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La Bayadère... en confinement !

Grâce à la plate-forme l'Opéra chez soi de l'Opéra national de Paris, on pouvait voir, dimanche 13 décembre en direct et pendant les 7 jours suivants, La Bayadère, et une nomination surprise, filmée au Palais Garnier et sans public (confinement oblige !)

Comme beaucoup d’entre nous auxquels les spectacles manquent, j’ai regardé La Bayadère sur le site l’opéra chez soi de l’Opéra de Paris. Si l’on exclut définitivement le fait que regarder la danse derrière un écran — et ce quel que soit sa taille — nous éloigne de toute émotion, l’expérience peut néanmoins se révéler profitable, ne serait-ce que pour continuer à profiter de spectacles chorégraphiques.

Que dire de cette Bayadère, grand ballet de Marius Petipa remonté par Rudolf Noureev peu avant son décès en 1992 ? Tout d’abord qu’il marque l’aboutissement du style Petipa, avec son goût pour l’adaptation du vocabulaire classique à toutes sortes de parfums exotiques. Ici, le ballet a pour décor une Inde entièrement réinventée, avec Grand Brahmane, éléphant de carton pâte, tigre en papier, et surtout des costumes signés Franca Squarciapino à faire pâlir d’envie n’importe quel grand couturier pour la richesse des soieries et des mousselines réhaussées d’or.
L’intrigue est une double triangulation amoureuse : Nikiya (La Bayadère) et Gamzatti aiment le Prince Solor. Le Grand Brahmane et le Prince Solor aiment Nikiya. Tout finit mal : Nikiya est tuée par la morsure d’un serpent dissimulé dans un panier, Gamzatti épouse Solor, mais leur union est maudite par Nikiya, Le Grand Brahmane, qui avait dévoilé la relation entre Nikiya et Solor en est pour ses frais, Nikiya refusant le contre-poison qu’il lui tend. Le troisième acte, un acte blanc grandiose, dans lequel toute « indianité » a disparu, et fait apparaître après la célèbre descente des Ombres, une à une sur le plateau, le fantôme de Nikiya, donnant lieu à un très beau pas de deux entre les deux protagonistes.
 

Pour cette retransmission internet, l’Opéra a choisi de présenter une triple distribution :
Au premier acte, Nikiya est dansée par Dorothée Gilbert, Solor par Germain Louvet, et Gamzatti par Léonore Baulac. Au deuxième, ce sont Amandine Albisson (Nikiya), Hugo Marchand (Solor) et Valentine Colasante (Gamzatti) qui prennent la relève. Enfin le dernier acte est assuré par Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann. Si l’on comprend bien les mobiles de l’Opéra de Paris pour faire danser le plus d’étoiles possibles en ces temps troublés par la Covid 19, il faut bien avouer que ça ne doit pas rendre la compréhension plus facile pour ceux qui n’ont jamais vu ce ballet. D’autant qu’à chaque entracte (de 20 minutes) il aurait été possible d’afficher un résumé du livret et la nouvelle distribution. Mais rien n’était inscrit sinon le temps restant avant la reprise du ballet.
La captation était plutôt bien filmée, sans erreur de prise de vue qui nous aurait privé de suivre un ensemble ou une variation, ce qui est en soi une belle performance. Par contre, la focale de la caméra semblait avoir du mal à faire le point dans les accélérations, notamment les solistes -- et particulièrement leurs jambes -- devenant flous !

Autre défaut lié à l’enregistrement de la représentation sans public : les saluts de fin de variation sans applaudissements ! Franchement, c’est triste (pour nous comme pour les danseurs, sans doute) et il aurait été plus judicieux de les supprimer pour l’occasion.
Quoi qu’il en soit, les différentes distributions s’en tirent avec les honneurs. Avec mention spéciale pour Dorothée Gilbert, Léonore Baulac et Mathias Heymann. Surtout pour le style. Bien sûr, les comparaisons sont toujours hasardeuses, mais là, l’Opéra nous tend la perche avec les trois castings !
Au chapitre des seconds rôles, on aura beaucoup apprécié le Fakir de Francesco Mura, vif et bondissant à souhait, et l’Esclave d’Audric Bezard. Et bien sûr, le pas de trois du troisième acte réunissant Sae Eun Park, Silvia Saint-Martin, et Hannah O’Neill, toutes trois absolument splendides dans leurs variations respectives

Enfin, l’Idole Dorée de Paul Marque était absolument parfaite pour son ballon et sa précision. D’ailleurs, et ce n’est pas un hasard, il a été le premier danseur étoile nommé en direct sur internet à l’issue de la représentation sur la proposition d’Aurélie Dupont, Directrice de la Danse, par Alexander Neef, Directeur de l’Opéra national de Paris. Et là, malgré l’écran interposé, l’émotion a surgi en ligne, grâce notamment aux applaudissements chaleureux de la totalité de la troupe, sur le plateau comme dans les coulisses après que le rideau a été baissé.
Agnès Izrine
Sur internet le 13 décembre 2020, et encore en diffusion pour sept jours ici  (payant)

 

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