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« Wrap » de Maria Chiara De’ Nobili

Présentée en clôture de la Biennale de danse de Venise, le spectacle de la chorégraphe italienne est une découverte.

Ouverte le 21 juin avec la remise du Lion d’or de la carrière à Alessandro Sciarroni, dont étaient programmés Your Girl, Augusto et une nouvelle création pour les danseurs du College Danza, la 13e Biennale de danse de Venise présidée par Marie Chouinard s’est close le 30 juin avec le duo Wrap de Maria Chiaria De’ Nobili, co-produit par la manifestation et lui aussi en première mondiale.

L’une des vertus de la Biennale, surtout lorsqu’elle est présidée par une chorégraphe ouverte à la diversité des écritures telle que Marie Chouinard, est de pouvoir permettre la rencontre avec de nouveaux talents. Et même si elle ne réussit pas totalement son pari de « questionner l’absurde », Maria Chiara De’ Nobili en est un puisque sa pièce, donnée dans la Salle d’Armes de l’Arsenal, a donné envie de suivre son évolution future.

Passée par le centre de danse de l’Aterballetto de Reggio Emilia puis par des stages en Israël (Gaga intensive summer de Naharin et Masa Dance Journey Program de la Kibbutz Contemporary Dance Company), cette jeune Napolitaine n’a que vingt-quatre ans. Mais elle a déjà à son actif une expérience de chorégraphe, attestée par trois premiers opus et consolidée par un master à l’école de la Palucca de Dresde. Nourri d’influences plastiques et stylistiques glanées un peu partout en Europe, son univers témoigne déjà d’une grande assurance.

Il en faut, en effet, pour installer sur un plateau quasi nu, hormis deux chaises, un homme et une femme chargés d’exprimer par leur seul corps la déconstruction entre la cause et les effets. Soit une suite de gestes désordonnés, de poses grotesques, de poursuites à quatre pattes à demi nus et de grimaces ridicules ou infantiles, ponctués de halètements, de cris ou de rires qui font craindre pendant toute la première demie heure du spectacle que l’auteur ne s’en tienne à ce catalogue un peu vain, et surtout déjà vu. Heureusement, à mi temps le ton change, à commencer par la musique qui, de sirupeuse et mélodique, devient électronique tendance destructurée.

Les rapports entre les deux protagonistes eux aussi se modifient, et le jeu du début se transforme en un équilibre des forces sans cesse remis en mouvement, plus sourdement violent qu’il n’y paraît. Entre obscurité et pleine lumière, intuition et raison, sensations et mécanique du corps, les forces contradictoires qui s’exercent tout du long de la pièce trouvent dans cette deuxième partie une subtile résolution.

De quoi penser, assurément, que la jeune artiste, si elle a besoin encore de mûrir son propos, sait surprendre et renverser la vision du spectateur. Affaire à suivre !

Vu à la Sala d’Armi de l’Arsenal le 29 juin 2019 à Venise.

Isabelle Calabre

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