui naviguent comme des bancs de poissons. Et nous avons commencé nos journées par des ateliers de danse-contact puisque le contact joue un rôle primordial dans cette pièce. C’est dans ces parties que j’ai le plus dirigé les interprètes alors que dans l’ensemble, la pièce reflète ce qu’ils sont, intrinsèquement. 

Propos recueillis par Thomas Hahn

Création le 26 novembre, festival Kalypso, Théâtre la Nacelle, Aubergenville

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