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Seconde édition du Festival Trajectoires
Pendant neuf jours, du 19 au 27 janvier, le festival Trajectoires investira les lieux culturels de Nantes, Haute-Goulaine et Saint-Herblain, il se faufilera en toute liberté dans les musées, sur les places, les rues et les scènes.
« Pour sa deuxième édition, le festival conservera sa ligne forte : expérimenter des trajets obliques, goûter aux cheminements urbains et aux promenades artistiques, construire des ponts entre l’espace, le territoire et les formes esthétiques », explique Ambra Senatore, directrice du CCN de Nantes qui est à l’origine de ce projet.
Le spectateur pourra ainsi jongler entre la vingtaine de propositions dont trois créations et imaginer ses propres parcours chorégraphiques car il aura le choix entre le Centre Chorégraphique National de Nantes, le Lieu Unique, le centre de culture contemporaine de Nantes, le Théâtre ONYX - la scène conventionnée danse et arts du cirque, le TU Nantes, la scène jeune création et émergence, Le Grand T, le théâtre de Loire-Atlantique, le Stereolux, musiques actuelles et arts numériques, Musique et Danse en Loire-Atlantique et Angers Nantes Opéra.
Il est à noter qu’après de nombreuses réunions pour finir par un accord commun, chaque lieu a proposé sa programmation de danse dont il est producteur ou co-producteur, et qu’il intègre, chacun dans ses choix, au sein de son affiche. Exemple le théâtre Graslin qui, pour la première fois, programme officiellement de la danse contemporaine.
Tout au long de la semaine, les lieux partenaires recevront à tour de rôle des focus plus resserrés, des condensés de pièces et de sauts artistiques, et aussi des appels festifs qui seront soit des spectacles, des performances, des ateliers, des déambulations et des soirées ludiques… dont dix seront gratuits.
« Chaque journée sera pensée comme un mini-parcours afin de pratiquer en souplesse des grands écarts esthétiques, et, qui sait, vivre des avant-goûts chorégraphiques dans les files d’attente avec nos Pochettes surprises » poursuit Ambra.
La nuit venue, les soirées QG seront autant d’invitations à expérimenter en un même lieu avec plusieurs propositions successives comme un condensé nocturne de festival. Dans la forêt de formes de cette édition, il y aura des clashes de styles et d’époques. « Car la danse n’a t’elle pas besoin de se retourner sur son histoire ? » s’interroge la chorégraphe.
Trajectoires plongera aux sources américaines de la danse moderne et post-moderne avec BIPED et Beach Birds de Merce Cunningham reconstruits par Robert Swinston, directeur du CNDC d’Angers présenté au théâtre Graslin et quatre pièces de Lucinda Childs grande prêtresse du minimalisme, dont la nièce Ruth Childs ravive la modernité (au Lieu Unique).
Le Musée d’arts de Nantes opèrera un autre flash back : celui sur le mouvement si libre et singulier d’Isadora Duncan, croqué par le trait vif du dessinateur Jules Grandjouan.
Autres temps, autres générations avec une nouvelle vague de chorégraphes : Madeleine Fournier, offrira dans Labourer une étonnante variation autour du pas de bourrée (lire notre critique), Sofian Jouni opèrera, avec sa création Natures, un déplacement vers un format de conférence en mouvement, et Matthieu Coulon et Cécilia Emmenger s’envoleront carrément dans le cosmos pour Voyagers.
Quant à l’électrisante Lizbeth Gruwez, elle propagera sa folle énergie flamande dans The sea within, une pièce pour dix performeuses.
Pendant ces neuf jours, la danse se décadrera, explorera des espaces inattendus, hors scènes, mais pas hors-sol. Ainsi va le projet Dance-Park d’Olivia Grandville, à l'espace du LU remodelé entièrement comme un skate park, ou le Rituel pour une géographie sensible de Julie Nioche, performance invitant à la rencontre de soi et de l’autre.
Amala Dianor, se baladera de la magnifique coupole arts déco du siège de NGE (Deux si bell) jusqu’à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes (Pas seulement).
Bryan Campbell et Agnieszka Ryskiewic inventeront une traversée inédite du musée du Château des ducs de Bretagne avec des étudiants de tous bords, à l’initiative du TU-Nantes, scène jeune création et émergence.
Quant à Jean-Baptiste André, chorégraphe en résidence à la Maison des arts de Saint-Herblain pour Deal, il investira les places de Nantes avec A brûle-pourpoint.
Le Festival débordera aussi du cadre disciplinaire chorégraphique pour un vivifiant panorama de la création contemporaine. Anne-James Chaton et Valérie Giuga trancheront dans le vif avec leur Zoo trempé à la langue de George Orwell et au mouvement de Mary Wigman, la Cie 29x27 s’inspirera du cinéma pour son trio Un seul être, et Michel Schweizer donnera la parole à neuf adolescents dans Cheptel.
Même explosion des frontières disciplinaires avec Lawrence Malstaf, plasticien et performeur invité de Stereolux avec trois ouvrages qui mettront en scène le public avec des installations très originales et futuristes.
Et puis rien ne serait plus triste qu’un festival de danse sans invitation à se mettre en mouvement. En plus des ateliers et masterclass, Trajectoires engagera les corps, ceux des spectateurs et des amateurs : il y aura la Cabane à gestes de Julie Nioche, espace où ralentir et ressentir, et puis la grande vague humaine de Laurie Peschier-Pimont et Lauriane Houbey (Waving).
« Enfin, rappelons que dans le mot festival... il y a fête. Trajectoires s’ouvrira donc par une grande soirée dansante au Nouveau Studio Théâtre et se terminera au TU par le Tanz karaoké de Willi Dorner. Un appel à libérer les énergies festives est prévue lors d’une soirée de clôture à tue-tête et corps perdus », termine Ambra Senatore.
Cette nouvelle édition très éclectique et riche en évènement proposera soixante-trois représentations (dont certaines débuteront dès 11 h du matin) qui s’adresseront à tout public, petit et grand. Ainsi, tous les styles de danse et performances programmés dans tant de lieux de Nantes et des alentours ne pourront laisser indifférents les néophytes tout comme les amateurs de cet art en mouvement.
Sophie Lesort
Festival Trajectoires, du 19 au 27 janvier 2019
Image de preview : The Sea Within - Lizbeth Gruwez © Danny Willems
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