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Le festival Instances 2017
A Chalon-sur-Saône, le festival Instances présente, entre autres, les nouvelles créations de DeLaVallet Bidiefono et Fattoumi / Lamoureux
MONSTRES On ne danse pas pour rien - le titre de la nouvelle création de DeLaVallet Bidiefono pourrait être la devise générale de cette 15e édition du festival Instances, porté par Espace des Arts, Scène Nationale de Chalon-sur-Saône. La danse comme source de résilience, de rebondissement et de dépassement d’une condition, humaine ou sociale, politique ou physique.
Galerie photo © Christophe Pean
Semaine 1 : DeLaVallet Bidiéfono et Florent Nikiema
Si Instances ne connaît pas d’édition sans présence de chorégraphes du continent africain, l’édition 2017 leur offre une place toute particulière, notamment en ouverture de festival, le 16 novembre, avec DeLaVallet Bidiéfono, précédé du solo Kobéndé Eau trouble de et par Florent Nikiema, jeune chorégraphe burkinabé, formé à l’Ecole des Sable de Germaine et Patrick Acogny et bien sûr à l’école EDIT d’Irène Tassembedo à Ouagadougou.
Nikiema conçoit son solo (en première française) comme un cri profond face à la violence du monde et une transfiguration de nos désirs de créer un meilleur vivre-ensemble. Bidiéfono, lui, présente une création pour neuf danseurs (dont lui-même) et trois musiciens. Les décharges énergétiques, le dialogue entre danseurs et musiciens et le texte de Rébecca Chaillon évoquent le Congo, la violence politique et le désir ardent de construire un avenir meilleur. Entre les deux spectacles, le festival propose une rencontre avec les artistes.
Semaine 2 : Fana Tshabalala et Alexandre Roccoli / Yacine Aboulakoul
La seconde semaine d’Instances est de nouveau lancée sous le signe de l’Afrique, avec Man de. Dans ce solo, le Sud-Africain, interprète pour Michel Kelemenis autant que pour la troupe Moving into Dance Mophatong, aborde un sujet particulièrement sensible en Afrique du Sud, à savoir l’identité masculine et la violence qui habite les hommes, face aux femmes. En opposant à la décharge incontrôlée de testostérone une approche sensible de la masculinité, Man entend changer le regard des hommes sur eux-mêmes.
Et si le désir se portait sur la danse elle-même ? Le chorégraphe français Alexandre Roccoli met en scène le danseur Yacine Aboulakoul dans Hadra, un solo qui part des danses gnaoua avec leurs envolées de transe. Cette évocation de la spiritualité cherche également à dépasser la condition quotidienne des hommes, et Roccoli la met en rapport avec les cultures urbaines actuelles.
"Hadra" - Galerie photo © D.R
Transgressions et transfigurations
Avec tout ceci, le festival conçu par Philippe Buquet prouve en soi qu’on ne danse pas pour rien. Le dépassement d’une condition donnée est au cœur du solo Drugs kept me alive. Ce véritable tube, plein de sagesse, de malice et d’autodérision, écrit par Jan Fabre pour le performeur Antony Rizzi traite du rapport à la maladie et aux substances médicales et hallucinogènes
.Explorer les états limites, c’est aussi le propos dans les pièces présentées par Fattoumi Lamoureux et Tatiana Julien. Oscyl, la toute nouvelle création du couple qui dirige aujourd’hui le CCN de Belfort, joue sur une drôle d’ambivalence entre le vivant et l’inerte. Ces sculptures de taille presque humaine, évoquant le corps dans une abstraction très esthétique, établissent un jeu fascinant avec leur propre centre de gravité et les corps des danseurs, transfigurés par le contact avec cette altérité pleine de mystère et de légèreté. [lire notre critique]
Galerie photo Laurent Philippe
Et Tatiana Julien reprend La Mort & l’Extase, pièce pour dix danseurs et quinze amateurs qui construisent ensemble une fresque aux frontières de la matérialité du corps et de sa transfiguration, portée par le Stabat Mater de Vivaldi, interprété par le contre-ténor Rodrigo Ferreira. La Mort & l’Extase est la pièce qui a fondé la belle réputation de cette chorégraphe, artiste associée à l’Espace des Arts.
A savoir aussi que la soirée du 22 novembre (Alexandre Roccoli et Jan Fabre/Antony Rizzi) se déroule en partenariat avec Art Danse Bourgogne, offrant au public dijonnais une navette pour se rendre à Chalon-sur-Saône.
Thomas Hahn
Du 16 au 22 novembre 2017
Espace des Arts - Chalon-sur-Saône
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