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Brigitte Lefèvre sur la Croisette
Brigitte Lefèvre s’arrête (à l’Opéra de Paris), mais elle ne s’arrête pas (de travailler). La municipalité de Cannes lui confie les éditions 2015 et 2017 du Festival de danse. En effet, chaque directeur artistique est désormais appelé pour deux éditions. Il y a du rythme sur la Croisette ! Après le départ de Yorgos Loukos en 2009, qui avait dirigé le festival pendant vingt ans, c’est Frédéric Flamand qui a inauguré la formule et conçu les éditions 2011 et 2013 autour d’une réflexion sur les nouvelles mythologies, ce qui ne l’a pas empêché de remonter ses propres pièces fondatrices. Il devient par ailleurs artiste associé de Mons en Belgique, capitale culturelle européenne 2015.
Qu’attend-t-on donc à Cannes de celle qui reste, jusqu’à fin octobre 2014, la directrice de la danse de l’Opéra national de Paris? Du glamour, bien sûr car il n’y a pas que le cinéma dans la vi(ll)e. Le rayonnement est un facteur clé. La particularité du Festival de danse de Cannes est que la Direction de l’Événementiel du Palais des Festivals ne passe par aucun appel à projets et définit elle-même les orientations artistiques. Le concept du festival repose sur trois piliers, comme l’a expliqué Sophie Dupont, la directrice adjointe de l’Événementiel et coordinatrice générale du Festival de danse, au cours de l’édition 2013 à Danser Canal Historique:
- « D’abord, assurer la qualité des grands spectacles en soirée. » Un jeu d’enfant pour Brigitte Lefèvre et à Cannes, on se dit que sa forte personnalité attirera les plus grandes compagnies du monde. C’est certain, elle aura plus de facilité à faire venir le Bolchoï, John Neumeier ou Alexeï Ratmanksky, par exemple!
- « Ensuite, il s’agit de présenter les chorégraphes de l’avenir, déjà confirmés mais encore à découvrir, surtout en France. » Tels en cette année, Virgilio Sieni d’Italie et Sharon Friedman de Madrid. Où l’on attendrait, de la part de Brigitte Lefèvre, quelques regards sur l’univers du hip hop… ou quelques découvertes chorégraphiques en provenance de pays lointains.
- « Et finalement, identifier les chorégraphes émergents de la région qui sont présentés en après-midi, avec des extraits ou des travaux en cours. » Le vrai défi est là, l’édition 2013 l’a bien confirmé. Connaissance du terrain indispensable !
Mais les septuagénaires ont de l’énergie à revendre, il suffit de voir le dynamisme d’une Carolyn Carlson, d’une Germaine Acogny ou justement, de Brigitte Lefèvre ! Cependant la cadence choisie à Cannes a ceci de particulier qu’à l’annonce d’une nomination se pose déjà la question de la suivante, ici donc celle de l’après-Lefèvre. Il faudra de nouveau créer du nouveau, pour 2019 et 2021! Et le choix n’est pas énorme. Il faut une personnalité rayonnante, avec de bonnes antennes dans plusieurs univers de la danse. On peut songer à Virgilio Sieni, qui vient justement d’être nommé comme directeur du volet danse des deux prochaines éditions de la Biennale de Venise, et qui a su étonner cette année à Cannes avec De anima. Ou bien à Blanca Li, à Mourad Merzouki.
Thomas Hahn