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Chaillot : La saison !

Chaillot Théâtre national de la Danse ouvre grand ses portes pour une saison haute en couleurs, placée sous le signe du rassemblement.

Après quinze mois de pandémie qui nous ont tenus éloignés des salles de spectacle, Chaillot – Théâtre national de la Danse, nous promet une saison foisonnante, à la mesure de cette reprise qui nous est désormais permise grâce à la vaccination. Ce seront donc plus de 240 représentations pour 37 spectacles qui seront proposés au public en 2021/2022.

Cette saison, la dernière composée par Didier Deschamps, est placée sous le signe de l’art de la rencontre, et de la pluralité « qui dans le respect de l’autre et de sa différence, produit du lien social et ajoute au beau mot d’humanité l’accent d’un rêve nécessaire ».

Dans cette programmation très conséquente, il est possible de lire certains thèmes, certains motifs qui irriguent les spectacles à l’affiche. A commencer par une très forte mise en valeur des artistes féminines dont la pertinence et l’importance dans le paysage chorégraphique international n’est plus à démontrer. C’est le cas notamment de Lia Rodrigues, artiste associée plusieurs fois à Chaillot, à l'affiche dans le cadre du Portrait que lui consacrera le Festival d'Automne à Paris.

Le rapport entre danse et musique est un autre fil qui tisse cette saison, et en particulier, comme le soulignait d’ailleurs Rachid Ouramdane, présent au côté de Didier Deschamps lors de la conférence de presse l’annonçant, « la capacité qu’a le geste, l’image du corps en mouvement, de transformer la perception musicale. » Au moins six spectacles traitent de cet aspect. Qu’il s’agisse d’Ayelen Parolin, invitée pour la première fois à Chaillot, dont le travail, très organique et totalement débridé, s’accompagne de musiciennes qui occupent le plateau.

Jann Gallois, artiste associée, a également une formation de musicienne et la déploie dans sa dernière création, Ineffable (lire notre critique). C’est encore plus sensible chez Maud Le Pladec qui avec counting stars with you (Musiques Femmes) affirme les liens entre les deux arts dans un spectacle tout autant chorégraphique que musical (lire notre critique). On connaît déjà l’appétence d’Alban Richard qui aime à construire chacune de ses pièces en dialogue permanent avec le monde musical, lui empruntant son goût pour la structure et son raffinement dans l’écriture. Ce sera encore le cas avec 3 Works for 12, création à partir de trois œuvres de musique minimaliste.

La musique, portée par la voix de Barbara Hannigan,servira de lien à Mathilde Monnier dans Records, allusion à nos pochettes de vinyles. Sans oublier bien sûr, le programme Stravinsky du Malandain Ballet Biarritz avec Le Sacre du printemps et l’Oiseau de feu, ni la 5Biennale d’art flamenco, ou le spectacle « Bollywood » du Navdhara India Dance Theatre.

L’autre grande tendance 21/22 est sans doute de réfléchir, à travers des formes de processus internes ou de rituels collectifs, notre lien avec le monde, avec les autres ou l’environnement, c’est-à-dire les défis que posent notre époque à nos sociétés. Damien Jalet, qui ouvre la saison avec la création mondiale de Planet [wanderer] se situe à cet endroit, en vrai poète de la scène dont l’écosystème très singulier relie le corps de l’individu et son « âme » sont indissociables de son environnement.

Autre exemple, Marcos Mauro et La Veronal, qui développe une sorte de traversée « buñuelienne » dans Sonoma à travers une gestuelle très originale et virtuose (lire notre interview et notre critique). Dans un autre mode, le tandem Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours mettant en scène une humanité dansante dans un voyage pictural en faisant appel à la volonté de s’affranchir de toutes sortes de contraintes et de conditionnement social dans Nos désirs font désordre. Une thématique fort proche du Skopje Dance Theater de la chorégraphe Risima Risimkin, IDENTITIES – History of an extended dream se jouant des stéréotypes pour donner à voir une danse libre.

Thomas Lebrun s’apparente aussi, dans une certaine mesure, à ce type de démarches dans Mille et une danses (lire notre critique).

Angleterre, Norvège, Cuba, Australie complètent ce voyage chorégraphique avec de grands ballets, nécessaires à une écriture extrêmement contemporaine, notamment pour des chorégraphes qui n’ont pas forcément les moyens de réunir une grande troupe. Au menu, Israël et la Batsheva Dance Company avec le formidable Venezuela (lire notre critique), le Ballet de l’Opéra de Lyon avec un programme composé de deux pièces de William Forsythe et d’une de Fabrice Mazliah, la Sydney Dance Company de Rafael Bonachela, et, pour la première fois, la compagnie KOR’SIA qui nous fera découvrir une Giselle surprenante. 

Mais il s’agit également d’ouvrir à la frange du chorégraphique, de nouveaux territoires, de nouveaux champs esthétiques pour la danse. C’est typiquement le cas de Corps Extrêmes de Rachid Ouramdane, qui chorégraphie « dans les airs » mettant en pratique cette quête d’absolu avec une troupe d’acrobates et voltigeurs (lire notre critique), ou, dans une tout autre direction, du numérique, la danse-théâtre du futur, imaginée par Esteban Fourmi et Aoi Nakamura. Ou encore d’Etienne Rochefort, avec Bugging, un projet un peu fou qui réunit via les réseaux sociaux un spectacle et une série…

Enfin, le public sera convié à embrasser l’art chorégraphique à très grande échelle sur le parvis et dans le bâtiment, dès la rentrée avec Chaillot Expérience, une manifestation qui rassemblera dans tous les espaces acrobates, voltigeurs, chorégraphes, musiciens et funambules, à l’occasion du lancement de l’Olympiade culturelle des J.O. de Paris 2024 et pendant le week-end des Journées européennes du patrimoine, soit les 18 et 19 septembre prochains.

Agnès Izrine

Chaillot-Théâtre national de la Danse

Image de preview -  Caarte blanche Lia Rodriguez © Yaniv Cohen

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