La nouvelle édition de Faits d'Hiver !
Faits d’Hiver 2025, le festival de l’hier contemporain et du bel aujourd’hui ! Avec 9 créations et recréations, 23 spectacles, 50 représentations dans 20 lieux différents, Faits d’Hiver est divers !
« Pour la première fois, remarque Christophe Martin, directeur de micadanses et de Faits d’Hiver, le festival s’enorgueillit d’une thématique ». Cette thématique, c’est celle de la mémoire ou plutôt de « l’hier contemporain » qui n’exclut pas le bel aujourd’hui pourrait-on ajouter. Car, il ne s’agit pas ici de se retourner vers le passé comme « les pleureurs » chez Dante (L’Enfer, chant XX), mais de regarder quelles graines ont germé et pourquoi. Donc créations, recréations, reprises, redécouvertes, hommages et revitalisations historiques sont au menu de cette magnifique 27e édition.
Tout lui est, dit-il, apparu, car trois chorégraphes émergentes sont venues lui parler de Carlotta Ikeda (1941-2014), personnalité mythique du butô venue s’installer en France, qui semble importante pour elles. Elles s’appellent notamment Maëva Lamolière (Looking for Carlotta) chercheuse en danse, pédagogue et chorégraphe, ou Yumi Fujitani, Naomi Mutoh et Natsuki (Hommage à Carlotta Ikeda) ces trois dernières étant des interprètes historiques de la chorégraphe, chacune d’entre elles dévoile une des multiples facettes de cette chorégraphe butô si singulière.
Le public pourra aussi découvrir une exposition Carlotta Ikeda : du Japon vers la France, du cabaret au butô à l’Espace Bertin Poirée, et Geisha Fontaine qui lui consacre un livre, Utt de la collection Chefs d’œuvre de la danse… De ce fait, une date du festival aura lieu à l’OARA à Bordeaux, ville où la chorégraphe s’était installée et une exposition lui sera consacrée.
Concours de circonstances ? Thomas Lebrun, dans 1998, propose de revoir ou découvrir des pièces phares de cette époque signées Bernard Glandier, Christine Bastin et une création 2024 de lui-même. Enfin, ce sont Raphaël Cottin et Aurélie Berland qui reviennent sur l’enseignement reçu de Christine Gérard et son incidence dans leur parcours. Le premier crée L’Éloge des possibles la danse de l’une glissant dans la danse de l’autre, ainsi nous pourrons voir Le Masque rouge, une chorégraphie de Gérard interprétée par Cottin lors de sa création, suivi d’une sorte de « fugue et invention » qui prolonge de ses différents rameaux la danse initiale. La seconde, reprend directement trois pièces signées Gérard : Nu perdu, La griffe, Automnales avec les interprètes d’aujourd’hui que sont Aurélie Berland, Carole Quettier, Anne Sophie Lancelin, Claire Malchrowicz.
Mais ce rapport entre mémoire et transmission, c’est aussi Josette Baïz qui transmet à ses aux enfants de son Groupe Grenade Ulysse de Jean-Claude Gallotta dont elle a été l’une des danseuses historiques, ou Emmanuel Eggermont qui présente About Love and Death, élégie pour Raimund Hoghe, dont il a été l’un des interprètes fétiches, qui remet ses pas dans les pas de son mentor pour créer une œuvre singulière [lire notre critique et notre entretien].
Ça peut être également la recréation totale par la Cie Mossoux-Bonté d’une pièce majeure de leur répertoire datant de 1990, Les nouvelles hallucinations de Cranach l’Ancien ou encore la reprise par Sylvie Pabiot de Mes Autres [lire notre critique], un très joli solo qui date de 2014, ou de Love Chapter 2 une œuvre marquante de 2017 signée Sharon Eyal [lire notre critique].
Mais c’est encore le souvenir de techniques qui échappent au temps, comme la danse jazz pour Carole Bordes (Giants) ou l’Ensemble chorégraphique du CNSMDP qui s’empare du Boléro de Ravel réveillé par l’écriture élégante d’Odile Duboc en 1996 ! Ou de Lotus Edde Khouri et Christophe Macé qui travaillent depuis plus de dix ans sur une technique chorégraphique singulière forgée à partir de la danse et la sculpture.
Et puis, comme toujours, il y a des surprises, des éléments qui débordent du cadre. C’est le cas d’une création autour de la technique et la mystique du tir à l’arc d’Elodie Sicard (Les Aspirants), de la création LE FAS-BE de Daniela Clementina de Lauri qui s’inspire de trois contes, français, iranien et italien pour poursuivre à travers eux sa recherche du mouvement et des affects, ou Perrine Valli qui se tourne vers les neurosciences pour expliquer les mécanismes du désir et de l’énergie sexuelle (Kantik).
Mais il ne faudrait pas oublier pour autant, les singularités des danses basques de Bilaka (iLaUNA), le corps de la Palestinienne Samaa Wakim confronté à la déflagration de la violence accompagnée par Samar Haddad King qui compose une bande originale en direct (Losing it), ou l’espace spirituel animé par le mouvement dansé inventé par Nathalie Pernette dans Wakan - un souffle…. Ou même d’une pièce hip-hop Solus Break de Tom Grand Mourel qui questionne l’identité dans un autoportrait dansé.
Agnès Izrine
Faits d’Hiver du 20 janvier au 15 février 2025
Image de preview : "Ulysse" - Jean-Claude Gallotta- Josette Baïz © Léo Ballani
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