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Instances, le bilan par Philippe Buquet

Danser Canal Historique : Le festival Instances 2014 s’est achevé sur la pièce très ambitieuse The Goldlandbergs d’Emanuel Gat, précédé par le solo Debout! de Raphaëlle Delaunay, accueilli avec beaucoup d’émotion par le public, et un premier jet, encore assez brouillon, de Stravinsky Motel de La BaZooKa, une compagnie coproduite par L’Espace des Arts, Scène Nationale de Chalon-sur-Saône dont vous êtes le directeur. On a vu aussi une toute petite forme de Nathalie Pernette, La Figure du Gisant, montrée dans le hall de l’Espace des Arts.

Philippe Buquet, directeur de l'Espace des Arts : J’ai toujours été partagé au sujet du mot de « festival », mais ce n’est pas moi qui décide. J’aurais plus envie de parler d’un « temps fort ». Ca correspondrait mieux à un événement qui s’insère dans une activité permanente et qui laisse la place aux performances, au travail en cours et qui s’entend comme un tremplin, même si la programmation inclut bien sûr des pièces et chorégraphes affirmés.

DCH : Vous donnez aux compagnies une possibilité de tester face au public leurs créations dans un stade encore embryonnaire. Que représentent les étapes de travail dans votre démarche ?

Ph. B. : Dans le passé, nous avons produit Joanne Saunier et actuellement nous accompagnons La BaZooKa. Il ne s’agit pas de juste signer un chèque. Nous sommes dans un vrai dialogue et nous nous occupons aussi de la diffusion. Je programme des spectacles en devenir pour donner aux artistes de meilleures possibilités de réfléchir à leur travail. Je ne cherche pas à coproduire des choses qui marchent toutes seules sur le marché, mais de vrais enjeux.

DCH : Une grande partie de la programmation, de Kitsou Dubois à Emanuel Gat, a thématisé l’écriture même du geste. Qu’est-ce qui vous fascine dans la danse?

Ph. B. : Je viens du théâtre. La danse évoque un autre endroit vital que le théâtre. La danse, c’est l’autre. Prenez les arts comme un corps. La danse serait alors un membre essentiel. En tant que spectateur de théâtre, j’avais pour ainsi dire fait travailler un seul membre de ce corps des arts. La danse est aujourd’hui dans une dynamique forte vis à vis du théâtre. Elle est inventive, elle questionne le théâtre et le corps des arts en général. Je veux être un acteur de ce processus. J’ai aimé par exemple le théâtre de Georges Lavaudant, qui a vu comment la danse pouvait interagir dans ses spectacles. Aujourd’hui danse et théâtre dialoguent de plus en plus, mais la danse n’a pas encore tout à fait la place qu’elle mérite, ni la légitimité et donc les moyens financiers.

DCH : Que représente Instances dans le contexte local et régional?

Ph. B. : Nous sommes sur un territoire assez modeste. Il n’y a pas d’enseignement supérieur à 40 km à la ronde. Il n’y a rien d’évident dans le fait d’avoir un festival de danse ici. Chaque année, son existence est à renégocier. C’est une situation très différente de Montpellier ou Lyon.

DCH : J’ai senti chez les spectateurs une grande fraîcheur, une soif, une curiosité très active.

Ph. B. : C’est un public qui n’a pas la prétention de savoir mieux que les artistes ce qui serait à faire sur un plateau. Pour les compagnies c’st comme une bouffée d’air frais, un espace de sérénité. La fragilité reste possible, contrairement à Avignon où la pression est extrême. Selon les retours qu’ils nous donnent, ce festival leur tient à cœur.

DCH : J’ai vu Pedro Garcia, le directeur de Chalon dans la rue, assister aux spectacles, et ce à plusieurs reprises. Instances n’est donc pas isolé à Chalon.

Ph. B. : Nous savons travailler ensemble. La version finale du spectacle de Nathalie Pernette sera créée dans le cadre de la prochaine édition de Chalon dans la rue.

Propos recueillis par Thomas Hahn

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